Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 19,41-47.
En ce temps-là, Jésus approchait de Jérusalem et à la vue de la ville, il pleura sur elle en disant
"Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour ta paix ! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux.
Car vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part ;
ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée. "
Etant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient, leur disant : " Il est écrit : Ma maison est une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs. "
Et il enseignait chaque jour dans le temple.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 9, p 49 - CD 9, piste 18 -
Jésus passe son bras autour des épaules de sa Mère qui s'est levée quand Jean et Jacques d'Alphée l'ont rejointe pour lui dire: “Ton Fils arrive”, et puis ils sont revenus en arrière pour se réunir à leurs compagnons qui avancent lentement en parlant, alors que Thomas et André ont couru vers Bethphagé pour chercher l'ânesse et l'ânon et les amener à Jésus.
Jésus, pendant ce temps, parle aux femmes: “Nous voici près de la ville. Je vous conseille d'y aller et d'y aller en toute sûreté. Entrez dans la ville avant Moi. Près de En Rogel, se trouvent les bergers et les disciples les plus fidèles. Ils ont l'ordre de vous accompagner et de vous protéger.”
“C'est que… Nous avons parlé avec Aser de Nazareth et Abel de Bethléem de Galilée et aussi avec Salomon. Ils étaient venus jusqu'ici pour guetter ton arrivée. La foule prépare une grande fête. Et on voulait voir… Tu vois comme remue le haut des oliviers? Ce n'est pas le vent qui les agite ainsi. Mais ce sont des gens qui coupent des branches pour en joncher le chemin et t'abriter du soleil. Et là-bas?! Regarde, ils sont en train de dépouiller les palmiers de leurs éventails. On dirait des grappes et ce sont des hommes grimpés sur les fûts qui n'en finissent pas de cueillir… Et sur les pentes tu vois des enfants qui se baissent pour cueillir des fleurs. Et certainement les femmes dépouillent les jardins des fleurs et des plantes odorantes pour en joncher le chemin. Nous voulions voir… et imiter le geste de Marie de Lazare qui recueillit toutes les fleurs foulées par ton pied quand tu es entré dans le jardin de Lazare” demande Marie de Cléophas au nom de toutes.
Jésus caresse sur la joue sa vieille parente qui semble une enfant désireuse de voir un spectacle, et il lui dit: “Dans la grande foule, tu ne verrais rien. Allez en avant, à la maison de Lazare, celle qui a Mathias comme gardien. Je passerai par là, et vous me verrez d'en haut.”
“Mon Fils… et tu vas seul? Je ne puis rester près de Toi?” dit Marie en levant son visage si triste et en fixant ses yeux de ciel sur son doux Fils.
“Je voudrais te prier de rester cachée. Comme la colombe dans le creux du rocher. Plus que ta présence, ta prière m'est nécessaire, Maman aimée!”
“Si c'est ainsi, mon Fils, nous prierons, toutes, pour Toi.”
“Oui. Après l'avoir vu passer, vous viendrez avec nous dans mon palais de Sion. Et j'enverrai des serviteurs au Temple et toujours à la suite du Maître pour qu'ils nous apportent ses ordres et ses nouvelles” décide Marie de Lazare toujours rapide pour saisir ce qu'il y a de mieux à faire et pour le faire sans retard.
“Tu as raison, ma sœur. Bien qu'il me peine de ne pas le suivre, je comprends le bien fondé de cet ordre. Et du reste Lazare nous a dit de ne contredire le Maître en rien, et de Lui obéir même dans les plus petits détails. Et nous le ferons.”
“Et alors, allez. Vous voyez? Les routes s'animent. Les apôtres vont me rejoindre. Allez. La paix soit avec vous. Je vous ferai venir aux heures que je jugerai bonnes. Maman, adieu. Sois en paix. Dieu est avec nous.” Il l'embrasse et la congédie. Et les disciples obéissantes s'en vont sans tarder.
Les dix apôtres rejoignent Jésus: “Tu les as envoyées en avant?”
“Oui. Elles verront mon entrée d'une maison.”
“De quelle maison?” demande Judas de Kériot.
“Eh! elles sont désormais si nombreuses les maisons amies!” dit Philippe.
“Pas chez Annalia?” insiste l'Iscariote.
Jésus répond négativement et se met en chemin vers Bethphagé qui est peu éloignée.
Il en est tout proche quand reviennent les deux qu'il a envoyés prendre l'ânesse et l'ânon. Ils crient: “Nous avons trouvé comme tu l'as dit, et nous t'aurions amené les animaux. Mais leur maître a voulu les étriller et les orner des meilleurs harnachements pour te faire honneur. Et les disciples, unis à ceux qui ont passé la nuit dans les rues de Béthanie pour t'honorer, veulent avoir l'honneur de te les conduire, et nous avons consenti. Il nous a paru que leur amour méritait une récompense.”
“Vous avez bien fait. Avançons, en attendant.”
“Sont-ils nombreux les disciples?” demande Barthélemy.
“Oh! une multitude. On n'arrive pas à passer par les rues de Bethphagé. Aussi j'ai dit à Isaac de conduire l'âne chez Cléonte, le fromager” répond Thomas.
“Tu as bien fait. Allons jusqu'à cet escarpement des collines, et attendons un peu à l'ombre de ces arbres.”
Ils vont à l'endroit indiqué par Jésus.
“Mais nous nous éloignons! Tu dépasses Bethphagé en la contournant par derrière!” s'écrie l'Iscariote.
“Et si je veux le faire, qui peut m'en empêcher? Suis-je peut-être déjà prisonnier, pour qu'il ne me soit pas permis d'aller où je veux? Et est-on pressé que je le sois et craint-on que je puisse échapper à la capture? Et si j'estimais juste de m'éloigner pour des lieux plus sûrs, y a-t-il quelqu'un qui pourrait m'en empêcher?” Jésus darde son regard sur le Traître qui ne parle plus et hausse les épaules, comme pour dire: “Fais ce que bon te semble.”
Ils tournent en effet en arrière du petit village, je dirais un faubourg de la ville elle-même car, du côté ouest, il est vraiment peu éloigné de la ville, faisant déjà partie des pentes de l'Oliveraie qui couronne Jérusalem du côté oriental. En bas, entre les pentes et la ville, le Cédron brille au soleil d'avril.
Jésus s'assoit dans cette silencieuse verdure et se concentre dans ses pensées. Puis il se lève et va réellement sur la cime de l'escarpement.
Jésus me dit: “Ici tu mettras la vision du 31 Juillet 1944: Jésus qui pleure sur Jérusalem, à partir de la phrase que je t'ai dite pour commencer la vision.” Et ensuite, il recommence à me montrer les phases de son entrée triomphale.
30 Juillet.
Je ne sais comment faire pour décrire, car je ressens au cœur un tel malaise que j'ai peine à rester assise. Mais il y a si longtemps que c'est ainsi. Je dois écrire ce que je vois.
Pour moi s'éclaire l'Évangile d'aujourd'hui: 9ème dimanche après la Pentecôte.
D'un coteau près de Jérusalem, Jésus regarde la ville qui s'étend à ses pieds.
Le coteau n'est pas très haut. Au maximum comme peut l'être la petite place S. Miniato du mont, à Florence; mais cela suffit pour que l'œil domine l'étendue de toutes les maisons et des rues qui montent et descendent sur les petits accidents de terrain sur lesquels se trouve Jérusalem. Cette colline est certainement bien plus haute, si on prend le niveau le plus bas de la ville, que ne l'est le Calvaire, mais elle est plus proche de l'enceinte que ce dernier. Elle commence exactement tout près des murs et s'élève rapidement en s'éloignant de ceux-ci, alors que de l'autre côté elle descend mollement vers une campagne toute verte qui s'étend vers l'est, vers l'orient si j'en juge du moins par la lumière solaire.
Jésus et les siens sont sous un bosquet, à l'ombre, assis. Ils se reposent du chemin parcouru. Puis Jésus se lève, quitte l'endroit boisé où ils étaient assis et s'en va tout à fait au sommet du coteau.
Sa haute personne se détache nettement dans l'espace vide qui l'entoure. Il paraît encore plus grand ainsi, debout, et seul. Il tient les mains serrées sur sa poitrine, sur son manteau bleu, et regarde extrêmement sérieux.
Les apôtres l'observent, mais ils le laissent faire sans bouger ni parler. Ils doivent penser qu'il s'est éloigné pour prier.
Mais Jésus ne prie pas. Après avoir longuement regardé la ville en tous ses quartiers, en toutes ses élévations, en toutes ses particularités, parfois avec de longs regards sur tel ou tel point, parfois en insistant moins, Jésus se met à pleurer sans sanglots ni bruit.
Les larmes gonflent ses yeux, puis coulent et roulent sur ses joues et tombent par terre… des larmes silencieuses et tellement tristes, comme celles de quelqu'un qui sait qu'il doit pleurer, seul, sans espérer de réconfort ni de compréhension de personne. À cause d'une douleur qui ne peut être annulée et qui doit être soufferte absolument.
Le frère de Jean, à cause de sa position, est le premier à voir ces pleurs et il le dit aux autres qui se regardent entre eux, étonnés.
