"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe St Pie V
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 28 février 2016, Troisième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,14-28. 
En ce temps-là, Jésus chassait un démon, et ce démon était muet. Et lorsqu'il eut chassé le démon, le muet parla, et la foule fut dans l'admiration.
Mais quelques-uns d'entre eux dirent : " C'est par Béelzéboul, le chef des démons, qu'il chasse les démons. "
D'autres, pour le mettre à l'épreuve, lui demandaient un signe venant du ciel.
Connaissant leurs réflexions, il leur dit : " Tout royaume divisé contre lui-même va à la ruine et les maisons tombent l'une sur l'autre.
Et si Satan aussi est divisé contre lui-même, comment son royaume pourra-t-il subsister ? Puisque vous dites que c'est par Béelzéboul que je chasse les démons.
Mais si, moi, je chasse les démons par Béelzéboul, par qui vos fils les chassent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc arrivé à vous.
Lorsque l'homme fort et bien armé garde son palais, ce qu'il possède est en sûreté.
Mais qu'il en survienne un plus fort qui le vainque, il lui enlève toutes les armes dans lesquelles il mettait sa confiance, et il distribue ses dépouilles.
Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi disperse.
Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos. N'en trouvant point, il dit : " Je retournerai dans ma maison, d'où je suis sorti. "
et revenu, il la trouve nettoyée et ornée.
Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. "
Or, comme il parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées !
Mais il lui dit : " Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! "
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 4, chap 132, p 304 - CD4, piste 94 -
Même scène qu'à la vision précédente. Jésus a fait ses adieux à la veuve, tout en tenant déjà par la main le petit Joseph et il dit à la femme: “Il ne viendra personne avant mon retour, à moins que ce ne soit un gentil. Mais, s'il vient quelqu'un, retiens-le jusqu'à après-demain en lui disant que je viendrai sans faute.”
“Je le dirai, Maître. Et s'il y a des malades, je leur donnerai l'hospitalité comme tu me l'as enseigné.”
“Adieu, alors, et la paix soit avec vous. Viens, Manaën.”
Par cette brève indication, je comprends que des malades et des malheureux l'ont rejoint à Corozaïn et qu'à la leçon du travail Jésus a uni celle du miracle. Et si Corozaïn reste toujours indifférente, c'est signe que c'est un terrain sauvage, qu'on ne peut cultiver. Cependant Jésus la traverse, en saluant ceux qui le saluent comme si de rien n'était, et il reprend sa conversation avec Manaën qui se demande s'il va repartir pour Macheronte ou rester encore une semaine…
… Pendant ce temps, dans la maison de Capharnaüm, on se prépare au sabbat. Mathieu, un peu boiteux, reçoit ses compagnons, leur sert de l'eau et des fruits frais, en s'informant de leurs missions.
Pierre fait la moue en voyant que déjà des pharisiens flânent près de la maison: “Ils veulent nous empoisonner le sabbat. Je dirais bien d'aller à la rencontre du Maître et Lui dire d'aller à Bethsaïda en laissant déçus ces gens-là.”
“Et crois-tu que le Maître le ferait?” demande son frère.
“Et puis, il y a dans la pièce du bas ce pauvre malheureux qui attend” observe Mathieu.
“On pourrait l'emmener en barque à Bethsaïda, et moi ou un autre aller à la rencontre du Maître” dit Pierre.
“Peut-être, peut-être…” dit Philippe qui, ayant de la famille à Bethsaïda, y irait volontiers.
“D'autant plus que… Voyez, voyez! Aujourd'hui la garde est renforcée par les scribes. Allons, sans perdre de temps. Vous, avec le malade, passez par le jardin, et en route par derrière la maison. Je vous amène la barque au "Puits du figuier" et Jacques fait de même. Simon le Zélote et les frères de Jésus vont à la rencontre du Maître.”
“Moi, je ne m'en vais pas avec le possédé” annonce l'Iscariote.
“Pourquoi? Tu as peur que le démon s'attaque à toi?”
“Ne m'ennuie pas, Simon de Jonas. J'ai dit que je ne viens pas et je ne viens pas.”
“Va avec les cousins au-devant de Jésus.”
“Non.”
“Ouf! Viens en barque.”
“Non.”
“Mais, en somme, que veux-tu? Tu es toujours celui qui met des obstacles…”
“Je veux rester où je suis: ici. Je n'ai peur de personne et je ne m'échappe pas. Et du reste, le Maître ne vous serait pas reconnaissant de votre idée. Et ce serait un autre sermon de reproches et je ne veux pas le subir à cause de vous. Allez-y vous. Moi, je resterai pour donner des renseignements…”
“Non, justement! Tout le monde ou personne” crie Pierre.
“Alors, personne, parce que le Maître est ici, le voilà qui vient” dit sérieusement le Zélote qui guettait sur la route.
Pierre, mécontent, maugrée dans sa barbe. Il va à la rencontre de Jésus avec les autres. Après les premières salutations, on Lui parle d'un possédé aveugle et muet qui attend avec ses parents sa venue depuis plusieurs heures.
Mathieu explique: “Il est comme inerte. Il s'est jeté sur des sacs vides et il n'a plus bougé. Les parents espèrent en Toi. Viens te restaurer et puis tu le secourras.”
“Non. Je vais tout de suite le trouver. Où est-il?”
“Dans la pièce du bas près du four. Je l'ai mis là avec ses parents, car il y a beaucoup de pharisiens et aussi des scribes qui semblent aux aguets…”
“Oui, et il vaudrait mieux ne pas leur faire plaisir” bougonne Pierre.
“Judas de Simon n'est pas là?” demande Jésus.
“Il est resté à la maison. Il faut toujours qu'il fasse autrement que les autres” bougonne encore Pierre.
Jésus le regarde, mais ne lui fait pas de reproches. Il se hâte vers la maison en confiant l'enfant justement à Pierre qui le caresse en sortant tout de suite un sifflet de sa ceinture et en disant: “Un pour toi et un pour mon fils. Demain soir, je t'amène le voir. Je me les suis fait faire par un berger à qui j'ai parlé de Jésus.”
Jésus entre dans la maison, salue Judas qui semble tout occupé à ranger la vaisselle, et puis s'en va directement vers une sorte de dépense basse et obscure adossée au four.
“Faites sortir le malade” commande Jésus.
Un pharisien qui n'est pas de Capharnaüm, mais qui a l'air plus maussade encore que les pharisiens du pays, dit: “Ce n'est pas un malade, c'est un possédé.”
“C'est toujours une maladie de l'esprit…”
“Mais lui a les yeux et la langue liés…”
“C'est toujours une maladie de l'esprit qui étend la possession aux membres et aux organes. Si tu m'avais laissé achever, tu aurais su ce que cela voulait dire. Même la fièvre est dans le sang quand on est malade mais, à partir du sang, elle attaque telle ou telle partie du corps.”
Le pharisien ne sait que répliquer et se tait.
Le possédé a été conduit en face de Jésus. Inerte, comme l'a bien dit Mathieu. Il est très gêné par le démon. Les gens pendant ce temps viennent nombreux. C'est incroyable comment aux heures, je dirais de distraction, les gens ont vite fait d'accourir là où il y a quelque chose à voir. Il y a maintenant les notables de Capharnaüm, parmi lesquels les quatre pharisiens, il y a Jaïre, et dans un coin, avec l'excuse de veiller sur l'ordre, il y a le centurion romain et avec lui des citoyens d'autres villes.
“Au nom de Dieu, quitte les pupilles et la langue de cet homme! Je le veux! Délivre de toi cette créature! Il ne t'est plus permis de la tenir. Va-t-en!” crie Jésus qui tend les mains en commandant.
Le miracle commence par un hurlement de rage du démon et se termine par un cri de joie de celui qui a été délivré qui crie: “Fils de David! Fils de David! Saint, et Roi!”
“Comment fait-il pour savoir qui est celui qui l'a guéri?” demande un scribe.
“Mais tout cela, c'est de la comédie! Ces gens sont payés pour la faire!” dit un pharisien en haussant les épaules.
“Mais par qui? S'il est permis de vous le demander” interroge Jaïre.
“Même par toi.”
“Et dans quel but?”
“Pour rendre célèbre Capharnaüm.”
“Ne rabaisse pas ton intelligence en disant des sottises et ne souille pas ta langue par des mensonges. Tu sais que ce n'est pas vrai, et tu devrais comprendre que tu dis une sottise. Ce qui est arrivé ici est arrivé dans beaucoup d'endroits en Israël. Alors partout il y en a qui paie? En vérité je ne savais pas qu'en Israël le petit peuple était très riche! Parce que vous, et avec vous tous les grands, vous ne payez certainement pas pour cela. Alors c'est le petit peuple qui paie, lui qui est le seul qui aime le Maître.”
“Tu es chef de la synagogue et tu l'aimes. Ici, il y a Manaën et, à Béthanie, il y a Lazare de Théophile. Ceux-ci ne sont pas du petit peuple.”
“Mais ils sont honnêtes, et moi aussi et nous n'escroquons personne, en rien. Et encore moins dans les choses de la foi. Nous autres, nous ne nous le permettons pas car nous craignons Dieu et nous avons compris que ce qui plaît à Dieu c'est l'honnêteté.”
Les pharisiens tournent le dos à Jaïre et s'en prennent aux parents de l'homme guéri: “Qui vous a dit de venir ici?”
“Qui? Beaucoup de gens, déjà guéris ou leurs parents.”
“Mais, que vous ont-ils donné?”
“Donné? L'assurance que Lui l'aurait guéri.”
“Mais était-il vraiment malade?”
“Oh! Esprits sournois! Vous croyez que tout ceci est une feinte? Allez à Gadara et, si vous ne croyez pas, informez-vous du malheur de la famille Anna d'Ismaël.”
Les gens de Capharnaüm, indignés, manifestent bruyamment alors que des galiléens, venus des environs de Nazareth, disent: “Et pourtant, c'est le fils du menuisier Joseph!”
Les habitants de Capharnaüm, fidèles à Jésus, crient: “Non. C'est celui qu'il se dit et que l'homme guéri a appelé: "Fils de Dieu et Fils de David".”
“Mais n'exaltez pas davantage le peuple avec vos affirmations!” dit un scribe avec mépris.
“Et qui est-il alors, selon vous?”
“Un Belzébuth!”
“Oh! Langues de vipères! Blasphémateurs! Possédés! Cœurs aveugles! Notre ruine! Même la joie du Messie, vous voudriez nous l'enlever, hein? Usuriers! Cailloux arides!” Un beau vacarme!
