"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe St Pie V
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 26 avril 2015, Troisième dimanche après Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 16,16-22.
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père.
Sur quoi, quelques-uns de ses disciples se dirent entre eux : "Que signifie ce qu'il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père ?"
Ils disaient donc : " Que signifie cet "encore un peu de temps" ? Nous ne savons ce qu'il veut dire."
Jésus connut qu'ils voulaient l'interroger et leur dit : " Vous vous questionnez entre vous sur ce que j'ai dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez.
En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés, mais votre affliction se changera en joie.
La femme, lorsqu'elle enfante, est dans la souffrance parce que son heure est venue. Mais lorsqu'elle a donné le jour à l'enfant, elle ne se souvient plus de ses douleurs, dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est né dans le monde.
Vous donc, aussi, vous êtes maintenant dans l'affliction ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 9, Ch 19, p 186 - CD 9, piste 70 - 
C'est l'heure de partir. Levez-vous, et écoutez les ultimes paroles. Je suis la vraie Vigne et c'est mon Père qui la cultive. Tout sarment qui ne porte pas de fruit Lui le coupe et celui qui porte du fruit Il le taille pour qu'il en porte encore plus. Vous êtes déjà purifiés par ma parole. Demeurez en Moi et Moi en vous pour continuer à être tels. Le sarment détaché de la vigne ne peut faire de fruit. Il en est ainsi pour vous si vous ne restez pas en Moi. Je suis la Vigne et vous les sarments. Celui qui reste uni à Moi porte des fruits abondants. Mais si l'un se détache, il devient un rameau sec que l'on jette au feu et que l'on brûle, car sans l'union avec Moi, vous ne pouvez rien faire. Restez donc en Moi, et que mes paroles restent en vous, puis demandez ce que vous voulez et cela vous sera fait. Mon Père sera toujours d'autant plus glorifié que vous porterez davantage de fruit et que vous serez davantage mes disciples.
Comme le Père m'a aimé, il en est de même pour Moi avec vous. Demeurez dans mon amour qui sauve. En m'aimant vous serez obéissants, et l'obéissance fait croître l'amour réciproque. Ne dites pas que je me répète. Je connais votre faiblesse, et je veux que vous vous sauviez. Je vous ai dit ces choses pour que la joie que j'ai voulu vous donner soit en vous et soit complète. Aimez-vous, aimez-vous! C'est mon nouveau commandement. Aimez-vous réciproquement plus que chacun de vous ne s'aime lui-même. Il n'y a pas de plus grand amour que celui de qui donne sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis et Moi, je donne ma vie pour vous. Faites ce que je vous enseigne et commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, alors que vous, vous savez ce que je fais. Vous savez tout de Moi. Je vous ai manifesté non seulement Moi-même, mais aussi le Père et le Paraclet, et tout ce que j'ai entendu de Dieu. Ce n'est pas vous qui vous êtes choisis. Mais c'est Moi qui vous ai choisis et je vous ai élus pour que vous alliez parmi les peuples et que vous fassiez du fruit en vous et dans les cœurs de ceux qui seront évangélisés, et que votre fruit demeure, et que le Père vous donne tout ce que vous demanderez en mon nom.
Ne dites pas: "Et alors si tu nous as choisis, pourquoi as-tu choisi un traître? Si tu connais tout, pourquoi as-tu fait cela?" Ne vous demandez pas non plus qui est celui-là. Ce n'est pas un homme, c'est Satan. Je l'ai dit à l'ami fidèle et je l'ai laissé dire par le fils aimé. C'est Satan. Si Satan ne s'était pas incarné, l'éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n'aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J'ai dit: "possédé". Non. Il est beaucoup plus: il est anéanti en Satan.”
“Pourquoi, Toi qui as chassé les démons, ne l'as-tu pas délivré?” demande Jacques d'Alphée.
“Le demandes-tu par amour pour toi, craignant de l'être? Ne le crains pas.”
“Moi alors?”
“Moi?”
“Moi?”
“Taisez-vous. Je ne dis pas ce nom. J'use de miséricorde, et vous, faites la même chose.”
“Mais pourquoi ne l'as-tu pas vaincu? Tu ne le pouvais pas?”
“Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s'incarner pour me tuer, j'aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu'aurais-je racheté alors?”
“Dis-le-moi, Seigneur, dis-le-moi!” Pierre s'est glissé à genoux et secoue Jésus avec frénésie, comme s'il était en proie au délire. “Est-ce moi? Est-ce moi? Je m'examine? Il ne me semble pas. Mais Toi… Tu as dit que je te renierai… Et je tremble… Oh! quelle horreur si c'était moi!…”
“Non, Simon de Jonas, pas toi.”
“Pourquoi m'as-tu enlevé mon nom de "Pierre"? Je suis donc redevenu Simon? Tu le vois? Tu le dis!… C'est moi! Mais comment ai-je pu? Dites-le… dites-le vous… Quand est-ce que j'ai pu devenir traître?… Simon?… Jean?… Mais parlez!…”
“Pierre, Pierre, Pierre! Je t'appelle Simon parce que je pense à notre première rencontre quand tu étais Simon. Et je pense comment tu as toujours été loyal dès le premier moment. Ce n'est pas toi. Je te le dis Moi: Vérité.”
“Qui alors?”
“Mais c'est Judas de Kériot! Tu ne l'as pas encore compris?” crie le Thaddée qui n'arrive plus à se contenir.
“Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant? Pourquoi?” crie aussi Pierre.
“Silence. C'est Satan. Il n'a pas d'autre nom. Où vas-tu, Pierre?”
“Le chercher.”
“Dépose tout de suite ce manteau et cette arme. Ou bien je dois te chasser et te maudire?”
“Non, non! Oh! mon Seigneur! Mais moi… mais moi… Je suis peut-être malade de délire, moi? Oh! Oh!” Pierre pleure après s'être jeté par terre aux pieds de Jésus.
“Je vous donne le commandement de vous aimer et de pardonner. Avez-vous compris? Si dans le monde il y a aussi la haine, qu'en vous il n'y ait que l'amour. Pour tous. Combien de traîtres vous trouverez sur votre route! Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le mal. Autrement le Père vous haïra. Avant vous, j'ai été haï et trahi, Moi. Et pourtant, vous le voyez, je ne hais pas. Le monde ne peut aimer ce qui n'est pas comme lui. Il ne vous aimera donc pas. Si vous lui apparteniez il vous aimerait, mais vous n'êtes pas du monde, car je vous ai pris du milieu du monde, et c'est pour cela que vous êtes haïs.
Je vous ai dit: le serviteur n'est pas plus que le maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S'ils m'ont écouté, ils vous écouteront vous aussi. Mais ils feront tout à cause de mon nom parce qu'ils ne connaissent pas, ne veulent pas connaître Celui qui m'a envoyé. Si je n'étais pas venu et si je n'avais pas parlé, ils ne seraient pas coupables, mais maintenant leur péché est sans excuse. Ils ont vu mes œuvres, entendu mes paroles, et pourtant ils m'ont haï, et avec Moi le Père, parce que le Père et Moi, nous sommes une seule Unité avec l'Amour. Mais il était écrit: "Tu m'as haï sans raison". Cependant quand sera venu le Consolateur, l'Esprit de vérité qui procède du Père, ce sera Lui qui rendra témoignage de Moi, et vous aussi, vous me rendrez témoignage parce que dès le début vous avez été avec Moi.
Ceci je vous le dis pour que, quand ce sera l'heure, vous ne soyez pas abattus et scandalisés. Il va venir le temps où ils vous chasseront des synagogues et où celui qui vous tuera pensera rendre ainsi un culte à Dieu. Ils n'ont connu ni le Père ni Moi. C'est là leur excuse. Je ne vous ai pas dit ces choses en les développant autant avant maintenant, parce que vous étiez comme des enfants à peine nés. Mais maintenant la mère vous quitte. Je m'en vais. Vous devez vous accoutumer à une autre nourriture. Je veux que vous la connaissiez.