“Personne de nous n'a fait de mal” dit quelqu'un, et un autre: “La foule aussi ne nous a pas insultés. Il ne s'y trouve personne qui Lui soit ennemi.”
“Pourquoi pleure-t-il alors?” demande le plus âgé de tous.
Pierre et Jean se lèvent ensemble et s'approchent du Maître. Ils pensent que l'unique chose à faire c'est de Lui faire sentir qu'ils l'aiment et de Lui demander ce qu'il a.
“Maître, tu pleures?” dit Jean en mettant sa tête blonde sur l'épaule de Jésus, qui le dépasse de la tête et du cou.
Et Pierre, en Lui mettant une main à la taille, en l'entourant presque d'un embrassement pour l'attirer à lui, Lui dit: “Quelque chose te fait souffrir, Jésus? Dis-le à nous qui t'aimons.”
Jésus appuie sa joue sur la tête blonde de Jean et, desserrant ses bras, il passe à son tour son bras autour de l'épaule de Pierre. Ils restent ainsi embrassés tous les trois, dans une pose si affectueuse. Mais les larmes continuent de couler.
Jean, qui les sent tomber dans ses cheveux, recommence à Lui demander: “Pourquoi pleures-tu, mon Maître? Peut-être que de nous il te vient de la peine?”
Les autres apôtres se sont réunis au groupe affectueux et attendent anxieusement une réponse.
“Non” dit Jésus. “Pas de vous. Vous êtes pour Moi des amis et l'amitié, quand elle est sincère, est baume et sourire, jamais larme. Je voudrais que vous restiez toujours mes amis. Même maintenant que nous allons entrer dans la corruption qui fermente et qui corrompt celui qui n'a pas une volonté décidée de rester honnête.”
“Où allons-nous, Maître? Pas à Jérusalem? La foule t'a déjà salué joyeusement. Veux-tu la décevoir? Allons-nous peut-être en Samarie pour quelque prodige? Justement maintenant que la Pâque est proche?”
Les questions viennent en même temps de différents côtés.
Jésus lève la main pour imposer le silence et puis, de sa main droite, il montre la ville. Un geste large comme celui du semeur qui jette son grain devant lui et il dit: “Elle est la Corruption. Nous entrons dans Jérusalem. Nous y entrons. Et seul le Très-Haut sait comment je voudrais la sanctifier en y amenant la Sainteté qui vient des Cieux. La resanctifier, cette ville qui devrait être la Cité Sainte. Mais je ne pourrai rien lui faire. Corrompue elle est, et corrompue elle reste. Et les fleuves de sainteté qui coulent du Temple vivant, et qui couleront encore davantage dans peu de jours jusqu'à le vider de la vie, ne suffiront pas pour la racheter. Ils viendront au Saint la Samarie et le monde païen. Sur les temples mensongers s'élèveront les temples du vrai Dieu. Les cœurs des gentils adoreront le Christ. Mais ce peuple, cette ville sera toujours pour Lui une ennemie et sa haine l'amènera au plus grand péché. Cela doit arriver. Mais malheur à ceux qui seront les instruments de ce crime. Malheur!…”
Jésus regarde fixement Judas qui est presque en face de Lui.
“Cela ne nous arrivera jamais. Nous sommes tes apôtres et nous croyons en Toi, prêts à mourir pour Toi.” Judas ment effrontément et soutient sans embarras le regard de Jésus.
Les autres unissent leurs protestations.
Jésus répond à tous pour éviter de répondre directement à Judas.
“Veuille le Ciel que vous soyez tels, mais vous avez encore beaucoup de faiblesse en vous et la tentation pourrait vous rendre semblables à ceux qui me haïssent. Priez beaucoup et veillez beaucoup sur vous. Satan sait qu'il va être vaincu et il veut se venger en vous arrachant à Moi. Satan est autour de nous tous: de Moi, pour m'empêcher de faire la volonté du Père et d'accomplir ma mission; de vous, pour faire de vous ses serviteurs. Veillez. Dans ces murs Satan prendra celui qui ne saura pas être fort. Celui pour lequel cela aura été une malédiction d'être choisi parce qu'il a donné à ce choix un but humain. Je vous ai choisis pour le Royaume des Cieux et non pour celui du monde. Souvenez-vous-en.
Et toi, cité qui veux ta ruine et sur qui je pleure, sache que ton Christ prie pour ta rédemption. Oh! si au moins en cette heure qui te reste tu savais venir à Celui qui serait ta paix! Si au moins tu comprenais à cette heure l'Amour qui passe au milieu de toi et si tu te dépouillais de la haine qui te rend aveugle et folle, cruelle pour toi-même et pour ton bien! Mais un jour viendra où tu te rappelleras cette heure! Trop tard alors pour pleurer et te repentir! L'Amour sera passé et sera disparu de tes routes et il restera la Haine que tu as préférée. Et la haine se tournera vers toi, vers tes enfants. Car on a ce qu'on a voulu, et la haine se paie par la haine.
Et ce ne sera pas alors la haine des forts contre le désarmé. Mais ce sera haine contre haine, et donc guerre et mort. Entourée de tranchées et de gens armés, tu souffriras avant d'être détruite et tu verras tomber tes fils tués par les armes et par la faim, et les survivants être prisonniers et méprisés, et tu demanderas miséricorde, et tu ne la trouveras plus parce que tu n'as pas voulu connaître ton Salut.
Je pleure, amis, car j'ai un cœur d'homme et les ruines de la patrie m'arrachent des larmes. Mais que ce qui est juste s'accomplisse puisque dans ces murs la corruption dépasse toute limite et attire le châtiment de Dieu. Malheur aux citoyens qui sont la cause du mal de leur patrie! Malheur aux chefs qui en sont la principale cause! Malheur à ceux qui devraient être saints pour amener les autres à être honnêtes, et qui au contraire profanent la Maison de leur ministère et eux-mêmes! Venez. À rien ne servira mon action. Mais faisons en sorte que la Lumière brille encore une fois au milieu des Ténèbres!”
Et Jésus descend suivi des siens. Il s'en va rapidement par le chemin, le visage sérieux et je dirais presque renfrogné. Il ne parle plus. Il entre dans une maisonnette au pied de la colline et je ne vois pas autre chose.
Jésus dit:
“La scène racontée par Lue paraît sans liaison, pour ainsi dire illogique. Je déplore les malheurs d'une ville coupable et je ne sais pas compatir aux habitudes de cette ville?
Non. Je ne sais pas, je ne puis les compatir, puisque même ce sont justement ces habitudes qui engendrent les malheurs, et de les voir rend plus aiguë ma douleur. Ma colère contre les profanateurs du Temple est la conséquence logique de ma méditation sur les malheurs prochains de Jérusalem.
Ce sont toujours les profanations du culte de Dieu, de la Loi de Dieu, qui provoquent les châtiments du Ciel. En faisant de la Maison de Dieu une caverne de voleurs, ces prêtres indignes et ces indignes croyants (de nom seulement) attiraient sur tout le peuple malédiction et mort- Inutile de donner tel ou tel nom au mal qui fait souffrir un peuple. Cherchez le nom exact en ceci: "Punition d'une vie de brutes". Dieu se retire et le Mal s'avance. Voilà le fruit d'une vie nationale indigne du nom de chrétienne.
Comme alors, maintenant aussi, dans cette partie de siècle, je n'ai pas manqué par des prodiges de secouer et de rappeler. Mais comme alors, je n'ai attiré sur Moi et mes instruments que moquerie, indifférence et haine. Pourtant que les particuliers et les nations se souviennent que c'est inutilement qu'ils pleurent quand auparavant ils ne veulent reconnaître leur salut. Inutilement qu'ils m'invoquent quand à l'heure où j'étais avec eux ils m'ont chassé par une guerre sacrilège qui en partant de consciences particulières, vouées au Mal, s'est répandue dans toute la Nation. Les Patries ne se sauvent pas tant par les armes que par une forme de vie qui attire les protections du Ciel.
Repose, petit Jean, et fais en sorte d'être toujours fidèle au choix que j'ai fait de toi.
Va en paix.”
Quelle fatigue! Je n'en peux vraiment plus…
Jésus a à peine le temps d'entrer dans la maison pour en bénir les habitants que l'on entend une gaie sonnerie de grelots et des voix en fête. Et tout de suite après, le visage émacié et pâle d'Isaac apparaît dans l'ouverture de la porte et le fidèle berger entre et se prosterne devant son Seigneur Jésus.
Dans l'encadrement de la porte grande ouverte se pressent de nombreux visages et en arrière on en voit d'autres… On se bouscule, on se presse, on veut s'avancer… Quelques cris de femmes, quelques pleurs d'enfants pris au milieu de la cohue, et des salutations, des cris joyeux: “Heureux jour qui te ramène à nous! La paix à Toi, Seigneur! C'est un heureux retour, ô Maître, pour récompenser notre fidélité.”
Jésus se lève et fait signe qu'il va parler. Tout le monde se tait, et on entend nettement la voix de Jésus.
“Paix à vous! Ne vous entassez pas. Maintenant nous allons monter ensemble au Temple. Je suis venu pour être avec vous. Paix! Paix! Ne vous faites pas de mal. Faites place, mes aimés! Laissez-moi sortir et suivez-moi, pour que nous entrions ensemble dans la Cité Sainte.”