Jésus, qui s'était retiré à la cuisine pour boire un peu d'eau, se présente sur le seuil juste à temps pour entendre, une fois encore, la sotte accusation que ressassent les pharisiens: “Ce n'est qu'un Belzébuth, puisque les démons Lui obéissent. Le grand Belzébuth son père, l'aide et il ne chasse les démons que par l'influence de Belzébuth, prince des démons.”
Jésus descend les deux marches du seuil et s'avance tout droit, sévère et calme en s'arrêtant justement en face du groupe scribo-pharisaïque. En les fixant d'un regard perçant il dit: “Même sur la terre, nous voyons qu'un royaume divisé en factions opposées devient intérieurement faible qu'on attaque facilement et que les états voisins dévastent pour en faire leur esclave. Sur la terre aussi, nous voyons qu'une cité divisée en factions contraires perd sa prospérité, et il en est de même d'une famille dont les membres sont divisés entre eux par la haine. Elle s effrite et devient un émiettement qui ne sert à personne et qui fait rire ses concitoyens. La concorde n'est pas seulement un devoir, mais une habilité, car elle garde les hommes indépendants, forts et aimants. C'est à cela que devraient réfléchir les patriotes, les gens de la même cité ou les membres d'une même famille quand, par le désir d'un intérêt particulier, ils se trouvent portés à des séparations et à des vexations qui sont toujours dangereuses parce qu'elles opposent les groupes les uns aux autres et détruisent les affections.
C'est cette habileté, en fait, que mettent en œuvre ceux qui sont les maîtres du monde. Observez Rome dans son indéniable puissance, si pénible pour nous. Elle domine le monde, mais elle est unie dans un même dessein, une seule volonté: "dominer". Même parmi eux, il y aura certainement des divergences, des antipathies, des révoltes. Mais cela reste au fond. A la surface c'est un seul bloc, sans failles, sans turbulences. Ils veulent tous la même chose et réussissent parce qu'ils la veulent. Et ils réussiront tant qu'ils voudront la même chose.
Regardez cet exemple humain d'une habile cohésion et pensez: si ces enfants du siècle sont ainsi, qu'est-ce que ne sera pas Satan? Eux, pour nous, sont des satans, mais leur satanique de païens n'est rien en comparaison du satanisme parfait de Satan et de ses démons. Là, dans ce royaume éternel, sans siècles, sans fin, sans limite de ruse et de méchanceté, là où on jouit de nuire à Dieu et aux hommes et où leur respiration est de nuire, leur douloureuse jouissance, unique, atroce avec une perfection maudite, s'est opérée la fusion des esprits unis dans une seule volonté: "nuire".
Maintenant si, comme vous voulez le soutenir pour faire douter de ma puissance, Satan est celui qui m'aide parce que Moi je suis un Belzébuth inférieur, n'arrive-t-il pas que Satan est en désaccord avec lui-même et avec ses démons s'il chasse ceux-ci de ses possédés? Et s'il y a désaccord, son royaume pourra-t-il jamais durer? Non, cela n'est pas. Satan est tout ce qu'il y a de plus fourbe et ne se nuit pas à lui-même. Lui vise à étendre et non pas à réduire son royaume dans les cœurs. Sa vie, c'est de "dérober, nuire, mentir, blesser, troubler". Dérober les âmes à Dieu et la paix aux hommes. Nuire aux créatures du Père en Lui donnant un grand chagrin. Mentir pour dévoyer. Blesser pour jouir. Troubler parce qu'il est le Désordre. Et il ne peut changer. Il est éternel en son être et dans ses méthodes.
Mais répondez à cette question: si Moi je chasse les démons au nom de Belzébuth, au nom de qui vos fils les chassent-ils? Vous voudrez reconnaître alors qu'eux aussi sont des Belzébuth? Maintenant, si vous le dites, eux verront en vous des calomniateurs. Et si leur sainteté est telle qu'ils ne réagissent pas à l'accusation, vous vous jugerez par vous-mêmes en avouant qu'il y a beaucoup de démons en Israël, et Dieu vous jugera au nom des fils d'Israël accusés d'être des démons. Car, d'où que vienne le jugement, eux, au fond, seront vos juges, là où le jugement n'est pas suborné par des influences humaines.
Si, ensuite, comme il est vrai, je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, c'est donc la preuve qu'est arrivé à vous le Royaume de Dieu et le Roi de ce Royaume. Ce Roi a une puissance telle qu'aucune force opposée à son Royaume ne peut lui résister. C'est pour cela que j'attache et contrains ceux qui sont les usurpateurs des fils de mon Royaume à sortir des endroits qu'ils occupent et à me rendre leur proie pour que j'en prenne possession. Est-ce que par hasard ce n'est pas ce que fait quelqu'un qui veut entrer dans une maison habitée par un homme fort pour lui enlever ses biens, bien ou mal acquis? C'est ainsi qu'il fait. Il entre et le ligote et, après l'avoir fait, il peut piller la maison. Moi, je ligote l'ange des ténèbres qui a pris ce qui m'appartient et je lui enlève le bien qu'il m'a dérobé. Et Moi seul je peux le faire, parce que je suis le seul Fort, le Père du siècle à venir, le Prince de la Paix.”
“Explique-nous ce que tu veux dire quand tu dis: "Père du siècle à venir". Crois-tu vivre jusqu'au nouveau siècle et, plus sottement encore, penses-tu créer le temps? Toi, pauvre homme? Le temps appartient à Dieu” demande un scribe.
“Et c'est toi, scribe, qui me le demandes? Ne sais-tu donc pas qu'il y aura un siècle qui aura un commencement et qui n'aura pas de fin, et qui sera le mien? C'est en lui que je triompherai, rassemblant autour de Moi ceux qui sont ses fils et eux vivront éternellement comme ce siècle que j'aurai créé, et déjà je suis en train de le créer en mettant l'esprit en valeur, au-dessus de la chair et au-dessus du monde et au-dessus des enfers que je chasse parce que je peux tout.
Pour ce motif, je vous dis que celui qui n'est pas avec Moi est contre Moi et que celui qui ne rassemble pas avec Moi, disperse. Parce que je suis Celui qui suis. Et celui qui ne croit pas à cela, qui est déjà prophétisé, pèche contre l'Esprit Saint dont la parole a été dite par les prophètes, et qui n'est ni mensonge ni erreur, et qui doit être crue sans résistance.
Parce que je vous le dis: tout sera pardonné aux hommes, tout péché et tout blasphème, parce que Dieu sait que l'homme n'est pas seulement esprit mais chair, et chair tentée qui est soumise à des faiblesses imprévues. Mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas pardonné. Qui aura parlé contre le Fils de l'homme sera encore pardonné parce que la pesanteur de la chair qui enveloppe ma Personne et enveloppe l'homme qui parle contre Moi, peut encore induire en l'erreur. Mais celui qui aura parlé contre l'Esprit Saint ne sera pas pardonné ni dans cette vie, ni dans la vie future, parce que la Vérité est ce qu'elle est: nette, sainte, indéniable et exprimée à l'esprit d'une manière qui ne conduit pas à l'erreur, en ce sens que commettent l'erreur ceux qui volontairement veulent l'erreur. Nier la Vérité dite par l'Esprit Saint, c'est nier la Parole de Dieu et l'Amour que cette parole a donné par amour pour les hommes. Et le péché contre l'Amour n'est pas pardonné.
Mais chacun donne les fruits de son arbre. Vous donnez les vôtres et ce ne sont pas de bons fruits. Si vous donnez un arbre bon pour qu'il soit planté dans le verger, il donnera de bons fruits, mais si vous donnez un arbre mauvais, mauvais sera le fruit qu'on cueillera sur lui, et tout le monde dira: "C'est arbre n'est pas bon". Car c'est à ses fruits que l'on reconnaît l'arbre.
Et vous, comment croyez-vous pouvoir bien parler, vous qui êtes mauvais? Car la bouche parle de ce qui remplit le cœur. Et c'est de la surabondance de ce que nous avons en nous que proviennent nos actes et nos paroles. L'homme bon tire de son bon trésor des choses bonnes. L'homme mauvais tire de son trésor des choses mauvaises. Il parle, il agit d'après ce qu'il a en son intérieur.
Et en vérité, je vous dis que la paresse est une faute, mais mieux vaut ne rien faire que de faire des choses mauvaises. Et je vous dis aussi qu'il vaut mieux se taire que de tenir des propos oiseux et méchants. Même si le silence est oisiveté, pratiquez-le plutôt que de pécher par la langue. Je vous assure que de toute parole dite par oisiveté, on demandera aux hommes de se justifier au jour du Jugement, et je vous dis que les hommes seront justifiés par les paroles qu'ils auront dites et que c'est par leurs paroles qu'ils seront condamnés. Attention, par conséquent, vous qui en dites tant qui sont plus que oiseuses, parce que non seulement elles sont oiseuses, mais font du mal, et dans le but d'éloigner les cœurs de la Vérité qui vous parle.”
Les pharisiens se consultent avec les scribes, et puis tous ensemble, faisant semblant d'être polis, ils demandent: “Maître, il est plus facile de croire à ce que l'on voit. Donne-nous donc un signe pour que nous puissions croire que tu es ce que tu dis être.”
“Est-ce que vous vous rendez compte qu'en vous se trouve le péché contre l'Esprit Saint qui a indiqué à plusieurs reprises que je suis le Verbe Incarné? Verbe et Sauveur, venu au temps marqué, précédé et suivi par des signes prophétiques, opérant ce que dit l'Esprit.”
Ils répondent: “Nous croyons à l'Esprit, mais comment pouvons-nous croire en Toi si, de nos yeux, nous ne voyons pas un signe?”
“Comment alors pouvez-vous croire à l'esprit dont les actions sont spirituelles si vous ne croyez pas aux miennes qui sont sensibles pour vos yeux? Ma vie en est pleine. Cela ne suffit pas encore? Non. Je réponds Moi-même que non. Ce n'est pas suffisant. A cette génération adultère et perverse qui cherche un signe, il ne sera donné qu'un signe: celui du prophète Jonas. En effet, comme Jonas est resté trois jours dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l'homme restera trois jours dans les entrailles de la terre. En vérité, je vous dis que les Ninivites ressusciteront le jour du Jugement avec tous les hommes et ils se lèveront contre cette génération et la condamneront. Car ils ont fait pénitence à la voix du prophète Jonas et vous pas. Et ici il y a quelqu'un qui est plus que Jonas. Et ainsi ressuscitera et se dressera contre vous la Reine du Midi et elle vous condamnera, parce qu'elle est venue des confins de la terre pour entendre la Sagesse de Salomon. Et ici, il y a quelqu'un qui est plus que Salomon.”