Personne ne me demande plus: "Où vas-tu?" La tristesse vous rend muets. Et pourtant, c'est un bien pour vous aussi que je m'en aille, autrement le Consolateur ne viendra pas. C'est Moi qui vous l'enverrai. Et quand Il sera venu, par le moyen de la sagesse et de la parole, les œuvres et l'héroïsme qu'Il versera en vous, Il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté. Mais le jugement du prince du monde et de ses serviteurs sera fait. Je ne puis vous en dire davantage car vous ne pouvez encore comprendre. Mais Lui, le Divin Paraclet, vous donnera la Vérité entière car Il ne parlera pas de Lui-même, mais Il dira tout ce qu'Il aura entendu de l'esprit de Dieu et Il vous annoncera l'avenir. Il prendra ce qui vient de Moi, c'est-à-dire de ce qui encore appartient au Père, et vous le dira.
Encore un peu de temps pour se voir, ensuite vous ne me verrez plus. Et ensuite encore un peu de temps, et puis vous me verrez.
Vous murmurez entre vous et dans votre cœur. Écoutez une parabole. La dernière de votre Maître.
Quand une femme a conçu et arrive à l'heure de l'enfantement, elle est dans une grande affliction car elle souffre et gémit. Mais quand son petit enfant est venu au jour, et qu'elle le serre sur son cœur, toute peine cesse et la tristesse se change en joie parce qu'un homme est venu au monde.
Ainsi pour vous. Vous pleurerez et le monde rira de vous, mais ensuite votre tristesse se changera en joie. Une joie que le monde ne connaîtra jamais. Vous êtes tristes maintenant, mais quand vous me reverrez, votre cœur deviendra plein d'une joie que personne n'aura plus le pouvoir de vous ravir. Une joie tellement pleine qu'elle estompera tout besoin de demander à la fois pour l'esprit et pour le cœur et pour la chair. Vous vous repaîtrez seulement de ma vue, oubliant toute autre chose. Mais justement, à partir de ce moment-là vous pourrez tout demander en mon nom, et cela vous sera donné par le Père pour que vous ayez toujours plus de joie. Demandez, demandez. Et vous recevrez.
L'heure vient où je pourrai vous parler ouvertement du Père. Ce sera parce que vous aurez été fidèles dans l'épreuve et tout sera surmonté. Votre amour sera parfait du fait qu'il vous aura donné la force dans l'épreuve. Et ce qui vous manquera, je vous l'ajouterai en le prenant de mon immense trésor et en disant: "Père, tu le vois. Ils m'ont aimé en croyant que je suis venu de Toi". Descendu dans le monde, maintenant je le quitte et je vais au Père, et je prierai pour vous.”
“Oh! maintenant, tu t'expliques. Maintenant nous savons ce que tu veux dire et que tu sais tout et que tu réponds sans que personne t'interroge. Vraiment tu viens de Dieu!”
“Vous croyez maintenant? À la dernière heure? Cela fait trois ans que je vous parle! Mais déjà en vous opère le Pain qui est Dieu et le Vin qui est Sang qui n'est pas venu de l'homme et vous donne le premier frisson de la déification. Vous deviendrez des dieux si vous persévérez dans mon amour et dans ma possession. Non pas comme l'a dit Satan à Adam et Eve, mais comme je vous le dis. C'est le vrai fruit de l'arbre du Bien et de la Vie. Le Mal est vaincu en qui s'en nourrit, et la Mort est morte. Qui en mange vivra éternellement et deviendra "dieu" dans le Royaume de Dieu. Vous serez des dieux si vous restez en Moi. Et pourtant voilà… bien qu'ayant en vous ce Pain et ce Sang, puisque arrive l'heure où vous serez dispersés, vous vous en irez pour votre compte et vous me laisserez seul… Mais je ne suis pas seul. J'ai le Père avec Moi. Père, Père! Ne m'abandonne pas! Je vous ai tout dit… Pour vous donner la paix, ma paix. Vous serez encore opprimés. Mais ayez foi. J'ai vaincu le monde.”
Jésus se lève, ouvre les bras en croix et dit avec un visage lumineux la sublime prière au Père. Jean la rapporte intégralement.
Les apôtres pleurent plus ou moins ouvertement et bruyamment.
Pour finir, ils chantent un hymne.