Les gens obéissent tant bien que mal, et font un peu de place, assez pour que Jésus puisse sortir et monter sur l'ânon. Car Jésus indique le poulain jamais monté jusqu'alors comme sa monture. Alors de riches pèlerins, qui se pressent dans la foule, étendent sur la croupe de l'ânon leurs somptueux manteaux et quelqu'un met un genou à terre et l'autre à servir de marchepied au Seigneur qui s'assoit sur l'ânon, et le voyage commence. Pierre marche à côté du Maître et de l'autre côté Isaac tient la bride de la bête qui n'est pas entraînée, et qui pourtant marche tranquillement comme si elle était habituée à cet office sans s'emballer ou s'effrayer des fleurs qui, jetées comme elles le sont vers Jésus, frappent souvent les yeux et le museau de la bête, ni des branches d'olivier et des feuilles de palmiers agitées devant et autour de lui, jetées par terre pour servir de tapis avec des fleurs, ni des cris de plus en plus forts: “Hosanna, Fils de David!” qui montent vers le ciel serein pendant que la foule se tasse de plus en plus et grossit à cause des nouveaux venus.
Passer par Bethphagé, par les rues étroites et contournées, n'est pas chose facile et les mères doivent prendre les enfants dans leurs bras, et les hommes protéger les femmes de coups trop violents, et il arrive qu'un père place son fils sur ses épaules à califourchon et le porte élevé au-dessus de la foule alors que les voix des petits semblent des bêlements d'agneaux ou des cris d'hirondelles et que leurs menottes jettent des fleurs et des feuilles d'oliviers que leurs mères leur présentent, et envoient aussi des baisers au doux Jésus…
Une fois sorti des rues étroites de la petite bourgade, le cortège se range et se déploie, et de nombreux volontaires s'en vont en avant pour prendre la tête et désencombrer le chemin, et d'autres les suivent en jonchant le sol de branches et quelqu'un, le premier, jette son manteau pour servir de tapis, et un autre, et quatre, et dix, et cent, et mille, l'imitent. Le chemin a en son milieu une bande multicolore de vêtements étendus sur le sol, et après le passage de Jésus ils sont repris et portés plus en avant, avec d'autres, avec d'autres, et toujours des fleurs, des branchages, des feuilles de palmiers s'agitent ou sont jetés par terre, et des cris plus forts s'élèvent tout autour en l'honneur du Roi d'Israël, à l'adresse du Fils de David, de son Royaume!
Les soldats de garde à la porte sortent pour voir ce qui arrive. Mais ce n'est pas une sédition et, appuyés sur leurs lances, ils se rangent de côté pour observer, étonnés ou ironiques, le cortège étrange de ce Roi assis sur un ânon, beau comme un dieu, simple comme le plus pauvre des hommes, doux, bénissant… entouré de femmes et d'enfants et d'hommes désarmés criant: “Paix! Paix!”, de ce Roi qui, avant d'entrer dans la ville, s'arrête un moment à la hauteur des tombeaux des lépreux de Hinnon et de Siloan (je crois bien parler de ces lieux où j'ai vu d'autres fois des miracles de lépreux) et s'appuyant sur l'unique étrier sur lequel il appuie son pied, puisqu'il est assis sur l'âne et non à cheval, il se lève et ouvre les bras en criant dans la direction de ces pentes horribles, où des visages et des corps effrayants se montrent en regardant vers Jésus et élèvent le cri lamentable des lépreux: “Nous sommes infectés!”, pour écarter des imprudents qui pour bien voir Jésus monteraient aussi sur les terrasses contaminées: “Que celui qui a foi invoque mon Nom et ait la santé grâce à cela!” et il les bénit en reprenant sa route et en ordonnant à Judas de Kériot: “Tu achèteras de la nourriture pour les lépreux et avec Simon tu la leur porteras avant le soir.”
Le cortège entre sous la voûte de la Porte de Siloan et puis comme un torrent se déverse dans la ville en passant par le faubourg d'Ophel - où chaque terrasse est devenue une petite place aérienne remplie de gens qui crient des hosannas, jettent des fleurs et renversent des parfums en bas, sur la route, en essayant de les jeter sur le Maître, et l'air est saturé par l'odeur des fleurs qui meurent sous les pas de la foule et des essences qui se répandent dans l'air avant de tomber dans la poussière de la route - le cri de la foule semble augmenter et se renforcer comme si chacun criait dans un porte-voix, car les nombreux archivoltes dont Jérusalem est remplie l'amplifient ne cessant pas de le faire résonner.
J'entends crier, et je crois que cela veut dire ce que disent les évangélistes: “Scialem, Scialem melchil!” (ou malchit: je m'efforce à rendre le son des paroles, mais il est difficile car elles ont des aspirations que nous n'avons pas). C'est un bruit continu, semblable à celui d'une mer en tempête dans laquelle n'est pas encore tombé le bruit de la lame qui fouette la plage et les écueils, qu'une autre lame ramasse et relève en un nouveau claquement sans jamais s'arrêter. J'en suis assourdie!
Parfums, odeurs, cris, des branches et des vêtements qui s'agitent, couleurs… C'est une vision étourdissante.
Je vois la foule qui n'en finit pas de se mélanger, des visages connus qui apparaissent et disparaissent: tous les disciples de tous les coins de la Palestine, tous ceux qui suivent Jésus… Je vois pendant un instant Jaïre, je vois Jaia l'adolescent de Pella (me semble-t-il) qui était aveugle avec sa mère et que Jésus guérit, je vois Joachim de Bozra et ce paysan de la plaine de Saron avec ses frères, je vois le vieux et solitaire Mathias de cet endroit près du Jourdain (rive orientale) auprès duquel Jésus se réfugia alors que tout était inondé, je vois Zachée avec ses amis convertis, je vois le vieux Jean de Nobé avec presque tous ses concitoyens, je vois le mari de Sara de Jutta… Mais qui peut retenir ces visages et ces noms si c'est un kaléidoscope de visages connus et inconnus, vus plusieurs fois ou une seule?… Voici maintenant le visage du pastoureau pris à Ennon. Et près de lui le disciple de Corozaïn qui quitta la sépulture de son père pour suivre Jésus; et tout près, pour un instant, le père et la mère de Benjamin de Capharnaüm avec leur jeune fils qui manque de tomber sous les pieds de l'ânon en se jetant en avant pour recevoir une caresse de Jésus. Et - malheureusement - des visages de pharisiens et de scribes, livides de colère à cause de ce triomphe, qui, arrogants, fendent le cercle d'amour qui se serre autour de Jésus, et Lui crient: “Fais taire ces fous! Rappelle-les à la raison! Ce n'est qu'à Dieu que l'on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire!”
A quoi Jésus répond doucement: “Même si je leur disais de se taire et qu'ils m'obéissent, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu.”
En effet les gens crient: “Hosanna, hosanna au fils de David! Béni Celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna à Lui et à son Règne! Dieu est avec nous! L'Emmanuel est venu! Il est venu le Royaume du Christ du Seigneur! Hosanna! Hosanna de la Terre jusqu'en haut des Cieux! Paix! Paix, mon Roi! Paix et bénédiction à Toi, Roi saint! Paix et gloire dans les Cieux et sur la Terre! Gloire à Dieu pour son Christ! Paix aux hommes qui savent l'accueillir! Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté et gloire dans les Cieux très Hauts car l'heure du Seigneur est venue!” (et ceux qui poussent ce dernier cri, c'est le groupe compact des bergers qui répètent le cri de la naissance). Outre ces cris continuels, les gens de Palestine racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles qu'ils ont vus et à ceux qui ne savent pas ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard par la ville et qui demandent: “Mais qui est Celui-là? Qu'arrive-t-il?”, ils expliquent: “C'est Jésus! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée! Le Prophète! Le Messie du Seigneur! Le Promis! Le Saint!”
D'une maison dont on a dépassé depuis peu la porte, car la marche est très lente dans une telle confusion, il sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l'air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d'encens qui brûle en répandant des nuages de fumée odorante. Et leur geste est bien vu et on le répète. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes pour les brûler en hommage au Christ.
La maison d'Annalia apparaît. La terrasse enguirlandée de vigne avec ses feuilles nouvelles qui tremble à un doux vent d'avril, a sur le côté qui donne sur la rue toute une rangée de jeunes filles vêtues de blanc et voilées de blanc, au milieu desquelles se trouve Annalia, avec des corbeilles de pétales de roses effeuillées et de muguets qui déjà voltigent en l'air.
“Les vierges d'Israël te saluent, Seigneur!” dit Jean qui s'est frayé un chemin et qui maintenant est à côté de Jésus, pour attirer son attention sur la guirlande de pureté qui se penche en souriant du parapet pour joncher le chemin de pétales rouges comme du sang et de muguets blancs comme des perles.
Jésus retient un instant les rênes et arrête l'ânon. Il lève son visage et sa main pour bénir cette virginité énamourée de Lui, jusqu'à renoncer à tout autre amour terrestre.
Et Annalia se penche et crie: “Ton triomphe, je l'ai vu, ô mon Seigneur! Prends ma vie pour ta glorification universelle!” et en criant très fort, pendant que Jésus passe au-dessous de sa maison et avance, elle le salue: “Jésus!”