“Pourquoi dis-tu que cette génération est adultère et perverse? Elle ne l'est pas plus que les autres. Il y a les mêmes saints qu'il y avait dans les autres. La société d'Israël n'a pas changé. Tu nous offenses.”
“C'est vous qui vous offensez de vous-mêmes en nuisant à vos âmes, car vous les éloignez de la Vérité, et du Salut par conséquent. Mais je vais vous répondre quand même. Cette génération n'est sainte que dans ses vêtements et son extérieur. Intérieurement elle n'est pas sainte. Il y a en Israël les mêmes noms pour désigner les mêmes choses, mais il n'y a pas la réalité des choses. Ce sont les mêmes coutumes, les mêmes vêtements et les mêmes rites, mais il leur manque l'esprit. Vous êtes adultères parce que vous avez répudié le mariage spirituel avec la Loi divine, et dans une seconde union adultère, vous avez épousé la loi de Satan. Vous n'êtes circoncis que dans un membre caduc. Le cœur n'est plus circoncis. Et vous êtes mauvais parce que vous vous êtes vendus au Mauvais.
J'ai parlé.”
“Tu nous offenses trop, mais pourquoi, s'il en est ainsi, ne délivres-tu pas Israël du démon pour qu'il devienne saint?”
“Israël en a-t-il la volonté? Non. Ils l'ont, ces pauvres qui viennent pour être délivrés du démon parce qu'ils le sentent en eux comme un fardeau et une honte. Vous vous ne ressentez pas cela. Et c'est inutilement que vous en seriez délivrés, parce que, n'ayant pas la volonté de l'être, vous seriez tout de suite repris et d'une manière encore plus forte. Quand un esprit immonde est sorti d'un homme, il erre dans des lieux arides pour chercher du repos et ne le trouve pas. Notez qu'il ne s'agit pas de lieux matériellement arides. Ils sont arides parce qu'ils lui sont hostiles en ne l'accueillant pas, comme la terre aride est hostile à la semence. Alors il dit: "Je reviendrai à ma maison d'où j'ai été chassé de force et contre sa volonté. Et je suis certain qu'il m'accueillera et me donnera le repos". En effet, il revient vers celui qui lui appartenait et souvent il le trouve disposé à l'accueillir parce que, je vous le dis en vérité, que l'homme a plutôt la nostalgie de Satan que celle de Dieu, et si Satan ne s'empare pas de ses membres par une autre possession, il se lamente. Il s'en va donc, et il trouve la maison vide, balayée, ornée, parfumée par la pureté. Alors il va prendre sept autres démons parce qu'il ne veut plus la perdre et, avec ces sept esprits pires que lui, il y entre et s'y établissent tous. Et ce second état de quelqu'un qui s'est converti une première fois et qui s'est perverti une seconde fois est pire que le premier. Car le démon peut apprécier à quel point cet homme est affectionné à Satan et ingrat envers Dieu et parce qu'aussi Dieu ne revient pas là où on a piétiné ses grâces, et ceux qui ont déjà éprouvé une possession rouvrent leurs bras à une possession plus forte. La rechute dans le satanisme est pire qu'une rechute dans une phtisie mortelle déjà guérie une première fois. Elle n'est plus susceptible d'amélioration ni de guérison. Ainsi en sera-t-il aussi de cette génération qui, convertie par le Baptiste, a voulu de nouveau être pécheresse parce qu'elle est affectionnée au Mauvais et non pas à Moi.”
Une rumeur qui ne vient pas d'une approbation ou d'une protestation court à travers la foule qui se presse maintenant si nombreuse que la rue est pleine outre le jardin et la terrasse. Il y a des gens à cheval sur le muret, d'autres qui sont sur le figuier du jardin et sur les arbres des jardins voisins, car tout le monde veut entendre la discussion entre Jésus et ses ennemis. La rumeur, comme un flot qui arrive du large au rivage, arrive de bouche en bouche jusqu'aux apôtres qui sont le plus près de Jésus, c'est-à-dire Pierre, Jean, le Zélote et les fils d'Alphée. Les autres, en effet, sont les uns sur la terrasse, les autres dans la cuisine, sauf Judas Iscariote qui est sur la route, parmi la foule.
Et Pierre, Jean, le Zélote et les fils d'Alphée saisissent cette rumeur et disent à Jésus: “Maître, il y a ta Mère et tes frères. Ils sont là dehors, sur la route, et ils te cherchent car ils veulent te parler. Donne l'ordre à la foule de s'écarter pour qu'ils puissent venir vers Toi, parce que c'est sûrement un motif important qui les a amenés jusqu'ici pour te chercher.”
Jésus lève la tête et voit, derrière les gens, le visage angoissé de sa Mère qui lutte pour ne pas pleurer pendant que Joseph d'Alphée lui parle tout excité, et il voit les signes de dénégation de sa Mère, répétés, énergiques, malgré l'insistance de Joseph. Il voit aussi le visage embarrassé de Simon qui est visiblement affligé, dégoûté… Mais Jésus ne sourit pas et ne donne pas d'ordre. Il laisse l'Affligée à sa douleur et ses cousins là où ils sont.
Il abaisse les yeux sur la foule et, répondant aux apôtres qui sont près de Lui, il répond aussi à ceux qui sont loin et qui essaient de faire valoir le sang plus que le devoir. “Qui est ma Mère? Qui sont mes frères?” Il tourne son regard sévère, dans son visage qui pâlit à cause de la violence qu'il doit se faire pour placer le devoir au-dessus de l'affection et du sang et pour désavouer le lien qui l'attache à la Mère, pour servir le Père et il dit, en désignant d'un large geste la foule qui s'empresse autour de Lui, à la lumière rouge des torches et à celle argentée de la lune presque pleine: “Voici ma mère et voici mes frères. Ceux qui font la volonté de Dieu sont mes frères et mes sœurs, ils sont ma mère. Je n'en ai pas d'autres. Et les miens seront tels si les premiers et avec une plus grande perfection que tous les autres ils feront la volonté de Dieu jusqu'au sacrifice total de toute autre volonté ou voix du sang et des affections.”
La foule fait entendre un murmure plus fort, comme celle d'une mer soudain soulevée par le vent.
Les scribes se mettent à fuir en disant: “C'est un possédé! Il renie jusqu'à son sang!”
Les parents avancent en disant: “C'est un fou! Il torture jusqu'à sa Mère!”
Les apôtres disent: “En vérité cette parole est toute héroïsme!”
La foule dit: “Comme il nous aime!”
A grand-peine, Marie avec Joseph et Simon fendent la foule.
Marie n'est que douceur, Joseph absolument furieux, Simon embarrassé. Ils arrivent près de Jésus.
Et Joseph l'attaque tout de suite: “Tu es fou! Tu offenses tout le monde. Tu ne respectes pas même ta Mère. Mais, maintenant, je suis ici, moi, et je t'en empêcherai. Est-il vrai que tu vas comme ouvrier çà et là? Et alors, si c'est vrai, pourquoi ne travailles-tu pas dans ta boutique pour nourrir ta Mère? Pourquoi mens-tu en disant que ton travail c'est la prédication, paresseux et ingrat que tu es, si ensuite tu vas travailler pour de l'argent dans une maison étrangère? Vraiment, tu me sembles possédé par un démon qui te fait divaguer. Réponds!”
Jésus se retourne et prend par la main le petit Joseph, l'approche près de Lui et le lève en le prenant par dessous les bras et dit: “Mon travail a été de donner à manger à cet innocent et à ses parents et de les persuader que Dieu est bon. Il a été de prêcher à Corozaïn l'humilité et la charité. Et pas seulement à Corozaïn, mais aussi à toi, Joseph, frère injuste. Mais Moi, je te pardonne parce que je sais que tu as été mordu par les dents de serpent. Et je te pardonne aussi à toi, Simon inconstant. Je n'ai rien à pardonner à ma Mère ni à me faire pardonner par elle parce qu'Elle juge avec justice. Que le monde fasse ce qu'il veut. Moi, je fais ce que Dieu veut et, avec la bénédiction du Père et de ma Mère, je suis heureux plus que si le monde entier m'acclamait roi selon le monde. Viens, Mère, ne pleure pas. Eux ne savent pas ce qu'ils font. Pardonne-leur.”
“Oh! mon Fils! Je sais. Tu sais. Il n'y a rien d'autre à dire…”
“Il n'y a rien d'autre à dire aux gens que ceci: "Allez en paix".”
Jésus bénit la foule puis, tenant Marie de la main droite et de la gauche l'enfant, il se dirige vers l'escalier et le monte le premier.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie  http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 21 février 2016, Deuxième dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 17,1-9. 
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les conduisit à l'écart, sur une haute montagne.
Et il se transfigura devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
Et voilà que Moïse et Elie leur apparurent, conversant avec lui.
Prenant la parole, Pierre dit à Jésus : " Seigneur, il nous est bon d'être ici ; si vous le voulez, je ferai ici trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie. "
Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit, et voilà que du sein de la nuée une voix dit : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances : écoutez-le. "
En entendant, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d'une grande frayeur.
Et Jésus, s'approchant, les toucha et dit : " Levez-vous, ne craignez point. "
Levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.
Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit ce commandement : " Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. "
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 5, chap 37, p 247 - CD5, piste 94 -
Jésus s'arrête et dit: “Que Pierre, Jean et Jacques de Zébédée viennent avec Moi sur la montagne. Vous autres disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être de nouveau à Nazareth. Ne vous éloignez donc pas. La paix soit avec vous.” Et s'adressant aux trois qu'il a appelés, il dit: “Allons.” Et il commence la montée sans plus se retourner en arrière et d'un pas si rapide que Pierre a du mal à le suivre.A un arrêt Pierre, rouge et en sueur, Lui demande hors d'haleine: “Mais où allons-nous? Il n'y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux-tu aller prêcher là?” “J'aurais pris l'autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n'irons pas à la forteresse et ceux qui y sont ne nous verront même pas. Je vais m'unir à mon Père et je vous ai voulu avec Moi, parce que je vous aime. Allons, vite!” “Oh! mon Seigneur! Ne pourrions-nous marcher un peu plus doucement et parler de ce que nous avons entendu et vu hier et qui nous a tenus éveillés toute la nuit pour en parler?” “Aux rendez-vous de Dieu il faut toujours se rendre rapidement. Allons, Simon Pierre! Là-haut, je vous ferai reposer.” Et il reprend la montée… (Jésus dit: “Joignez ici la Transfiguration que tu as eue le 5 Août 1944, mais sans la dictée qui lui est jointe. Après avoir fini de copier la Transfiguration de l'an dernier, P.M. copiera ce que je te montre maintenant.”) Je suis avec mon Jésus sur une haute montagne. Avec Jésus, il y a Pierre, Jacques et Jean. Ils montent encore plus haut et le regard se porte vers des horizons ouverts dont une belle et tranquille journée permet de voir nettement les détails jusque dans les lointains.La montagne ne fait pas partie d'un ensemble montagneux comme celui de la Judée, elle s'élève isolée et, par rapport à l'endroit où nous nous trouvons, elle a l'orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière à l'ouest la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas.Elle est très élevée et l'œil peut découvrir un large horizon. Le lac de Génésareth semble un morceau de ciel descendu pour s'encadrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée dans des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l'agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement penchées vers l'onde azurine, vraiment avec la grâce du vol d'un alcyon qui survole l'eau à la recherche d'une proie. Puis, voilà que de l'immense turquoise sort une veine, d'un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus sombre là où les rives se rapprochent et où l'eau est plus profonde et plus sombre à cause de l'ombre qu'y projettent les arbres qui croissent vigoureux près du fleuve qui les nourrit de sa fraîcheur. Le Jourdain semble un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine. Des petits villages sont disséminés à travers la plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d'autres sont plus vastes, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans la verdure. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y voit les diverses cultures avec leurs différentes couleurs riant au beau soleil qui descend du ciel serein.Ce doit être le printemps, peut-être mars, si je tiens compte de la latitude de la Palestine, car je vois les blés déjà grands, mais encore verts, qui ondulent comme une mer glauque, et je vois les panaches des plus précoces parmi les arbres à fruits qui étendent des nuées blanches et rosées sur cette petite mer végétale, puis les prés tout en fleurs avec le foin qui a déjà poussé, dans lesquels les brebis qui paissent semblent des tas de neige amoncelée un peu partout sur la verdure.Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment la base, des collines basses et de peu d'étendue, se trouvent deux petites villes, l'une vers le sud et l'autre vers le nord. La plaine très fertile s'étend particulièrement et avec plus d'ampleur vers le sud.Jésus, après un court arrêt à l'ombre d'un bouquet d'arbres, qu'il a certainement accordé par pitié pour Pierre qui dans les montées fatigue visiblement, reprend l'ascension. Il va presque sur la cime, là où se trouve un plateau herbeux que limite un demi-cercle d'arbres du côté de la côte.“Reposez-vous, amis, je vais là-bas pour prier” et il montre de la main un énorme rocher, un rocher qui affleure de la montagne et qui se trouve par conséquent non vers la côte mais vers l'intérieur, vers le sommet.Jésus s'agenouille sur l'herbe et appuie sa tête et ses mains au rocher, dans la pose qu'il aura aussi dans sa prière au Gethsémani. Le soleil ne le frappe pas, car la cime Lui donne de l'ombre. Mais le reste de l'emplacement couvert d'herbe est tout égayé par le soleil jusqu'à la limite de l'ombre du bouquet d'arbres sous lequel se sont assis les apôtres.Pierre enlève ses sandales, en secoue la poussière et les petits cailloux et il reste ainsi, déchaussé, ses pieds fatigués dans l'herbe fraîche, presque allongé, la tête sur une touffe d'herbe qui dépasse et lui sert d'oreiller.Jacques l'imite, mais pour être plus à l'aise, il cherche un tronc d'arbre pour s'y appuyer le dos couvert de son manteau.Jean reste assis et observe le Maître. Mais le calme de l'endroit, le petit vent frais, le silence et la fatigue viennent aussi à bout de lui, et sa tête tombe sur la poitrine et les paupières sur ses yeux. Aucun des trois ne dort profondément, mais ils sont sous le coup de cette somnolence estivale qui les étourdit.Ils sont éveillés par une clarté si vive qu'elle fait évanouir celle du soleil et qui se propage et pénètre jusque sous la verdure des buissons et des arbres sous lesquels ils se sont installés.Ils ouvrent leurs yeux étonnés et ils voient Jésus transfiguré. Il est maintenant tel que je le vois dans les visions du Paradis, naturellement sans les Plaies et sans la bannière de la Croix, mais la majesté du visage et du corps est pareille, pareille en est la clarté et pareil le vêtement qui est passé d'un rouge foncé à un tissu immatériel de diamant et de perles qui est son vêtement au Ciel. Son visage est un soleil qui émet une lumière sidérale, mais très intense, et ses yeux de saphir y rayonnent. Il semble encore plus grand, comme si sa gloire avait augmenté sa taille. Je ne saurais dire si la clarté, qui rend phosphorescent même le plateau, provient toute entière de Lui ou bien si à sa clarté propre se mélange toute celle qu'a concentrée sur son Seigneur toute la lumière qui existe dans l'Univers et dans les Cieux. Je sais que c'est quelque chose d'indescriptible.Jésus est maintenant debout, je dirais même qu'il est au-dessus de la terre car entre Lui et la verdure du pré il y a une sorte de vapeur lumineuse, un espace fait uniquement de lumière et sur lequel il semble qu'il se dresse. Mais elle est si vive que je pourrais me tromper et l'impossibilité de voir le vert de l'herbe sous les pieds de Jésus pourrait venir de cette lumière intense qui vibre et produit des ondes, comme on le voit parfois dans les incendies. Des ondes, ici, d'une couleur blanche incandescente. Jésus reste le visage levé vers le ciel et il sourit à une vision qui le transporte.Les apôtres en ont presque peur, et ils l'appellent, car il ne leur semble plus que ce soit leur Maître tant il est transfiguré. “Maître! Maître!” appellent-ils doucement mais d'une voix angoissée.Lui n'entend pas.“Il est en extase” dit Pierre tout tremblant. “Que peut-il bien voir?”Les trois se sont levés. Ils voudraient s'approcher de Jésus, mais ils ne l'osent pas.La lumière augmente encore avec deux flammes qui descendent du ciel et se placent aux côtés de Jésus. Quand elles sont arrêtées sur le plateau, leur voile s'ouvre et il en sort deux personnages majestueux et lumineux. L'un est plus âgé, au regard perçant et sévère et avec une longue barbe séparée en deux. De son front partent des cornes de lumière qui m'indiquent que c'est Moïse. L'autre est plus jeune, amaigri, barbu et poilu, à peu près comme le Baptiste auquel je dirais qu'il ressemble pour la taille, la maigreur, la conformation et la sévérité. Alors que la lumière de Moïse est d'une blancheur éclatante comme celle de Jésus, surtout pour les rayons du front, celle qui émane d'Élie ressemble à la flamme vive du soleil.Les deux Prophètes prennent une attitude respectueuse devant leur Dieu Incarné et bien que Jésus leur parle familièrement ils n'abandonnent pas leur attitude respectueuse. Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent.Les trois apôtres tombent à genoux, tremblants, le visage dans les mains. Ils voudraient regarder, mais ils ont peur. Finalement Pierre parle: “Maître, Maître! Écoute-moi.” Jésus tourne les yeux en souriant vers son Pierre qui s'enhardit et dit: “C'est beau d'être ici avec Toi, Moïse et Élie. Si tu veux, nous faisons trois tentes pour Toi, pour Moïse et pour Élie, et nous nous tiendrons ici pour vous servir…”Jésus le regarde encore et il sourit plus vivement. Il regarde aussi Jacques et Jean, d'un regard qui les embrasse avec amour. Moïse aussi et Élie regardent fixement les trois. Leurs yeux étincellent. Ce doit être comme des rayons qui pénètrent les cœurs.Les apôtres n'osent pas dire autre chose. Effrayés, ils se taisent. Ils semblent un peu ivres et comme stupéfaits. Mais quand un voile qui n'est pas un nuage ni du brouillard, qui n'est pas un rayon, enveloppe et sépare les Trois glorieux derrière un écran encore plus brillant que celui qui les entourait déjà et les cache à la vue des trois, une Voix puissante et harmonieuse vibre et remplit d'elle-même tout l'espace, les trois tombent le visage contre l'herbe.“Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui Je me suis complu. Écoutez-le.”Pierre, en se jetant à plat ventre, s'écrie: “Miséricorde pour moi, pécheur! C'est la Gloire de Dieu qui descend!” Jacques ne souffle mot. Jean murmure avec un soupir, comme s'il allait s'évanouir: “Le Seigneur parle!”Personne n'ose relever la tête, même quand le silence est redevenu absolu. Ils ne voient donc pas non plus le retour de la lumière à son état naturel de lumière solaire pour montrer Jésus resté seul et redevenu le Jésus habituel dans son vêtement rouge. Il marche vers eux en souriant, il les secoue, les touche et les appelle par leurs noms.“Levez-vous! C'est Moi. Ne craignez pas” dit-il, car les trois n'osent pas lever le visage et invoquent la miséricorde de Dieu sur leurs péchés, craignant que ce soit l'Ange de Dieu qui veut les montrer au Très-haut.“Levez-vous, donc. Je vous le commande” répète Jésus avec autorité. Eux lèvent le visage et ils voient Jésus qui sourit.