Jésus les bénit, puis il ordonne: “Mettons nos manteaux maintenant et partons. André, dis au chef de maison de laisser tout ainsi, par ma volonté. Demain… cela vous fera plaisir de revoir ce lieu.” Jésus le regarde. Il paraît bénir les murs, le mobilier, tout. Puis il prend son manteau et s'éloigne, suivi des disciples. Près de Lui se trouve Jean auquel il s'appuie.
“Tu ne salues pas la Mère?” Lui demande le fils de Zébédée.
“Non. Tout est déjà fait. Ne faites pas de bruit.”
Simon, qui a allumé une torche à la lampe, éclaire le vaste corridor qui va à la porte. Pierre ouvre avec précaution le portail et ils sortent tous sur le chemin et puis, faisant jouer une clef, ils ferment du dehors et ils se mettent en route.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 19 avril 2015, Deuxième dimanche après Pâques (Dimanche du Bon Pasteur)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10,11-16.
En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.
Mais le mercenaire, qui n'est pas le pasteur, et à qui les brebis n'appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse.
Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire et qu'il n'a nul souci des brebis.
Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,
Comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis.
J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix et il y aura une seule bergerie et un seul pasteur.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 7, Ch 215, p 389 - CD 7, piste 46 - 
Jésus, entré dans la ville par la Porte d'Hérode, est en train de la traverser pour se diriger vers le Tiropéon et le faubourg d'Ophel. “Nous allons au Temple?” demande l'Iscariote. “Oui.” “Attention à ce que tu fais!” disent plusieurs pour l'avertir. “Je ne m'y arrêterai que le temps de la prière.” “Ils vont te retenir.” “Non. Nous allons entrer par les portes du septentrion et nous sortirons par les portes du midi et ils n'auront pas le temps de s'organiser pour me nuire. À moins qu'il n'y ait toujours derrière Moi quelqu'un qui me surveille et me dénonce.” Personne ne réplique, et Jésus avance vers le Temple qui apparaît en haut de sa colline comme une sorte de spectre dans la lumière verte jaunâtre d'un sombre matin d'hiver, où le soleil qui se lève n'est guère qu'un souvenir qui s'obstine à rester présent cherchant à s'ouvrir un passage dans le lourd amas de nuages. Vain effort! La splendeur joyeuse de l'aurore est réduite à un reflet pâle d'un jaune irréel qui ne se diffuse pas mais est taché de teintes de plomb veiné de vert. Et sous cette lumière les marbres et les ors du Temple apparaissent pâles, tristes, je dirais lugubres, comme des ruines qui émergent d'une zone de mort. Jésus le regarde intensément en montant vers l'enceinte et il regarde les visages des voyageurs matinaux. La plupart sont d'humbles gens: jardiniers, bergers avec les animaux de boucherie, serviteurs ou ménagères qui vont au marché. Tous ces gens marchent silencieusement, enveloppés dans leurs manteaux, un peu penchés pour se défendre de l'air piquant du matin. Même les visages semblent plus pâles que ne le sont d'ordinaire les visages des gens de cette race. C'est la lumière étrange qui les rend ainsi verdâtres ou presque couleur de perle dans l'encadrement des étoffes colorées des manteaux dont le vert, le violet vif, le jaune intense ne peuvent guère envoyer des reflets roses sur les visages. Certains saluent le Maître, mais sans s'arrêter; ce n'est pas l'heure favorable. Des mendiants, il n'y en a pas encore pour jeter leurs cris lamentables aux carrefours ou sous les auvents qui couvrent les rues à chaque pas. L'heure et la saison contribuent pour Jésus à la liberté d'aller sans obstacle. Les voilà à l'enceinte: ils entrent et vont dans l'Atrium des Israélites. Ils prient pendant qu'un son de trompettes, d'argent je dirais à cause de leur timbre, annonce certainement quelque chose d'important en se répandant dans les collines et pendant que se répand un