Et un autre cri, différent, dépasse la clameur de la foule. Mais les gens, bien qu'ils l'entendent, ne s'arrêtent pas. C'est un fleuve d'enthousiasme, un fleuve de peuple en délire qui ne peut s'arrêter. Et alors que les derniers flots de ce fleuve sont encore en dehors de la porte, les premiers montent déjà les pentes qui conduisent au Temple.
“Ta Mère!” dit Pierre en montrant une maison presque à l'angle d'un chemin qui monte au Moriah et par lequel le cortège s'est engagé. Et Jésus lève son visage pour sourire à sa Mère qui est en haut, parmi les femmes fidèles.
La rencontre d'une caravane nombreuse arrête le cortège quelques mètres après que la maison est dépassée. Et pendant que Jésus s'arrête avec les autres, en caressant les enfants que les mères Lui présentent, un homme accourt et se fraie un passage en criant: “Laissez-moi passer! Une femme est morte. Une jeune fille. Subitement. Sa mère appelle le Maître. Laissez-moi passer! Lui l'a déjà sauvée une fois!”
Les gens lui font place et l'homme accourt près de Jésus: “Maître, la fille d'Élise est morte. Elle t'a saluée de ce cri, puis elle s'est affaissée en disant: "Je suis heureuse", et elle a expiré. Son cœur s'est brisé dans l'allégresse de te voir triomphant. Sa mère m'a vu sur la terrasse près de sa maison et elle m'a envoyé t'appeler. Viens, Maître.”
“Morte! Morte Annalia! Mais hier seulement, elle était saine, en bonne santé, heureuse?” Les apôtres se groupent agités, les bergers aussi. Tout le monde l'a vue hier en parfaite santé. Tout à l'heure ils l'ont vue rose, riante… Ils n'arrivent pas à se persuader du malheur… Ils demandent, s'informent des détails…
“Je ne sais pas. Vous avez tous entendu ses paroles. Elle parlait fort, avec assurance. Puis je l'ai vue s'affaisser plus blanche que ses vêtements et j'ai entendu crier sa mère… Je ne sais pas autre chose.”
“Ne vous agitez pas, elle n'est pas morte. Une fleur est tombée et les anges de Dieu l'ont recueillie pour la porter dans le sein d'Abraham. Bientôt le lys de la Terre s'ouvrira heureux au Paradis, ignorant pour toujours l'horreur du monde. Homme, dis à Élise qu'elle ne pleure pas le sort de son enfant. Dis-lui qu'elle a eu une grande grâce de Dieu, et que d'ici six jours elle comprendra quelle grâce Dieu a faite à sa fille. Ne pleurez pas. Que personne ne pleure. Son triomphe est encore plus grand que le mien parce que les anges escortent la vierge pour la conduire à la paix des justes. Et c'est le triomphe éternel qui grandira sans jamais connaître de descente. En vérité je vous dis que c'est pour vous tous, mais non pour Annalia, que vous avez raison de pleurer. Allons.” Et il répète aux apôtres et à ceux qui l'entourent: “Une fleur est tombée. Elle s'est couchée en paix et les anges l'ont recueillie. Bienheureuse celle qui est pure de chair et de cœur car bientôt elle va voir Dieu.”
“Mais comment, de quoi est-elle morte, Seigneur?” demande Pierre qui ne peut y croire.
“D'amour. D'extase. De joie infinie. Heureuse mort!”
Ceux qui sont loin en avant ne savent pas; ceux qui sont très en arrière ne savent pas. Aussi les hosannas continuent, bien qu'auprès de Jésus il s'est formé un cercle de pensif silence.
C'est Jean qui le rompt: “Oh! je voudrais le même sort avant les heures qui vont venir!”
“Moi aussi” dit Isaac. “Je voudrais voir le visage de la jeune fille morte d'amour pour Toi…”
“Je vous prie de me sacrifier votre désir. J'ai besoin de vous près de Moi…”
“Nous ne te laisserons pas, Seigneur. Mais pour cette mère aucun réconfort?” demande Nathanaël.
“J'y pourvoirai…”
Ils sont aux portes de l'enceinte du Temple. Jésus descend de l'ânon que quelqu'un de Bethphagé prend en garde.
Il faut se rappeler que Jésus ne s'est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu'il a suivi l'enceinte, en s'arrêtant seulement quand il se trouve sur le côté nord de l'enceinte, près de l'Antonia. C'est là qu'il descend et entre dans le Temple comme pour faire voir qu'il ne se cache pas au pouvoir qui domine, se sentant innocent dans toute sa conduite.
La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux, seulement que maintenant les vendeurs sont délaissés car tout le monde est accouru pour voir Jésus.
Et Jésus entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne ses regards sur ce marché et sur un groupe de pharisiens et de scribes qui l'observent de dessous un portique.
Son regard est fulgurant d'indignation. Il se précipite au milieu de la cour. Son saut inattendu paraît un vol. Le vol d'une flamme, car son vêtement est une flamme dans le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d'une voix puissante: “Hors de la maison de mon Père! Ce n'est pas un lieu d'usure et de marché. Il est écrit: "Ma maison sera appelée maison de prière". Pourquoi donc en avez-vous fait une caverne de voleurs, de cette maison où on invoque le Nom du Seigneur? Hors d'ici! Purifiez ma Maison. Qu'il ne vous arrive pas qu'au lieu de me servir de cordes je vous frappe avec les foudres de la colère céleste. Hors d'ici! Hors d'ici les voleurs, les brocanteurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les idolâtres de la pire idolâtrie: celle du propre moi orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors! Dehors! Ou bien le Dieu Très-Haut balayera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple.” Il ne répète pas la fustigation de l'autre fois, mais comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant balances et pièces de monnaie sur le sol.
Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l'ordre de Jésus, après avoir eu ce premier exemple. Et Jésus crie derrière eux: “Combien de fois devrai-je vous dire que ce ne doit pas être un lieu de souillure mais de prière?” Et il regarde ceux du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas un geste de représailles.
La cour purifiée, Jésus va vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres affligés qui l'invoquent à grands cris.
“Que voulez-vous que je vous fasse?”
“La vue, Seigneur! Les membres! Que mon fils parle! Que ma femme guérisse! Nous croyons en Toi, Fils de Dieu!”
“Que Dieu vous écoute. Levez-vous et dites des hosannas au Seigneur!”
Ce n'est pas un par un qu'il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et santé en descendent sur les malheureux qui se dressent sains avec des cris de joie qui se mêlent à ceux des nombreux enfants qui se serrent près de Lui en répétant: “Gloire, gloire au Fils de David! Hosanna à Jésus de Nazareth, Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs!”
Des pharisiens, en feignant le respect, Lui crient: “Maître, tu les entends? Ces enfants disent ce qu'il ne faut pas dire. Reprends-les!
Qu'ils se taisent!”
“Et pourquoi? Le roi prophète, le roi de ma race n'a-t-il pas dit peut-être: "De la bouche des enfants et des nourrissons tu as fait sortir la louange parfaite pour confondre tes ennemis"? N'avez-vous pas lu ces paroles du psalmiste? Permettez aux petits de dire mes louanges. Elles leur sont suggérées par leurs anges qui voient sans cesse mon Père et connaissent ses secrets et les suggèrent à ces innocents. Maintenant laissez-moi tous aller prier le Seigneur” et passant devant les gens il passe dans l'atrium des israélites pour prier…
Et puis, sortant par une autre porte, en frôlant la piscine probatique, il sort de la ville pour revenir sur les collines du mont des Oliviers.
Les apôtres sont enthousiastes… Le triomphe leur a donné de l'assurance, et ils sont oublieux, complètement oublieux de toutes les terreurs que les paroles du Maître avaient suscitées… Ils parlent de tout… Ils brûlent d'être renseignés sur Annalia. Jésus les retient, non sans peine, d'y aller, en les assurant qu'il y pourvoira d'une manière qu'il sait, Lui… Sourds, sourds, sourds à toute parole d'avertissement divin… Hommes, hommes, hommes, qu'un cri d'hosanna rend oublieux de tout…
Jésus parle aux serviteurs de Marie de Magdala qui l'ont rejoint au Temple et puis les congédie…
“Et maintenant, où allons-nous?” demande Philippe.
“A la maison de Marc de Jonas?” dit Jean.
“Non. Au camp des galiléens. Peut-être que mes frères sont venus et je veux les saluer” dit Jésus.
“Tu pourrais le faire demain” Lui fait observer le Thaddée.
“C'est une bonne chose de le faire pendant qu'on peut le faire. Allons chez les galiléens. Ils seront contents de nous voir. Vous aurez des nouvelles de vos familles. Moi, je verrai les enfants…”
“Et ce soir? Où allons-nous dormir? Dans la ville? En quel endroit? Là où est ta Mère? Ou bien chez Jeanne?” demande Judas Iscariote.
“Je ne sais. Certainement pas dans la ville. Peut-être encore sous quelques tentes galiléennes…”
“Mais pourquoi?”
“Parce que je suis le Galiléen et que j'aime ma Patrie. Allons.”
Ils se remettent en route pour monter vers le camp des galiléens, qui est sur l'oliveraie du côté de Béthanie et c'est tout un groupement de tentes toutes blanches sous le gai soleil d'avril.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
En ce temps-là, Jésus approchait de Jérusalem et à la vue de la ville, il pleura sur elle en disant
"Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour ta paix ! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux.