“Oh! Maître, mon Dieu!” s'écrie Pierre. “Comment ferons-nous pour vivre auprès de Toi, maintenant que nous avons vu ta Gloire? Comment ferons-nous pour vivre parmi les hommes et nous, hommes pécheurs, maintenant que nous avons entendu la Voix de Dieu?” “Vous devrez vivre auprès de Moi et voir ma gloire jusqu'à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. Obéissez au Père qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l'homme sera ressuscité d'entre les morts, et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez. Parce qu'alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume.” “Mais Élie ne doit-il pas venir afin de préparer à ton Royaume? Les rabbis le disent.” “Élie est déjà venu et il a préparé les voies au Seigneur. Tout arrive comme il a été révélé. Mais ceux qui enseignent la Révélation ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Ils ne voient pas et ils ne reconnaissent pas les signes des temps et les envoyés de Dieu. Élie est revenu une première fois. Il reviendra une seconde fois quand les derniers temps seront proches pour préparer les derniers à Dieu. Mais maintenant il est venu pour préparer les premiers au Christ, et les hommes n'ont pas voulu le reconnaître, ils l'ont tourmenté et mis à mort. Ils feront la même chose au Fils de l'homme car les hommes ne veulent pas reconnaître ce qui est leur bien.”Les trois penchent la tête, pensifs et tristes, et ils descendent par le chemin par où ils sont montés avec Jésus.… Et c'est encore Pierre qui dit, dans une halte à mi-chemin: “Ah! Seigneur! Je dis moi aussi comme ta Mère hier: "Pourquoi nous as-tu fait cela?" et je dis aussi: "Pourquoi nous as-tu dit cela?" Tes dernières paroles ont effacé de nos cœurs la joie de la vue glorieuse! C'est une grande journée de peur que celle-ci! Ce qui nous a d'abord effrayé, c'est la grande lumière qui nous a éveillés, plus forte que si la montagne avait brûlé, ou que si la lune était descendue pour rayonner sur le plateau, sous nos yeux; puis ton aspect et ta façon de te détacher du sol, comme si tu allais t'envoler. J'ai eu peur que Toi, dégoûté des iniquités d'Israël, tu ne retournes aux Cieux, peut-être sur l'ordre du Très-haut. Puis j'ai eu peur de voir apparaître Moïse que les gens de son temps ne pouvaient regarder sans voile tant resplendissait sur son visage le reflet de Dieu, et c'était un homme, et maintenant c'est un esprit bienheureux et enflammé de Dieu, et Élie… Miséricorde divine! J'ai cru être arrivé à mon dernier moment, et tous les péchés de ma vie, depuis le temps où tout petit je volais des fruits dans le garde-manger du voisin, jusqu'au dernier quand je t'ai mal conseillé ces derniers jours, tous me sont venus à l'esprit. Avec quel tremblement je m'en suis repenti! Puis il m'a semblé que ces deux justes m'aimaient… et j'ai osé parler. Mais même leur amour me faisait peur car je ne mérite pas l'amour de pareils esprits. Et après… et après!… La peur des peurs! La voix de Dieu!… Jéhovah qui a parlé! À nous! Il nous a dit: "Écoutez-le" Toi. Et Il t'a proclamé: "Son Fils Bien-Aimé en qui Il se complaît". Quelle peur! Jéhovah!… à nous!… Certainement il n'y a que ta force qui nous a gardés en vie!… Quand tu nous as touchés et tes doigts brûlaient comme des pointes de feu, j'ai eu la dernière épouvante. J'ai cru que c'était l'heure du jugement et que l'Ange me touchait pour me prendre l'âme et la porter au Très-haut… Mais comment ta Mère a-t-elle fait pour voir… pour entendre… pour vivre, en somme, cette heure dont tu as parlé hier, sans mourir, elle qui était seule, jeune, sans Toi?” “Marie, la Sans Tache, ne pouvait avoir peur de Dieu. Eve n'en eut pas peur tant qu'elle fut innocente. Et il y avait Moi. Moi, le Père et l'Esprit, Nous, qui sommes au Ciel, sur la terre et en tout lieu, et qui avions notre Tabernacle dans le cœur de Marie” dit doucement Jésus.“Quelle chose! Quelle chose!… Mais après tu as parlé de mort… Et toute joie est finie… Mais pourquoi justement à nous trois tout cela? Ce n'était pas bien de la donner à tous cette vision de ta gloire?” “C'est justement parce que vous vous évanouissez en entendant parler de la mort, et mort par supplice, du Fils de l'homme, que l'Homme-Dieu a voulu vous fortifier pour cette heure et pour toujours, par la connaissance anticipée de ce que je serai après la Mort. Rappelez-vous tout cela pour le dire en son temps… Avez-vous compris?” “Oh! oui, Seigneur. Il n'est pas possible d'oublier, et ce serait inutile de le raconter. Ils diraient que nous sommes "ivres".”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie  http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 14 février 2016, Premier dimanche de Carême

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4, 1-11. 
En ce temps-là, Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Et le tentateur, s'approchant, lui dit : " Si vous êtes fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains. "
Il lui répondit : " Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. "
Alors le diable l'emmena dans la ville sainte, et, l'ayant posé sur le pinacle du temple,
il lui dit : " Si vous êtes fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : Il donnera pour vous des ordres à ses anges, et ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre. "
Jésus lui dit : " Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. "
Le diable, de nouveau, l'emmena sur une montagne très élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde, avec leur gloire,
il lui dit : " Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous vous prosternez devant moi.
Alors Jésus lui dit : " Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. "
Alors le diable le laissa, et voilà que des anges s'approchèrent pour le servir.
Extrait de la traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain tridentin.
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 2, Ch 5, p 23 - CD 2 (1er cd), piste 7
Je vois la solitude pierreuse déjà vue à ma gauche dans la vision du Baptême de Jésus au Jourdain. Cependant, je dois y avoir pénétré profondément, parce que, en fait, je ne vois plus le beau fleuve aux eaux lentes et azurées ni la veine verte qui le côtoie sur ses deux rives, alimentée par cette artère aquatique. Ici, rien que la solitude, des pierres, une terre brûlée, réduite à l’état de poussière jaunâtre qu’à chaque instant le vent soulève en petits tourbillons. On dirait le souffle dune bouche fiévreuse tant ils sont secs et brûlants, torturants aussi pour la poussière qu’ils entraînent avec eux dans le nez et la gorge. Çà et là, très rares, des petits buissons épineux dont on ne sait comment ils peuvent résister dans cette désolation. On dirait quelques rares touffes de cheveux sur le crâne d’un homme chauve. Au-dessus, un ciel impitoyablement azuré; en bas le sol aride, autour, des rochers et le silence. C’est tout ce que je vois comme nature. Un énorme rocher forme un embryon de grotte. Assis sur une roche traînée à l’intérieur, Jésus se tient adossé à la paroi. Il s’y repose du soleil brûlant. Celui qui m’avertit intérieurement m’indique que cette roche sur laquelle il est assis lui sert aussi d’agenouilloir et d’oreiller quand il prend quelques heures de repos, enroulé dans son manteau à la lueur des étoiles et dans l’air froid de la nuit. De fait, là tout près, se trouve la besace que je lui ai vu prendre à son départ de Nazareth. C’est tout son avoir et comme elle est flasque, je comprends qu’elle est vide du peu de nourriture qu’y avait mise Marie. Jésus est très maigre et pâle. Il est assis avec les coudes appuyés sur les genoux et les avant-bras portés en avant, les mains jointes avec les doigts entrelacés. Il médite. De temps à autre il lève son regard et le promène alentour et regarde le soleil presque au zénith dans le ciel azuré. De temps en temps et en particulier après avoir regardé les alentours et levé les yeux vers la lumière du soleil, il ferme les yeux et s’appuie sur le rocher qui lui sert d’abri, comme pris de vertige. Je vois apparaître l’horrible gueule de Satan. Il ne se présente pas sous la forme où nous nous le représentons avec cornes, queue, etc. etc. On dirait un Bédouin enveloppé dans son habit et son manteau qui semble un domino de mascarade. Sur la tête, le turban dont les pans lui descendent jusqu’aux épaules pour les abriter, et sur les côtés du visage, de sorte que de ce dernier on ne voit qu’un triangle étroit, très brun avec des lèvres minces et tordues, des yeux très noirs et renfoncés, d’où sortent des éclairs magnétiques. Deux pupilles qui te pénètrent jusqu’au fond du cœur où on ne lit rien, ou une seule parole: mystère. Le contraire de l’œil de Jésus qui vous fascine lui aussi par ses effluves magnétiques qui vous pénètrent jusqu’au cœur mais où on lit aussi que dans son cœur il n’y a que bonté et amour pour toi. Œil de Jésus est pour l’âme une caresse. Œil de Satan est un double poignard qui vous perce et vous brûle. Il s’approche de Jésus: “Tu es seul?” Jésus le regarde sans répondre. “Comment es-tu arrivé ici? Tu t’es perdu?” Jésus le regarde de nouveau et se tait. “Si j’avais de l’eau dans ma gourde, je t’en donnerais. Mais je n’en ai pas. Mon cheval est crevé et je me dirige à pied vers le gué. Là je boirai et je trouverai quelqu’un qui me donne un pain. Je connais la route. Viens avec moi, je te conduirai.” Jésus ne lève plus les yeux. “Tu ne réponds pas? Sais-tu que si tu restes ici tu vas mourir? Déjà le vent se lève. Il va y avoir la tempête. Viens.” Jésus serre les mains dans une muette prière. “Ah! C’est donc bien toi? Depuis le temps que je te cherche! Et maintenant, cela fait si longtemps que je t’observe. Depuis le moment où tu as été baptisé. Tu appelles l’Éternel? Il est bien loin. Maintenant tu es sur terre et au milieu des hommes. Et chez les hommes, c’est moi qui suis roi. Pourtant, tu me fais pitié et je veux t’aider parce que tu es bon et que tu es venu te sacrifier, pour rien. Les hommes te haïront à cause de ta bonté. Ils ne comprennent que or et mangeaille et jouissance. Sacrifice, souffrance, obéissance sont pour eux des paroles mortes, plus mortes que cette terre-ci et ses alentours. Ils sont plus arides encore que cette poussière. Il n’est que le serpent pour se cacher ici en attendant de mordre et aussi le chacal pour te mettre en pièces. Allons, viens. Ils ne méritent pas que l’on souffre pour eux. Je les connais mieux que toi.” Satan s’est assis en face de Jésus. Il le fouille de son regard terrible, et sourit de sa bouche de serpent. Jésus se tait toujours et prie mentalement. “Tu te défies de moi. Tu as tort. Je suis la sagesse de la terre. Je puis te servir de maître pour t’aider à triompher. Vois: l’important, c’est de triompher. Puis, quand on s’est imposé au monde et quand on l’a séduit, alors on le mène où l’on veut. Mais d’abord, il faut être comme il leur plaît, comme eux, les séduire en leur faisant croire que nous les admirons et que nous les suivons dans leurs pensées. Tu es jeune et beau. Commence par la femme. C’est toujours par elle qu’on doit commencer. Je me suis trompé en amenant la femme à la désobéissance. J’aurais dû la conseiller d’une autre manière. J’en aurais fait un meilleur instrument et j’aurais vaincu Dieu. J’ai été trop pressé. Mais Toi! Je t’enseigne car il y a eu un jour où je t’ai regardé avec une joie angélique et un reste de cet amour est demeuré en moi. Mais Toi, écoute-moi