Car vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part ;
ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée. "
Etant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient, leur disant : " Il est écrit : Ma maison est une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs. "
Et il enseignait chaque jour dans le temple.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 9, p 49 - CD 9, piste 18 -
Jésus passe son bras autour des épaules de sa Mère qui s'est levée quand Jean et Jacques d'Alphée l'ont rejointe pour lui dire: “Ton Fils arrive”, et puis ils sont revenus en arrière pour se réunir à leurs compagnons qui avancent lentement en parlant, alors que Thomas et André ont couru vers Bethphagé pour chercher l'ânesse et l'ânon et les amener à Jésus.
Jésus, pendant ce temps, parle aux femmes: “Nous voici près de la ville. Je vous conseille d'y aller et d'y aller en toute sûreté. Entrez dans la ville avant Moi. Près de En Rogel, se trouvent les bergers et les disciples les plus fidèles. Ils ont l'ordre de vous accompagner et de vous protéger.”
“C'est que… Nous avons parlé avec Aser de Nazareth et Abel de Bethléem de Galilée et aussi avec Salomon. Ils étaient venus jusqu'ici pour guetter ton arrivée. La foule prépare une grande fête. Et on voulait voir… Tu vois comme remue le haut des oliviers? Ce n'est pas le vent qui les agite ainsi. Mais ce sont des gens qui coupent des branches pour en joncher le chemin et t'abriter du soleil. Et là-bas?! Regarde, ils sont en train de dépouiller les palmiers de leurs éventails. On dirait des grappes et ce sont des hommes grimpés sur les fûts qui n'en finissent pas de cueillir… Et sur les pentes tu vois des enfants qui se baissent pour cueillir des fleurs. Et certainement les femmes dépouillent les jardins des fleurs et des plantes odorantes pour en joncher le chemin. Nous voulions voir… et imiter le geste de Marie de Lazare qui recueillit toutes les fleurs foulées par ton pied quand tu es entré dans le jardin de Lazare” demande Marie de Cléophas au nom de toutes.
Jésus caresse sur la joue sa vieille parente qui semble une enfant désireuse de voir un spectacle, et il lui dit: “Dans la grande foule, tu ne verrais rien. Allez en avant, à la maison de Lazare, celle qui a Mathias comme gardien. Je passerai par là, et vous me verrez d'en haut.”
“Mon Fils… et tu vas seul? Je ne puis rester près de Toi?” dit Marie en levant son visage si triste et en fixant ses yeux de ciel sur son doux Fils.
“Je voudrais te prier de rester cachée. Comme la colombe dans le creux du rocher. Plus que ta présence, ta prière m'est nécessaire, Maman aimée!”
“Si c'est ainsi, mon Fils, nous prierons, toutes, pour Toi.”
“Oui. Après l'avoir vu passer, vous viendrez avec nous dans mon palais de Sion. Et j'enverrai des serviteurs au Temple et toujours à la suite du Maître pour qu'ils nous apportent ses ordres et ses nouvelles” décide Marie de Lazare toujours rapide pour saisir ce qu'il y a de mieux à faire et pour le faire sans retard.
“Tu as raison, ma sœur. Bien qu'il me peine de ne pas le suivre, je comprends le bien fondé de cet ordre. Et du reste Lazare nous a dit de ne contredire le Maître en rien, et de Lui obéir même dans les plus petits détails. Et nous le ferons.”
“Et alors, allez. Vous voyez? Les routes s'animent. Les apôtres vont me rejoindre. Allez. La paix soit avec vous. Je vous ferai venir aux heures que je jugerai bonnes. Maman, adieu. Sois en paix. Dieu est avec nous.” Il l'embrasse et la congédie. Et les disciples obéissantes s'en vont sans tarder.
Les dix apôtres rejoignent Jésus: “Tu les as envoyées en avant?”
“Oui. Elles verront mon entrée d'une maison.”
“De quelle maison?” demande Judas de Kériot.
“Eh! elles sont désormais si nombreuses les maisons amies!” dit Philippe.
“Pas chez Annalia?” insiste l'Iscariote.
Jésus répond négativement et se met en chemin vers Bethphagé qui est peu éloignée.
Il en est tout proche quand reviennent les deux qu'il a envoyés prendre l'ânesse et l'ânon. Ils crient: “Nous avons trouvé comme tu l'as dit, et nous t'aurions amené les animaux. Mais leur maître a voulu les étriller et les orner des meilleurs harnachements pour te faire honneur. Et les disciples, unis à ceux qui ont passé la nuit dans les rues de Béthanie pour t'honorer, veulent avoir l'honneur de te les conduire, et nous avons consenti. Il nous a paru que leur amour méritait une récompense.”
“Vous avez bien fait. Avançons, en attendant.”
“Sont-ils nombreux les disciples?” demande Barthélemy.
“Oh! une multitude. On n'arrive pas à passer par les rues de Bethphagé. Aussi j'ai dit à Isaac de conduire l'âne chez Cléonte, le fromager” répond Thomas.
“Tu as bien fait. Allons jusqu'à cet escarpement des collines, et attendons un peu à l'ombre de ces arbres.”
Ils vont à l'endroit indiqué par Jésus.
“Mais nous nous éloignons! Tu dépasses Bethphagé en la contournant par derrière!” s'écrie l'Iscariote.
“Et si je veux le faire, qui peut m'en empêcher? Suis-je peut-être déjà prisonnier, pour qu'il ne me soit pas permis d'aller où je veux? Et est-on pressé que je le sois et craint-on que je puisse échapper à la capture? Et si j'estimais juste de m'éloigner pour des lieux plus sûrs, y a-t-il quelqu'un qui pourrait m'en empêcher?” Jésus darde son regard sur le Traître qui ne parle plus et hausse les épaules, comme pour dire: “Fais ce que bon te semble.”
Ils tournent en effet en arrière du petit village, je dirais un faubourg de la ville elle-même car, du côté ouest, il est vraiment peu éloigné de la ville, faisant déjà partie des pentes de l'Oliveraie qui couronne Jérusalem du côté oriental. En bas, entre les pentes et la ville, le Cédron brille au soleil d'avril.
Jésus s'assoit dans cette silencieuse verdure et se concentre dans ses pensées. Puis il se lève et va réellement sur la cime de l'escarpement.
Jésus me dit: “Ici tu mettras la vision du 31 Juillet 1944: Jésus qui pleure sur Jérusalem, à partir de la phrase que je t'ai dite pour commencer la vision.” Et ensuite, il recommence à me montrer les phases de son entrée triomphale.
30 Juillet.
Je ne sais comment faire pour décrire, car je ressens au cœur un tel malaise que j'ai peine à rester assise. Mais il y a si longtemps que c'est ainsi. Je dois écrire ce que je vois.
Pour moi s'éclaire l'Évangile d'aujourd'hui: 9ème dimanche après la Pentecôte.
D'un coteau près de Jérusalem, Jésus regarde la ville qui s'étend à ses pieds.
Le coteau n'est pas très haut. Au maximum comme peut l'être la petite place S. Miniato du mont, à Florence; mais cela suffit pour que l'œil domine l'étendue de toutes les maisons et des rues qui montent et descendent sur les petits accidents de terrain sur lesquels se trouve Jérusalem. Cette colline est certainement bien plus haute, si on prend le niveau le plus bas de la ville, que ne l'est le Calvaire, mais elle est plus proche de l'enceinte que ce dernier. Elle commence exactement tout près des murs et s'élève rapidement en s'éloignant de ceux-ci, alors que de l'autre côté elle descend mollement vers une campagne toute verte qui s'étend vers l'est, vers l'orient si j'en juge du moins par la lumière solaire.
Jésus et les siens sont sous un bosquet, à l'ombre, assis. Ils se reposent du chemin parcouru. Puis Jésus se lève, quitte l'endroit boisé où ils étaient assis et s'en va tout à fait au sommet du coteau.
Sa haute personne se détache nettement dans l'espace vide qui l'entoure. Il paraît encore plus grand ainsi, debout, et seul. Il tient les mains serrées sur sa poitrine, sur son manteau bleu, et regarde extrêmement sérieux.
Les apôtres l'observent, mais ils le laissent faire sans bouger ni parler. Ils doivent penser qu'il s'est éloigné pour prier.
Mais Jésus ne prie pas. Après avoir longuement regardé la ville en tous ses quartiers, en toutes ses élévations, en toutes ses particularités, parfois avec de longs regards sur tel ou tel point, parfois en insistant moins, Jésus se met à pleurer sans sanglots ni bruit.
Les larmes gonflent ses yeux, puis coulent et roulent sur ses joues et tombent par terre… des larmes silencieuses et tellement tristes, comme celles de quelqu'un qui sait qu'il doit pleurer, seul, sans espérer de réconfort ni de compréhension de personne. À cause d'une douleur qui ne peut être annulée et qui doit être soufferte absolument.
Le frère de Jean, à cause de sa position, est le premier à voir ces pleurs et il le dit aux autres qui se regardent entre eux, étonnés.
“Personne de nous n'a fait de mal” dit quelqu'un, et un autre: “La foule aussi ne nous a pas insultés. Il ne s'y trouve personne qui Lui soit ennemi.”
“Pourquoi pleure-t-il alors?” demande le plus âgé de tous.
Pierre et Jean se lèvent ensemble et s'approchent du Maître. Ils pensent que l'unique chose à faire c'est de Lui faire sentir qu'ils l'aiment et de Lui demander ce qu'il a.
“Maître, tu pleures?” dit Jean en mettant sa tête blonde sur l'épaule de Jésus, qui le dépasse de la tête et du cou.
Et Pierre, en Lui mettant une main à la taille, en l'entourant presque d'un embrassement pour l'attirer à lui, Lui dit: “Quelque chose te fait souffrir, Jésus? Dis-le à nous qui t'aimons.”
Jésus appuie sa joue sur la tête blonde de Jean et, desserrant ses bras, il passe à son tour son bras autour de l'épaule de Pierre. Ils restent ainsi embrassés tous les trois, dans une pose si affectueuse. Mais les larmes continuent de couler.
Jean, qui les sent tomber dans ses cheveux, recommence à Lui demander: “Pourquoi pleures-tu, mon Maître? Peut-être que de nous il te vient de la peine?”
Les autres apôtres se sont réunis au groupe affectueux et attendent anxieusement une réponse.
“Non” dit Jésus. “Pas de vous. Vous êtes pour Moi des amis et l'amitié, quand elle est sincère, est baume et sourire, jamais larme. Je voudrais que vous restiez toujours mes amis. Même maintenant que nous allons entrer dans la corruption qui fermente et qui corrompt celui qui n'a pas une volonté décidée de rester honnête.”
“Où allons-nous, Maître? Pas à Jérusalem? La foule t'a déjà salué joyeusement. Veux-tu la décevoir? Allons-nous peut-être en Samarie pour quelque prodige? Justement maintenant que la Pâque est proche?”
Les questions viennent en même temps de différents côtés.
Jésus lève la main pour imposer le silence et puis, de sa main droite, il montre la ville. Un geste large comme celui du semeur qui jette son grain devant lui et il dit: “Elle est la Corruption. Nous entrons dans Jérusalem. Nous y entrons. Et seul le Très-Haut sait comment je voudrais la sanctifier en y amenant la Sainteté qui vient des Cieux. La resanctifier, cette ville qui devrait être la Cité Sainte. Mais je ne pourrai rien lui faire. Corrompue elle est, et corrompue elle reste. Et les fleuves de sainteté qui coulent du Temple vivant, et qui couleront encore davantage dans peu de jours jusqu'à le vider de la vie, ne suffiront pas pour la racheter. Ils viendront au Saint la Samarie et le monde païen. Sur les temples mensongers s'élèveront les temples du vrai Dieu. Les cœurs des gentils adoreront le Christ. Mais ce peuple, cette ville sera toujours pour Lui une ennemie et sa haine l'amènera au plus grand péché. Cela doit arriver. Mais malheur à ceux qui seront les instruments de ce crime. Malheur!…”
Jésus regarde fixement Judas qui est presque en face de Lui.
“Cela ne nous arrivera jamais. Nous sommes tes apôtres et nous croyons en Toi, prêts à mourir pour Toi.” Judas ment effrontément et soutient sans embarras le regard de Jésus.
Les autres unissent leurs protestations.
Jésus répond à tous pour éviter de répondre directement à Judas.
“Veuille le Ciel que vous soyez tels, mais vous avez encore beaucoup de faiblesse en vous et la tentation pourrait vous rendre semblables à ceux qui me haïssent. Priez beaucoup et veillez beaucoup sur vous. Satan sait qu'il va être vaincu et il veut se venger en vous arrachant à Moi. Satan est autour de nous tous: de Moi, pour m'empêcher de faire la volonté du Père et d'accomplir ma mission; de vous, pour faire de vous ses serviteurs. Veillez. Dans ces murs Satan prendra celui qui ne saura pas être fort. Celui pour lequel cela aura été une malédiction d'être choisi parce qu'il a donné à ce choix un but humain. Je vous ai choisis pour le Royaume des Cieux et non pour celui du monde. Souvenez-vous-en.
Et toi, cité qui veux ta ruine et sur qui je pleure, sache que ton Christ prie pour ta rédemption. Oh! si au moins en cette heure qui te reste tu savais venir à Celui qui serait ta paix! Si au moins tu comprenais à cette heure l'Amour qui passe au milieu de toi et si tu te dépouillais de la haine qui te rend aveugle et folle, cruelle pour toi-même et pour ton bien! Mais un jour viendra où tu te rappelleras cette heure! Trop tard alors pour pleurer et te repentir! L'Amour sera passé et sera disparu de tes routes et il restera la Haine que tu as préférée. Et la haine se tournera vers toi, vers tes enfants. Car on a ce qu'on a voulu, et la haine se paie par la haine.
Et ce ne sera pas alors la haine des forts contre le désarmé. Mais ce sera haine contre haine, et donc guerre et mort. Entourée de tranchées et de gens armés, tu souffriras avant d'être détruite et tu verras tomber tes fils tués par les armes et par la faim, et les survivants être prisonniers et méprisés, et tu demanderas miséricorde, et tu ne la trouveras plus parce que tu n'as pas voulu connaître ton Salut.
Je pleure, amis, car j'ai un cœur d'homme et les ruines de la patrie m'arrachent des larmes. Mais que ce qui est juste s'accomplisse puisque dans ces murs la corruption dépasse toute limite et attire le châtiment de Dieu. Malheur aux citoyens qui sont la cause du mal de leur patrie! Malheur aux chefs qui en sont la principale cause! Malheur à ceux qui devraient être saints pour amener les autres à être honnêtes, et qui au contraire profanent la Maison de leur ministère et eux-mêmes! Venez. À rien ne servira mon action. Mais faisons en sorte que la Lumière brille encore une fois au milieu des Ténèbres!”
Et Jésus descend suivi des siens. Il s'en va rapidement par le chemin, le visage sérieux et je dirais presque renfrogné. Il ne parle plus. Il entre dans une maisonnette au pied de la colline et je ne vois pas autre chose.
Jésus dit:
“La scène racontée par Lue paraît sans liaison, pour ainsi dire illogique. Je déplore les malheurs d'une ville coupable et je ne sais pas compatir aux habitudes de cette ville?
Non. Je ne sais pas, je ne puis les compatir, puisque même ce sont justement ces habitudes qui engendrent les malheurs, et de les voir rend plus aiguë ma douleur. Ma colère contre les profanateurs du Temple est la conséquence logique de ma méditation sur les malheurs prochains de Jérusalem.
Ce sont toujours les profanations du culte de Dieu, de la Loi de Dieu, qui provoquent les châtiments du Ciel. En faisant de la Maison de Dieu une caverne de voleurs, ces prêtres indignes et ces indignes croyants (de nom seulement) attiraient sur tout le peuple malédiction et mort- Inutile de donner tel ou tel nom au mal qui fait souffrir un peuple. Cherchez le nom exact en ceci: "Punition d'une vie de brutes". Dieu se retire et le Mal s'avance. Voilà le fruit d'une vie nationale indigne du nom de chrétienne.
Comme alors, maintenant aussi, dans cette partie de siècle, je n'ai pas manqué par des prodiges de secouer et de rappeler. Mais comme alors, je n'ai attiré sur Moi et mes instruments que moquerie, indifférence et haine. Pourtant que les particuliers et les nations se souviennent que c'est inutilement qu'ils pleurent quand auparavant ils ne veulent reconnaître leur salut. Inutilement qu'ils m'invoquent quand à l'heure où j'étais avec eux ils m'ont chassé par une guerre sacrilège qui en partant de consciences particulières, vouées au Mal, s'est répandue dans toute la Nation. Les Patries ne se sauvent pas tant par les armes que par une forme de vie qui attire les protections du Ciel.
Repose, petit Jean, et fais en sorte d'être toujours fidèle au choix que j'ai fait de toi.
Va en paix.”
Quelle fatigue! Je n'en peux vraiment plus…
Jésus a à peine le temps d'entrer dans la maison pour en bénir les habitants que l'on entend une gaie sonnerie de grelots et des voix en fête. Et tout de suite après, le visage émacié et pâle d'Isaac apparaît dans l'ouverture de la porte et le fidèle berger entre et se prosterne devant son Seigneur Jésus.
Dans l'encadrement de la porte grande ouverte se pressent de nombreux visages et en arrière on en voit d'autres… On se bouscule, on se presse, on veut s'avancer… Quelques cris de femmes, quelques pleurs d'enfants pris au milieu de la cohue, et des salutations, des cris joyeux: “Heureux jour qui te ramène à nous! La paix à Toi, Seigneur! C'est un heureux retour, ô Maître, pour récompenser notre fidélité.”
Jésus se lève et fait signe qu'il va parler. Tout le monde se tait, et on entend nettement la voix de Jésus.
“Paix à vous! Ne vous entassez pas. Maintenant nous allons monter ensemble au Temple. Je suis venu pour être avec vous. Paix! Paix! Ne vous faites pas de mal. Faites place, mes aimés! Laissez-moi sortir et suivez-moi, pour que nous entrions ensemble dans la Cité Sainte.”