et profite de mon expérience. Donne-toi une compagne. Où Toi, tu ne réussiras pas, elle réussira. Tu es le nouvel Adam: Tu dois avoir ton Eve. Et puis, comment peux-tu comprendre et guérir les maladies des sens, si tu ne sais pas ce que c’est. Ne sais-tu pas que la femme est le noyau d’où naît la plante de la passion et de l’orgueil? Pourquoi l’homme veut-il régner? Pourquoi veut-il être riche, puissant? Pour posséder la femme. Elle est comme l’alouette. Elle a besoin d’un scintillement qui l’attire. L’or et la domination sont les deux faces du miroir qui attire les femmes et la cause des maux du monde. Regarde: derrière mille délits d’apparences diverses il y en a neuf cent, au moins, qui ont leur racine dans la faim de la possession de la femme où dans la volonté d’une femme brûlée d’un désir que l’homme ne satisfait pas encore ou ne satisfait plus. Vas vers la femme si tu veux savoir ce qu’est la vie et après, seulement tu sauras soigner et guérir les maux de l’humanité. Elle est belle, tu sais, la femme! Il n’est rien de plus beau au monde. L’homme possède la pensée et la force. Mais la femme! Sa pensée est un parfum, son contact est caresse de fleurs. Sa grâce est un vin enivrant, sa faiblesse est comme un écheveau de soie ou les boucles frisées d’un bébé entre les mains de l’homme. Sa caresse est une force qui se communique à la nôtre et l’enflamme. La souffrance disparaît, et la fatigue, et les soucis quand il se pose auprès une femme. Elle est entre nos bras comme un bouquet de fleurs. Mais, imbécile que je suis! Tu as faim et je te parle de femme. Ta vigueur est épuisée. Pour cette raison, ce parfum de la terre, cette fleur de la création, ce fruit qui donne et suscite l’amour te paraît sans valeur. Mais regarde ces pierres, comme elles sont rondes et polies, dorées sous les rayons du soleil couchant. Ne dirait-on pas des pains? Toi, Fils de Dieu, Tu n’as qu’à dire: "Je le veux", pour qu’elles deviennent un pain odorant, comme celui qu’à cette heure les ménagères tirent du four pour le repas de la famille. Et ces acacias si arides, si Tu le veux, ne peuvent-ils pas se couvrir de fruits délicieux, de dattes sucrées comme le miel? Rassasie-toi, Fils de Dieu. Tu es le Maître de la terre. Elle se penche pour se mettre à tes pieds et apaiser ta faim. Tu vois comme tu pâlis et chancelles, rien qu’à entendre parler de pain. Pauvre Jésus! Es-tu affaibli au point de ne plus pouvoir commander au miracle? Veux-tu que je le fasse pour Toi? Je ne suis pas à ton niveau, mais je puis faire quelque chose. Je me priverai pendant un an de ma force, je la rassemblerai toute, mais je veux te servir parce que Tu es bon et que je me souviens toujours que Tu es mon Dieu, même si maintenant j’ai démérité de te donner ce nom. Aide-moi de ta prière pour que je puisse…” “Tais-toi. "Ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme, mais de toute parole qui vient de Dieu".” Le démon a un sursaut de rage. Il grince des dents et serre les poings, mais il se maîtrise et ses dents se desserrent pour ébaucher un sourire. “Je comprends. Tu es au-dessus des nécessités de la terre et cela te dégoûte de te servir de moi. Je l’ai mérité. Mais, viens alors et vois ce qui se passe dans la Maison de Dieu. Vois comme les prêtres aussi ne se refusent pas à composer entre l’esprit et la chair, parce que, enfin ce sont des hommes et pas des anges. Accomplis un miracle spirituel. Je te porte sur le pinacle du Temple et là-haut, Tu te transfigures en une merveilleuse beauté. Ensuite, appelle les cohortes angéliques et dis leur de te faire de leurs ailes entrelacées une estrade pour tes pieds et de te faire descendre ainsi dans la cour principale. Qu’ils te voient et se rappellent qu’il y a un Dieu. De temps à autre, ces manifestations sont nécessaires parce que l’homme a une mémoire si courte, spécialement pour ce qui est spirituel. Tu sais comme les anges seront heureux de te donner où poser ton pied et une échelle pour que tu descendes!” “"Ne mets pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu" a-t-il été dit.” “Tu comprends que même ton apparition ne changerait pas les choses et que le Temple continuerait d’être marché et corruption. Ta divine sagesse le sait, que les cœurs des ministres du Temple sont un nid de vipères qui s’entre dévorent pour arriver au pouvoir. Il n’y a pour les dompter que la puissance humaine. Alors, viens. Adore-moi. Je te donnerai la terre. Alexandre, Cyrus, César, tous les plus grands conquérants du passé, ou encore vivants seront semblables à de vulgaires chefs de caravanes par rapport à Toi qui auras tous les royaumes de la terre sous ton sceptre et avec les royaumes toutes les richesses, toutes les splendeurs de la terre, et femmes, et chevaux et soldats et temples. Tu pourras élever partout ton Signe quand Tu seras le Roi des Rois et le Seigneur du monde. Alors, Tu seras obéi et respecté par le peuple et le sacerdoce. Toutes les castes t’honoreront et Te serviront parce que Tu seras le Puissant, l’Unique, le Seigneur. Adore-moi un seul instant! Enlève-moi la soif que j’ai d’être adoré! C’est elle qui m’a perdu. Mais elle est restée en moi et me brûle. Les flammes de l’Enfer sont fraîcheur de l’air au matin, en comparaison de cette ardeur qui me brûle au-dedans. C’est mon enfer, cette soif. Un instant, un seul instant, ô Christ, Toi qui es bon! Un instant de joie pour l’Éternel Torturé! Fais-moi éprouver ce que veut dire être Dieu et je te serai dévoué, obéissant comme un esclave pour toute la vie, pour toutes tes entreprises. Un instant! Un seul instant, et je ne te tourmenterai plus!” Et Satan se jette à genoux, suppliant. Jésus s’est mis debout, au contraire. Plus amaigri après ces jours de jeûne, il semble encore plus grand. Son visage est terrible de sévérité et de puissance. Ses yeux sont deux saphirs qui jettent des flammes. Sa voix est un tonnerre qui se répercute dans la cavité du rocher et se répand sur les roches et la terre désolée, quand il dit: “Va-t-en Satan. Il est écrit: "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et serviras Lui seul".” Satan avec un cri déchirant de damné et de haine inexprimable, saute debout, terrible à voir dans sa fureur, dans sa personnalité toute fumante. Et puis il disparaît avec un nouveau hurlement de malédiction. Jésus s’assied, fatigué en appuyant sa tête en arrière contre le rocher. Il paraît à bout. Il sue. Mais des êtres angéliques viennent de leurs ailes renouveler l’air dans la chaleur étouffante de la grotte, la purifiant et la rafraîchissant. Jésus ouvre les yeux et sourit. Je ne le vois pas manger. On dirait qu’il se nourrit du parfum du Paradis et en sort revigoré. Le soleil disparaît au couchant. Jésus prend la besace vide et, accompagné par les anges qui volant au-dessus de Lui lui font une douce lumière, pendant que la nuit tombe très rapidement, il se dirige vers l’Est ou plutôt vers le Nord Est. Il a repris son expression habituelle, sa démarche assurée. Il lui reste seulement comme souvenir de son jeûne prolongé un aspect plus ascétique avec son visage amaigri et pâle et ses yeux ravis dans une joie qui n’est pas de cette terre.  Paroles de Jésus: “Hier, tu n’avais pas la force que te donne ma volonté et tu n’étais en conséquence qu’un être à moitié vivant. J’ai fait reposer tes membres et je t’ai fait faire l’unique jeûne qui te pèse: celui de ma parole. Pauvre Marie! Tu as fait le mercredi des Cendres. En tout tu as senti le goût de la cendre, parce que tu étais sans ton Maître. Je ne manifestais pas ma présence, mais j’étais là. Ce matin, puisque l’angoisse est réciproque, je t’ai murmuré dans ton demi sommeil: “Agneau de Dieu qui portes les péchés du monde, donne-nous la paix”. Je te l’ai fait répéter plusieurs fois et je l’ai répété en même temps. Tu as cru que j’aurais parlé de ce sujet. Non. C’était d’abord le sujet que je t’ai montré et que je t’expliquerai, ensuite, ce soir je t’expliquerai cet autre. Satan, tu l’as vu, se présente toujours avec un extérieur sympathique, sous un aspect ordinaire. Si les âmes sont attentives et surtout en contact spirituel avec Dieu, elles se rendent compte de cette observation qui les rend circonspectes et promptes pour combattre les embûches du démon. Mais si les âmes sont inattentives au divin, séparées de lui par des tendances charnelles qui les envahissent et les rendent sourdes n’utilisant pas le secours de la prière qui les unit à Dieu et fait couler sa force comme par un canal dans le cœur de l’homme, alors elles s’aperçoivent difficilement du piège dissimulé sous une apparence inoffensive et y tombent. S’en dégager après cela est très difficile. Les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l’attrait charnel et la gourmandise. Il commence toujours par le côté matériel de la nature. Après l’avoir démantelé et asservi, il dirige l’attaque vers la partie supérieure. D’abord le côté moral: la pensée avec son orgueil et ses convoitises; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. L’amour divin n’existe déjà plus quand l’homme l’a remplacé par d’autres amours humains. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour arriver aux jouissances qu’il poursuit, pour s’y attacher toujours plus. Comment je me suis comporté, tu l’as vu. Silence et prière. Silence. Car si Satan exerce son entreprise de séduction et cherche à nous circonvenir, on doit le supporter sans sottes impatiences et sans peurs déprimantes, mais réagir avec fermeté à sa présence et par la prière à ses séductions. Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n’y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous, à travers nous, montrer à Satan ce nom et ce Signe, non pas écrits sur un papier ou gravés sur le bois, mais inscrits et gravés dans les cœurs. Mon Nom, mon Signe. Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu’il est comme Dieu en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas. Puis, après la lutte, vient la victoire et les Anges servent le vainqueur et le protègent contre la haine de Satan. Ils le réconfortent avec une rosée céleste, avec la Grâce qu’ils déversent à pleines mains dans le cœur du fils fidèle, avec une bénédiction qui est une caresse pour l’esprit. Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut nous faire du mal. Va en paix. Ce soir je te réjouirai avec le reste.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 7 février 2016, Dimanche de la Quinquagésime

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,31-43. 
En ce temps-là, Jésus prit à part les Douze et leur dit : " Voici que nous montons à Jérusalem, et que s'accomplira tout ce qui fut écrit par les prophètes au sujet du Fils de l'homme.
En effet, il sera livré aux Gentils, sera bafoué, sera outragé, et sera couvert de crachats ;
et, après l'avoir flagellé, on le fera mourir, et il ressuscitera le troisième jour. "
Et eux ne comprirent rien à cela ; c'était pour eux un langage caché et ils ne savaient pas ce qui leur était dit.
Comme il approchait de Jéricho, il se trouva qu'un aveugle était assis sur le bord du chemin, qui mendiait.