Les gens obéissent tant bien que mal, et font un peu de place, assez pour que Jésus puisse sortir et monter sur l'ânon. Car Jésus indique le poulain jamais monté jusqu'alors comme sa monture. Alors de riches pèlerins, qui se pressent dans la foule, étendent sur la croupe de l'ânon leurs somptueux manteaux et quelqu'un met un genou à terre et l'autre à servir de marchepied au Seigneur qui s'assoit sur l'ânon, et le voyage commence. Pierre marche à côté du Maître et de l'autre côté Isaac tient la bride de la bête qui n'est pas entraînée, et qui pourtant marche tranquillement comme si elle était habituée à cet office sans s'emballer ou s'effrayer des fleurs qui, jetées comme elles le sont vers Jésus, frappent souvent les yeux et le museau de la bête, ni des branches d'olivier et des feuilles de palmiers agitées devant et autour de lui, jetées par terre pour servir de tapis avec des fleurs, ni des cris de plus en plus forts: “Hosanna, Fils de David!” qui montent vers le ciel serein pendant que la foule se tasse de plus en plus et grossit à cause des nouveaux venus.
Passer par Bethphagé, par les rues étroites et contournées, n'est pas chose facile et les mères doivent prendre les enfants dans leurs bras, et les hommes protéger les femmes de coups trop violents, et il arrive qu'un père place son fils sur ses épaules à califourchon et le porte élevé au-dessus de la foule alors que les voix des petits semblent des bêlements d'agneaux ou des cris d'hirondelles et que leurs menottes jettent des fleurs et des feuilles d'oliviers que leurs mères leur présentent, et envoient aussi des baisers au doux Jésus…
Une fois sorti des rues étroites de la petite bourgade, le cortège se range et se déploie, et de nombreux volontaires s'en vont en avant pour prendre la tête et désencombrer le chemin, et d'autres les suivent en jonchant le sol de branches et quelqu'un, le premier, jette son manteau pour servir de tapis, et un autre, et quatre, et dix, et cent, et mille, l'imitent. Le chemin a en son milieu une bande multicolore de vêtements étendus sur le sol, et après le passage de Jésus ils sont repris et portés plus en avant, avec d'autres, avec d'autres, et toujours des fleurs, des branchages, des feuilles de palmiers s'agitent ou sont jetés par terre, et des cris plus forts s'élèvent tout autour en l'honneur du Roi d'Israël, à l'adresse du Fils de David, de son Royaume!
Les soldats de garde à la porte sortent pour voir ce qui arrive. Mais ce n'est pas une sédition et, appuyés sur leurs lances, ils se rangent de côté pour observer, étonnés ou ironiques, le cortège étrange de ce Roi assis sur un ânon, beau comme un dieu, simple comme le plus pauvre des hommes, doux, bénissant… entouré de femmes et d'enfants et d'hommes désarmés criant: “Paix! Paix!”, de ce Roi qui, avant d'entrer dans la ville, s'arrête un moment à la hauteur des tombeaux des lépreux de Hinnon et de Siloan (je crois bien parler de ces lieux où j'ai vu d'autres fois des miracles de lépreux) et s'appuyant sur l'unique étrier sur lequel il appuie son pied, puisqu'il est assis sur l'âne et non à cheval, il se lève et ouvre les bras en criant dans la direction de ces pentes horribles, où des visages et des corps effrayants se montrent en regardant vers Jésus et élèvent le cri lamentable des lépreux: “Nous sommes infectés!”, pour écarter des imprudents qui pour bien voir Jésus monteraient aussi sur les terrasses contaminées: “Que celui qui a foi invoque mon Nom et ait la santé grâce à cela!” et il les bénit en reprenant sa route et en ordonnant à Judas de Kériot: “Tu achèteras de la nourriture pour les lépreux et avec Simon tu la leur porteras avant le soir.”
Le cortège entre sous la voûte de la Porte de Siloan et puis comme un torrent se déverse dans la ville en passant par le faubourg d'Ophel - où chaque terrasse est devenue une petite place aérienne remplie de gens qui crient des hosannas, jettent des fleurs et renversent des parfums en bas, sur la route, en essayant de les jeter sur le Maître, et l'air est saturé par l'odeur des fleurs qui meurent sous les pas de la foule et des essences qui se répandent dans l'air avant de tomber dans la poussière de la route - le cri de la foule semble augmenter et se renforcer comme si chacun criait dans un porte-voix, car les nombreux archivoltes dont Jérusalem est remplie l'amplifient ne cessant pas de le faire résonner.
J'entends crier, et je crois que cela veut dire ce que disent les évangélistes: “Scialem, Scialem melchil!” (ou malchit: je m'efforce à rendre le son des paroles, mais il est difficile car elles ont des aspirations que nous n'avons pas). C'est un bruit continu, semblable à celui d'une mer en tempête dans laquelle n'est pas encore tombé le bruit de la lame qui fouette la plage et les écueils, qu'une autre lame ramasse et relève en un nouveau claquement sans jamais s'arrêter. J'en suis assourdie!
Parfums, odeurs, cris, des branches et des vêtements qui s'agitent, couleurs… C'est une vision étourdissante.
Je vois la foule qui n'en finit pas de se mélanger, des visages connus qui apparaissent et disparaissent: tous les disciples de tous les coins de la Palestine, tous ceux qui suivent Jésus… Je vois pendant un instant Jaïre, je vois Jaia l'adolescent de Pella (me semble-t-il) qui était aveugle avec sa mère et que Jésus guérit, je vois Joachim de Bozra et ce paysan de la plaine de Saron avec ses frères, je vois le vieux et solitaire Mathias de cet endroit près du Jourdain (rive orientale) auprès duquel Jésus se réfugia alors que tout était inondé, je vois Zachée avec ses amis convertis, je vois le vieux Jean de Nobé avec presque tous ses concitoyens, je vois le mari de Sara de Jutta… Mais qui peut retenir ces visages et ces noms si c'est un kaléidoscope de visages connus et inconnus, vus plusieurs fois ou une seule?… Voici maintenant le visage du pastoureau pris à Ennon. Et près de lui le disciple de Corozaïn qui quitta la sépulture de son père pour suivre Jésus; et tout près, pour un instant, le père et la mère de Benjamin de Capharnaüm avec leur jeune fils qui manque de tomber sous les pieds de l'ânon en se jetant en avant pour recevoir une caresse de Jésus. Et - malheureusement - des visages de pharisiens et de scribes, livides de colère à cause de ce triomphe, qui, arrogants, fendent le cercle d'amour qui se serre autour de Jésus, et Lui crient: “Fais taire ces fous! Rappelle-les à la raison! Ce n'est qu'à Dieu que l'on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire!”
A quoi Jésus répond doucement: “Même si je leur disais de se taire et qu'ils m'obéissent, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu.”
En effet les gens crient: “Hosanna, hosanna au fils de David! Béni Celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna à Lui et à son Règne! Dieu est avec nous! L'Emmanuel est venu! Il est venu le Royaume du Christ du Seigneur! Hosanna! Hosanna de la Terre jusqu'en haut des Cieux! Paix! Paix, mon Roi! Paix et bénédiction à Toi, Roi saint! Paix et gloire dans les Cieux et sur la Terre! Gloire à Dieu pour son Christ! Paix aux hommes qui savent l'accueillir! Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté et gloire dans les Cieux très Hauts car l'heure du Seigneur est venue!” (et ceux qui poussent ce dernier cri, c'est le groupe compact des bergers qui répètent le cri de la naissance). Outre ces cris continuels, les gens de Palestine racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles qu'ils ont vus et à ceux qui ne savent pas ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard par la ville et qui demandent: “Mais qui est Celui-là? Qu'arrive-t-il?”, ils expliquent: “C'est Jésus! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée! Le Prophète! Le Messie du Seigneur! Le Promis! Le Saint!”
D'une maison dont on a dépassé depuis peu la porte, car la marche est très lente dans une telle confusion, il sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l'air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d'encens qui brûle en répandant des nuages de fumée odorante. Et leur geste est bien vu et on le répète. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes pour les brûler en hommage au Christ.
La maison d'Annalia apparaît. La terrasse enguirlandée de vigne avec ses feuilles nouvelles qui tremble à un doux vent d'avril, a sur le côté qui donne sur la rue toute une rangée de jeunes filles vêtues de blanc et voilées de blanc, au milieu desquelles se trouve Annalia, avec des corbeilles de pétales de roses effeuillées et de muguets qui déjà voltigent en l'air.
“Les vierges d'Israël te saluent, Seigneur!” dit Jean qui s'est frayé un chemin et qui maintenant est à côté de Jésus, pour attirer son attention sur la guirlande de pureté qui se penche en souriant du parapet pour joncher le chemin de pétales rouges comme du sang et de muguets blancs comme des perles.
Jésus retient un instant les rênes et arrête l'ânon. Il lève son visage et sa main pour bénir cette virginité énamourée de Lui, jusqu'à renoncer à tout autre amour terrestre.
Et Annalia se penche et crie: “Ton triomphe, je l'ai vu, ô mon Seigneur! Prends ma vie pour ta glorification universelle!” et en criant très fort, pendant que Jésus passe au-dessous de sa maison et avance, elle le salue: “Jésus!”
Et un autre cri, différent, dépasse la clameur de la foule. Mais les gens, bien qu'ils l'entendent, ne s'arrêtent pas. C'est un fleuve d'enthousiasme, un fleuve de peuple en délire qui ne peut s'arrêter. Et alors que les derniers flots de ce fleuve sont encore en dehors de la porte, les premiers montent déjà les pentes qui conduisent au Temple.
“Ta Mère!” dit Pierre en montrant une maison presque à l'angle d'un chemin qui monte au Moriah et par lequel le cortège s'est engagé. Et Jésus lève son visage pour sourire à sa Mère qui est en haut, parmi les femmes fidèles.
La rencontre d'une caravane nombreuse arrête le cortège quelques mètres après que la maison est dépassée. Et pendant que Jésus s'arrête avec les autres, en caressant les enfants que les mères Lui présentent, un homme accourt et se fraie un passage en criant: “Laissez-moi passer! Une femme est morte. Une jeune fille. Subitement. Sa mère appelle le Maître. Laissez-moi passer! Lui l'a déjà sauvée une fois!”
Les gens lui font place et l'homme accourt près de Jésus: “Maître, la fille d'Élise est morte. Elle t'a saluée de ce cri, puis elle s'est affaissée en disant: "Je suis heureuse", et elle a expiré. Son cœur s'est brisé dans l'allégresse de te voir triomphant. Sa mère m'a vu sur la terrasse près de sa maison et elle m'a envoyé t'appeler. Viens, Maître.”
“Morte! Morte Annalia! Mais hier seulement, elle était saine, en bonne santé, heureuse?” Les apôtres se groupent agités, les bergers aussi. Tout le monde l'a vue hier en parfaite santé. Tout à l'heure ils l'ont vue rose, riante… Ils n'arrivent pas à se persuader du malheur… Ils demandent, s'informent des détails…
“Je ne sais pas. Vous avez tous entendu ses paroles. Elle parlait fort, avec assurance. Puis je l'ai vue s'affaisser plus blanche que ses vêtements et j'ai entendu crier sa mère… Je ne sais pas autre chose.”
“Ne vous agitez pas, elle n'est pas morte. Une fleur est tombée et les anges de Dieu l'ont recueillie pour la porter dans le sein d'Abraham. Bientôt le lys de la Terre s'ouvrira heureux au Paradis, ignorant pour toujours l'horreur du monde. Homme, dis à Élise qu'elle ne pleure pas le sort de son enfant. Dis-lui qu'elle a eu une grande grâce de Dieu, et que d'ici six jours elle comprendra quelle grâce Dieu a faite à sa fille. Ne pleurez pas. Que personne ne pleure. Son triomphe est encore plus grand que le mien parce que les anges escortent la vierge pour la conduire à la paix des justes. Et c'est le triomphe éternel qui grandira sans jamais connaître de descente. En vérité je vous dis que c'est pour vous tous, mais non pour Annalia, que vous avez raison de pleurer. Allons.” Et il répète aux apôtres et à ceux qui l'entourent: “Une fleur est tombée. Elle s'est couchée en paix et les anges l'ont recueillie. Bienheureuse celle qui est pure de chair et de cœur car bientôt elle va voir Dieu.”
“Mais comment, de quoi est-elle morte, Seigneur?” demande Pierre qui ne peut y croire.
“D'amour. D'extase. De joie infinie. Heureuse mort!”
Ceux qui sont loin en avant ne savent pas; ceux qui sont très en arrière ne savent pas. Aussi les hosannas continuent, bien qu'auprès de Jésus il s'est formé un cercle de pensif silence.
C'est Jean qui le rompt: “Oh! je voudrais le même sort avant les heures qui vont venir!”
“Moi aussi” dit Isaac. “Je voudrais voir le visage de la jeune fille morte d'amour pour Toi…”
“Je vous prie de me sacrifier votre désir. J'ai besoin de vous près de Moi…”
“Nous ne te laisserons pas, Seigneur. Mais pour cette mère aucun réconfort?” demande Nathanaël.
“J'y pourvoirai…”
Ils sont aux portes de l'enceinte du Temple. Jésus descend de l'ânon que quelqu'un de Bethphagé prend en garde.
Il faut se rappeler que Jésus ne s'est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu'il a suivi l'enceinte, en s'arrêtant seulement quand il se trouve sur le côté nord de l'enceinte, près de l'Antonia. C'est là qu'il descend et entre dans le Temple comme pour faire voir qu'il ne se cache pas au pouvoir qui domine, se sentant innocent dans toute sa conduite.
La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux, seulement que maintenant les vendeurs sont délaissés car tout le monde est accouru pour voir Jésus.
Et Jésus entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne ses regards sur ce marché et sur un groupe de pharisiens et de scribes qui l'observent de dessous un portique.
Son regard est fulgurant d'indignation. Il se précipite au milieu de la cour. Son saut inattendu paraît un vol. Le vol d'une flamme, car son vêtement est une flamme dans le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d'une voix puissante: “Hors de la maison de mon Père! Ce n'est pas un lieu d'usure et de marché. Il est écrit: "Ma maison sera appelée maison de prière". Pourquoi donc en avez-vous fait une caverne de voleurs, de cette maison où on invoque le Nom du Seigneur? Hors d'ici! Purifiez ma Maison. Qu'il ne vous arrive pas qu'au lieu de me servir de cordes je vous frappe avec les foudres de la colère céleste. Hors d'ici! Hors d'ici les voleurs, les brocanteurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les idolâtres de la pire idolâtrie: celle du propre moi orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors! Dehors! Ou bien le Dieu Très-Haut balayera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple.” Il ne répète pas la fustigation de l'autre fois, mais comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant balances et pièces de monnaie sur le sol.
Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l'ordre de Jésus, après avoir eu ce premier exemple. Et Jésus crie derrière eux: “Combien de fois devrai-je vous dire que ce ne doit pas être un lieu de souillure mais de prière?” Et il regarde ceux du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas un geste de représailles.
La cour purifiée, Jésus va vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres affligés qui l'invoquent à grands cris.
“Que voulez-vous que je vous fasse?”
“La vue, Seigneur! Les membres! Que mon fils parle! Que ma femme guérisse! Nous croyons en Toi, Fils de Dieu!”
“Que Dieu vous écoute. Levez-vous et dites des hosannas au Seigneur!”
Ce n'est pas un par un qu'il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et santé en descendent sur les malheureux qui se dressent sains avec des cris de joie qui se mêlent à ceux des nombreux enfants qui se serrent près de Lui en répétant: “Gloire, gloire au Fils de David! Hosanna à Jésus de Nazareth, Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs!”
Des pharisiens, en feignant le respect, Lui crient: “Maître, tu les entends? Ces enfants disent ce qu'il ne faut pas dire. Reprends-les!
Qu'ils se taisent!”
“Et pourquoi? Le roi prophète, le roi de ma race n'a-t-il pas dit peut-être: "De la bouche des enfants et des nourrissons tu as fait sortir la louange parfaite pour confondre tes ennemis"? N'avez-vous pas lu ces paroles du psalmiste? Permettez aux petits de dire mes louanges. Elles leur sont suggérées par leurs anges qui voient sans cesse mon Père et connaissent ses secrets et les suggèrent à ces innocents. Maintenant laissez-moi tous aller prier le Seigneur” et passant devant les gens il passe dans l'atrium des israélites pour prier…
Et puis, sortant par une autre porte, en frôlant la piscine probatique, il sort de la ville pour revenir sur les collines du mont des Oliviers.
Les apôtres sont enthousiastes… Le triomphe leur a donné de l'assurance, et ils sont oublieux, complètement oublieux de toutes les terreurs que les paroles du Maître avaient suscitées… Ils parlent de tout… Ils brûlent d'être renseignés sur Annalia. Jésus les retient, non sans peine, d'y aller, en les assurant qu'il y pourvoira d'une manière qu'il sait, Lui… Sourds, sourds, sourds à toute parole d'avertissement divin… Hommes, hommes, hommes, qu'un cri d'hosanna rend oublieux de tout…
Jésus parle aux serviteurs de Marie de Magdala qui l'ont rejoint au Temple et puis les congédie…
“Et maintenant, où allons-nous?” demande Philippe.
“A la maison de Marc de Jonas?” dit Jean.
“Non. Au camp des galiléens. Peut-être que mes frères sont venus et je veux les saluer” dit Jésus.
“Tu pourrais le faire demain” Lui fait observer le Thaddée.
“C'est une bonne chose de le faire pendant qu'on peut le faire. Allons chez les galiléens. Ils seront contents de nous voir. Vous aurez des nouvelles de vos familles. Moi, je verrai les enfants…”
“Et ce soir? Où allons-nous dormir? Dans la ville? En quel endroit? Là où est ta Mère? Ou bien chez Jeanne?” demande Judas Iscariote.
“Je ne sais. Certainement pas dans la ville. Peut-être encore sous quelques tentes galiléennes…”
“Mais pourquoi?”
“Parce que je suis le Galiléen et que j'aime ma Patrie. Allons.”
Ils se remettent en route pour monter vers le camp des galiléens, qui est sur l'oliveraie du côté de Béthanie et c'est tout un groupement de tentes toutes blanches sous le gai soleil d'avril.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/
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