Entendant passer la foule, il demanda ce que c'était.
On l'informa que c'était Jésus de Nazareth qui passait.
Et il s'écria : " Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! "
Ceux qui marchaient devant lui commandèrent avec force de faire silence ; mais il criait beaucoup plus fort : " Fils de David, ayez pitié de moi ! "
Jésus, s'étant arrêté, ordonna qu'on le lui amenât ; et quand il se fut approché, il lui demanda :
" Que veux-tu que je te fasse ? " Il dit : " Seigneur, que je voie ! "
Et Jésus lui dit : " Vois ! Ta foi t'a sauvé. "
Et à l'instant il vit, et il le suivait en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, à cette vue donna louange à Dieu.
Extrait de la traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain tridentin. 
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 8, Ch 41, p 359 - CD 8, piste 132
C'est une aube qui nuance à peine sa candeur d'un premier rose d'aurore. Le frais silence de la campagne disparaît de plus en plus en s'embellissant des trilles des oiseaux réveillés.
Jésus sort le premier de la maison de Nique, pousse silencieusement la porte et se dirige vers le verger tout vert où s'égrènent les notes limpides des mésanges et où les merles flûtent leur chant.
Mais il n'y est pas encore arrivé, quand il en sort quatre personnes qui s'avancent vers Lui. Quatre de ceux qui étaient hier dans le groupe inconnu et qui n'avaient pas du tout découvert leurs visages. Ils se prosternent jusqu'à terre, et au commandement et à la question que Jésus leur fait, après les avoir salués de son salut de paix: “Levez-vous! Que voulez-vous de Moi?”, ils se lèvent et rejettent leurs manteaux et leurs couvre-chefs de lin dans lesquels ils avaient gardé caché leurs visages comme autant de bédouins.
Je reconnais le visage pâle et maigre du scribe Joël d'Abia, vu dans la vision de Sabéa. Les autres me sont inconnus jusqu'à ce qu'ils se nomment: “Moi, Judas de Béteron, le dernier des vrais assidéens, amis de Mathatias l'Asmonéen.” “Moi, Éliel, et mon frère Elcana de Bethléem de Juda, frères de Jeanne, ta disciple, et il n'y a pas pour nous de titre plus grand. Absents quand tu étais fort, présents maintenant que tu es persécuté.” “Moi, Joël d'Abia, aux yeux si longtemps aveugles, mais maintenant ouverts à la Lumière.”
“Je vous avais déjà congédiés. Que voulez-vous de Moi?”
“Te dire que… si nous sommes restés couverts, ce n'est pas à cause de Toi, mais…” dit Éliel.
“Allons, parlez!”
“Mais… Parle toi, Joël, car tu es le plus au courant…”
“Seigneur… Ce que je sais est tellement… horrible… Je voudrais que même les mottes ne le sachent pas, n'entendent pas ce que je vais dire…”
“Les mottes en vérité tressailliront. Pas Moi, car je sais ce que tu veux dire. Mais parle quand même…”
“Si tu le sais… permets que mes lèvres ne frémissent pas en disant cette horrible chose. Ce n'est pas que je pense que tu mens en disant que tu sais et que tu veux que je le dise pour savoir, mais vraiment parce que…”
“Oui, parce que c'est une chose qui crie vers le Seigneur. Mais je vais la dire pour persuader tout le monde que je connais le cœur des hommes. Toi, membre du Sanhédrin et conquis à la Vérité, tu as découvert une chose que tu n'as pas su porter par toi-même, car elle est trop grande. Et tu es allé les trouver eux, vrais juifs en lesquels se trouve un esprit uniquement bon, pour leur demander conseil. Tu as bien fait, même si ce que tu as fait ne sert à rien. Le dernier des assidéens serait prêt à répéter le geste de ses pères pour servir le vrai Libérateur, et il n'est pas le seul. Son parent Barzelaï le ferait aussi, et beaucoup avec lui. Et les frères de Jeanne, par amour pour Moi et pour leur sœur, en plus que pour la Patrie, seraient avec lui. Mais ce n'est pas avec les lances et les épées que je triompherai. Entrez complètement dans la Vérité. Mon triomphe sera céleste. Toi, voilà que tu deviens encore plus pâle et plus hâve qu'à l'ordinaire, tu sais qui a présenté les charges contre Moi. Ces charges, si elles sont fausses dans leur esprit, sont vraies dans la matérialité des mots; en vérité j'ai violé le sabbat quand j'ai dû m'enfuir, mon heure n'étant pas encore venue, et quand j'ai arraché des innocents aux voleurs. Je pourrais dire que la nécessité justifie l'acte comme la nécessité justifia David de s'être nourri des pains de proposition. En vérité je me suis réfugié en Samarie, même si, mon heure étant venue et ayant reçu la proposition des samaritains de rester près d'eux comme Pontife, j'ai refusé les honneurs et la sécurité pour rester fidèle à la Loi, même quand cela voulait dire me livrer aux ennemis. Il est vrai que j'aime les pécheurs et les pécheresses au point de les arracher au péché. Il est vrai que j'annonce la ruine du Temple, même si mes paroles ne sont que la confirmation du Messie aux paroles de ses prophètes. Celui qui fournit ces accusations et d'autres, et fait, même des miracles, un motif d'accusation, et s'est servi de toutes les choses de la Terre pour essayer de m'entraîner dans le péché et pour pouvoir ajouter d'autres accusations aux premières, celui-là est un de mes amis. Cela aussi a été dit par le roi prophète, dont je descends par ma Mère: "Celui qui mangeait mon pain a levé contre Moi son talon". Je le sais. Je ne puis empêcher que lui accomplisse le crime - désormais… sa volonté s'est donnée à la Mort, et Dieu ne violente pas la liberté de l'homme - mais qu'au moins… oh! qu'au moins le déchirement de l'horreur accomplie le jette repenti aux pieds de Dieu… Pour cela je mourrais deux fois. C'est pour cela que toi, Judas de Béteron, tu as averti hier Manaën de se taire, car le serpent était présent et pouvait faire du tort au disciple en même temps qu'au Maître. Non. Seul le Maître sera frappé. Ne craignez pas. Ce ne sera pas à cause de Moi que vous aurez peines et malheurs. Mais c'est à cause du crime de tout un peuple, que vous aurez tous ce qui a été dit par les prophètes. Ma malheureuse, malheureuse Patrie! Malheureuse terre qui connaîtra le châtiment de Dieu! Malheureux habitants et enfants que maintenant je bénis et que je voudrais sauver et qui, bien qu'innocents, connaîtront, une fois adultes, la morsure du plus grand malheur. Regardez-la votre terre florissante, belle, verte et fleurie comme un merveilleux tapis, fertile comme un Eden… Imprimez-vous-en la beauté dans le cœur, et puis… quand je serai retourné là d'où je suis venu… fuyez. Fuyez tant qu'il vous sera possible de le faire, avant que comme un rapace d'enfer la désolation de la ruine se répande ici et abatte et détruise et rende stérile et brûle, plus qu'à Gomorrhe, plus qu'à Sodome… Oui, plus que là où il n'y eut qu'une mort rapide. Ici… Joël, te rappelles-tu Sabéa? Elle a prophétisé une dernière fois l'avenir du Peuple de Dieu qui n'a pas voulu du Fils de Dieu.”
Les quatre sont tout abasourdis. La peur de l'avenir les rend muets. Enfin Éliel parle: “Tu nous conseilles?…”
“Oui. Partez. Il n'y aura plus rien ici qui vaille la peine de retenir les fils du peuple d'Abraham. Et d'ailleurs, vous spécialement, les notables, on ne vous laissera pas… Les puissants, faits prisonniers, embellissent le triomphe du vainqueur. Le Temple nouveau et immortel emplira de lui-même la Terre et tout homme qui me cherche me possédera car je serai partout où un cœur m'aime. Allez. Éloignez vos femmes, vos enfants, les vieux… Vous m'offrez salut et aide. Je vous conseille de vous sauver, et je vous aide par ce conseil… Ne le méprisez pas.”
“Mais désormais… en quoi Rome peut-elle nous nuire davantage? Ils sont nos maîtres. Et si sa loi est dure, il est vrai aussi que Rome a reconstruit les maisons et les villes et…”
“En vérité, sachez-le, en vérité pas une seule pierre de Jérusalem ne demeurera intacte. Le feu, les béliers, les frondes et les javelots mettront par terre, saccageront, bouleverseront toutes les maisons, et la Cité sacrée deviendra une caverne, et pas elle seule… Une caverne, cette Patrie qui est la nôtre. Pâturages d'onagres et de lamies, comme disent les prophètes, et non pas pour une ou plusieurs années, ou pour des siècles, mais pour toujours. Désert, terres brûlées, stérilité… Voilà le sort de ces terres! Champ de querelles, lieu de torture, rêve de reconstruction toujours détruit par une condamnation inexorable, tentatives de résurrection éteintes à leur naissance. Le sort de la Terre qui a repoussé le Sauveur et a voulu une rosée qui est feu sur les coupables.”
“Il n'y aura donc plus… jamais plus un royaume d'Israël? Nous ne serons jamais plus ce que nous rêvions?” demandent d'une voix angoissée les trois notables juifs. Le scribe Joël pleure…
“Avez-vous jamais observé un vieil arbre dont la moelle est détruite par la maladie? Pendant des années, il végète péniblement, si péniblement qu'il ne donne ni fleurs ni fruits. Seulement quelques rares feuilles sur les branches épuisées indiquent qu'il monte un peu de sève… Puis, un mois d'avril, le voilà qui fleurit miraculeusement et se couvre de feuilles nombreuses. Le maître s'en réjouit, lui qui pendant tant d'années l'a soigné sans avoir de fruits. Il se réjouit en pensant que l'arbre est guéri et redevient luxuriant après tant d'épuisement… Oh! tromperie! Après une explosion si exubérante de vie, voilà la mort subite. Les fleurs tombent et les feuilles et les petits fruits qui semblaient déjà se nouer sur les branches et promettre une récolte copieuse, et avec un bruit inattendu, l'arbre, pourri à la base, s'effondre sur le sol. Ainsi fera Israël. Après avoir pendant des siècles végété sans donner de fruits, dispersé, il se rassemblera sur le vieux tronc et aura une apparence de reconstruction. Finalement réuni le Peuple dispersé. Réuni et pardonné. Oui. Dieu attendra cette heure pour arrêter le cours des siècles. Il n'y aura plus de siècles alors, mais l'éternité. Bienheureux ceux qui, pardonnés, formeront la floraison fugace du dernier Israël, devenu, après tant de siècles, le domaine du Christ, et qui mourront rachetés, en même temps que tous les peuples de la Terre, bienheureux avec eux ceux qui, parmi eux, auront non seulement connu mon existence, mais embrassé ma Loi, comme une loi de salut et de vie. J'entends les voix de mes apôtres. Partez avant qu'ils n'arrivent…”
“Ce n'est pas par lâcheté, Seigneur, que nous cherchons à rester inconnus, mais pour te servir, afin de pouvoir te servir. Si on savait que nous, moi surtout, nous sommes venus te trouver, nous serions exclus des délibérations…” dit Joël.
“Je comprends. Mais faites attention que le serpent est rusé. Toi, spécialement, Joël, sois prudent…”
“Oh! Ils me tueraient! Je préférerais ma mort à la tienne! Et ne pas voir les jours dont tu parles! Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier…”
“Je vous bénis tous au nom du Dieu Un et Trin et au nom du Verbe qui s'est Incarné afin d'être le salut pour les hommes de bonne volonté.” Il les bénit collectivement d'un large geste et puis, pour chacun d'eux, il pose sa main sur la tête inclinée de ceux qui sont à ses pieds.
Ensuite eux se lèvent, se couvrent de nouveau le visage, et se cachent parmi les arbres du verger et les haies de mûres qui séparent les poiriers des pommiers et ceux-ci des autres arbres. Juste à temps, car les douze apôtres sortent en groupe de la maison afin de chercher le Maître pour se mettre en route.
Et Pierre dit: “Par devant la maison, du côté de la ville, il y a une foule de gens que nous avons eu du mal à retenir pour te laisser prier. Ils veulent te suivre. Personne n'est parti de ceux que tu avais congédiés. Au contraire, beaucoup sont revenus sur leurs pas, et beaucoup d'autres sont survenus. Nous les avons grondés…”
“Pourquoi? Laissez-les me suivre! Qu'il en fût ainsi de tous! Partons!” Et Jésus, après s'être ajusté le manteau que Jean Lui présente, se met à la tête des siens, rejoint la maison, la côtoie, met le pied sur la route qui va à Béthanie et entonne à haute voix un psaume.
Les gens, une vraie foule, avec en tête les hommes, puis les femmes et les enfants, le suivent, chantant avec Lui…
La ville s'éloigne avec son enceinte de verdure. La route est parcourue par de nombreux pèlerins. Sur le bord de la route des mendiants nombreux élèvent leurs plaintes pour émouvoir la foule et faire ainsi une quête fructueuse. Estropiés, manchots, aveugles… La misère habituelle qui, en tout temps et en tout pays, a coutume de se réunir là où une festivité appelle les foules.
Et si les aveugles ne voient pas Celui qui passe, les autres voient, et connaissant la bonté du Maître pour les pauvres, jettent leur cri plus fort qu'à l'ordinaire pour attirer l'attention de Jésus. Pourtant, ils ne demandent pas de miracle, seulement une obole, et c'est Judas qui la donne.
Une femme, de condition aisée, arrête l'âne, sur lequel elle était en selle, près d'un arbre robuste qui ombrage une bifurcation et elle attend Jésus. Quand il est proche, elle glisse de sa monture et elle se prosterne, non sans mal, car elle a dans ses bras un petit enfant absolument inerte. Elle le soulève sans dire un mot. Ses yeux prient dans son visage affligé. Mais Jésus est entouré de gens qui forment une haie et il ne voit pas la pauvre mère agenouillée au bord de la route. Un homme et une femme, qui semblent accompagner la mère affligée, lui parlent:”Il n'y a rien pour nous” dit l'homme en secouant la tête. Et la femme: “Maîtresse, il ne t'a pas vu. Appelle-le avec foi et il t'exaucera.”
La mère l'écoute et elle crie à haute voix pour vaincre le bruit des chants et des pas: “Seigneur, pitié pour moi!”
Jésus, qui est déjà en avant de quelques mètres, s'arrête et se tourne pour chercher qui a crié, et la servante dit: “Maîtresse, il te cherche. Lève-toi donc et va le trouver et Fabia va être guérie” et elle l'aide à se lever pour la conduire vers le Seigneur qui dit: “Que celui qui m'a appelé vienne à Moi. C'est un temps de miséricorde pour qui sait espérer en elle.”
Les deux femmes se fraient un passage, avec la servante devant pour ouvrir le chemin à la mère, puis la mère elle-même, et elles vont rejoindre Jésus quand une voix crie: “Mon bras perdu! Regardez! Béni le Fils de David, notre vrai Messie, toujours puissant et saint!”
Il se produit un remue-ménage car plusieurs se tournent et la foule subit un brassage, un mouvement de flots contraires autour de Jésus. Tout le monde veut savoir et voir… On interroge un vieillard qui agite son bras droit comme si c'était un drapeau et qui répond: “Il s'était arrêté. J'ai réussi à saisir un pan de son manteau et à m'en couvrir, et il m'est couru comme un feu et une vie à travers le bras mort, et voilà: le droit est comme le gauche rien que pour avoir touché son vêtement.”
Jésus, pendant ce temps, demande à la femme: “Que veux-tu?”
La femme tend son enfant et elle dit: “Elle aussi a droit à la vie. Elle est innocente. Elle n'a pas demandé d'être d'un lieu ou d'un autre, d'un sang ou d'un autre. C'est moi la coupable. Pour moi la punition, pas pour elle.”
“Espères-tu que la miséricorde de Dieu soit plus grande que celle ,des hommes?”
“Je l'espère, Seigneur. Je crois. Pour mon enfant et pour moi, à laquelle j'espère que tu rendes la pensée et le mouvement. On dit que tu es la Vie…” et elle pleure.
“Je suis la Vie, et celui qui croit en Moi aura la vie de l'esprit et des membres. Je veux!” Jésus a crié ces mots d'une voix forte et maintenant il abaisse sa main sur l'enfant inerte qui a un frémissement, un sourire, un mot: “Maman!”
“Elle bouge! Elle sourit! Elle a parlé! Fabius! Maîtresse!” Les deux femmes ont suivi les phases du miracle et les ont annoncées à haute voix, et elles ont appelé le père qui s'est fait un passage à travers les gens et arrive aux femmes quand déjà elles sont aux pieds de Jésus en larmes, et pendant que la servante dit: “Je te l'avais dit que Lui a pitié de tous!”, la mère dit: “Et maintenant, pardonne moi aussi mon péché.”
“Le Ciel ne te montre-t-il pas, par la grâce qu'Il t'a accordée, que ton erreur est pardonnée? Lève-toi et marche dans la vie nouvelle avec ta fille et avec l'homme que tu as choisi. Va! Paix à toi, et à toi, fillette, et à toi, fidèle israélite. Une grande paix pour toi, à cause de ta fidélité à Dieu et à la fille de la famille que tu as servi et qu'avec ton cœur tu as tenue proche de la Loi. Et paix aussi à toi, homme, qui as été plus respectueux pour le Fils de l'homme que beaucoup d'autres d'Israël.”
Il prend congé pendant que la foule, après avoir quitté le vieillard, s'intéresse au nouveau miracle sur la fillette paralysée et idiote, peut-être par suite d'une méningite, et qui maintenant saute joyeusement en disant les seuls mots qu'elle sait, ceux que peut-être elle savait quand elle est tombée malade et qu'elle retrouve intacts dans son esprit qui s'est réveillé: “Père, mère, Élise. Le beau soleil! Les fleurs!…”
Jésus fait le geste de partir, mais du carrefour désormais dépassé, près des ânes laissés là par les miraculés, deux autres cris s'élèvent lamentables avec la cadence caractéristique des hébreux: “Jésus, Seigneur! Fils de David, aie pitié de moi!” Et de nouveau, plus fort, pour dépasser les cris de la foule qui dit: “Taisez-vous, laissez aller le Maître La route est longue et le soleil tape de plus en plus fort. Qu'il puisse être sur les collines avant la chaleur”, mais ils crient de nouveau: “Jésus, Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi.”
Jésus s'arrête de nouveau pour dire: “Allez prendre ceux qui crient et amenez-les ici.”
Des volontaires s'en vont. Ils rejoignent les deux aveugles et leur disent: “Venez. Il a pitié de vous. Levez-vous car il veut vous exaucer.
Il nous a envoyés pour vous appeler en son nom” et ils cherchent à conduire les deux aveugles à travers la foule.
Mais si l'un se laisse conduire, l'autre, plus jeune et peut-être plus croyant, prévient le désir des volontaires et il s'avance seul, avec son bâton qu'il pointe en avant, le sourire et l'attitude caractéristiques des aveugles sur leur visage levé pour chercher la lumière… et il semble que son ange le conduise tant sa marche est rapide et sûre. S'il n'avait pas les yeux blancs, il ne semblerait pas aveugle. Il arrive le premier devant Jésus qui l'arrête en disant: “Que veux-tu que je te fasse?”
“Que je voie, Maître. Fais, ô Seigneur, que s'ouvrent mes yeux et ceux de mon compagnon.” Et l'autre aveugle étant arrivé, on le fait agenouiller près de son compagnon.
Jésus met les mains sur leurs visages levés et il dit: “Qu'il soit fait comme vous le demandez. Allez! Votre foi vous a sauvés!”
Il enlève ses mains et deux cris sortent des lèvres des aveugles: “Je vois, Uriel!”; “Je vois, Bartimée!” et puis, ensemble: “Béni Celui qui vient au nom du Seigneur! Béni Celui qui l'a envoyé! Gloire à Dieu! Hosanna au Fils de David” et ils se jettent tous deux, le visage au sol, pour baiser les pieds de Jésus. Ensuite les deux aveugles se lèvent et celui qui s'appelle Uriel dit: “Je vais me montrer à mes parents et puis je reviens te suivre, ô Seigneur.” Mais Bartimée dit de son côté: “Je ne te quitte pas. Je vais envoyer quelqu'un pour les prévenir. Ce sera toujours de la joie. Mais me séparer de Toi, non. Tu m'as donné la vue, je te consacre ma vie. Aie pitié du désir du dernier de tes serviteurs.”
“Viens et suis-moi. La bonne volonté rend égales toutes les conditions et seul est grand celui qui sait le mieux servir le Seigneur.”
Jésus reprend sa marche au milieu des hosannas de la foule et Bartimée s'y mêle, criant hosanna avec les autres, et disant: “J'étais venu pour avoir un pain, et j'ai trouvé le Seigneur. J'étais pauvre, maintenant je suis ministre du Roi saint. Gloire au Seigneur et à son Messie.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/