suave parfum d'encens qui empêche de sentir les autres odeurs moins agréables que l'on peut sentir sur le sommet du Moriah, c'est-à-dire la perpétuelle, je dirais la naturelle odeur des chairs égorgées et consumées par le feu, de farine brûlée, d'huile enflammée qui stagne toujours là-haut, plus ou moins forte, mais toujours présente à cause des holocaustes continuels. Ils s'en vont dans une autre direction et commencent d'être remarqués par les premiers qui accourent au Temple, par ceux qui lui appartiennent, par les changeurs et les marchands qui sont en train de monter leurs comptoirs ou leurs enclos. Mais ils sont trop peu nombreux, et leur surprise est telle qu'ils ne savent pas réagir. Ils échangent entre eux des paroles d'étonnement: “Il est revenu!” “Il n'est pas allé en Galilée comme on disait.” “Mais où était-il caché, qu'on ne le trouvait nulle part?” “Il veut vraiment les braver.” “Quel sot!” “Quel saint!” et ainsi de suite selon la mentalité de chacun. Jésus est déjà hors du Temple et il descend vers la rue qui va vers Ophel, quand au croisement des chemins qui vont vers Sion, il tombe sur l'aveugle-né, guéri depuis peu, qui chargé de paniers pleins de pommes parfumées s'en va allégrement, en plaisantant avec d'autres jeunes également chargés, qui vont dans un sens opposé au sien. Peut-être que pour le jeune homme la rencontre passerait inaperçue étant donné qu'il ignore le visage de Jésus et ceux des apôtres. Mais Jésus n'ignore pas le visage du miraculé, et il l'appelle. Sidonia, dit Bartolmaï se retourne et il regarde, interrogateur, cet homme de grande taille, et majestueux malgré la simplicité de son vêtement, qui l'appelle par son nom en se dirigeant vers une ruelle. “Viens ici” ordonne Jésus. Le jeune homme s'approche, sans poser son fardeau regarde du coin de l'œil Jésus et, croyant avoir à faire à un amateur de pommes, il Lui dit: “Mon maître les a déjà vendues, mais il en a encore si tu en veux. Elles sont belles et bonnes, arrivées hier des vergers de Saron. Et si tu en achètes beaucoup tu auras une forte remise, car…” Jésus lève la main droite en souriant pour arrêter la faconde du jeune homme et il lui dit: “Je ne t'ai pas appelé pour acheter des pommes, mais pour me réjouir avec toi et bénir avec toi le Très-Haut qui t'a fait une grâce.” “Oh! Oui! je ne cesse de le faire, à la fois pour la lumière que je vois et pour le travail que je puis faire, pour aider mon père et ma mère. J'ai fini par trouver un bon maître. Il n'est pas hébreux, mais il est bon. Les hébreux ne voulaient pas de moi car… car ils savent que j'ai été chassé de la synagogue” dit le jeune homme en posant ses paniers par terre. “Ils t'ont chassé? Pourquoi? Qu'as-tu fait?” “Moi rien. Je te l'assure. C'est le Seigneur qui a fait. Le sabbat Lui m'a fait trouver cet homme dont on dit qu'il est le Messie et Lui m'a guéri, comme tu vois. Et c'est pour cela qu'ils m'ont chassé.” “Alors Celui qui t'a guéri ne t'a pas rendu du tout un bon service” dit Jésus pour le tenter. “Ne le dis pas homme! C'est un blasphème de ta part! Avant tout il m'a montré que Dieu m'aime, puis il m'a donné la vue… Tu ne sais pas ce que c'est que "voir" car tu as toujours vu. Mais quelqu'un qui n'avait jamais vu! Oh!… C'est… Ce sont toutes les choses que l'on a avec la vue. Moi, je te dis que quand j'ai vu, là-bas près de Siloé, j'ai ri et pleuré, mais de joie, hein! J'ai pleuré comme je n'avais jamais pleuré dans mon malheur. Car j'ai compris alors combien il était grand et combien était bon le Très-Haut. Et puis je peux gagner ma vie et par un travail convenable. Et puis… - c'est ce que j'espère plus que tout, que me donne le miracle que j'ai eu -et puis j'espère pouvoir rencontrer l'homme qui se dit Messie et son disciple qui m'a…” “Et que ferais-tu, alors?” “Je voudrais le bénir Lui et son disciple. Et je voudrais dire au Maître, qui doit venir vraiment de Dieu, de me prendre pour son serviteur.” “Comment? À cause de Lui, tu es anathème, tu as du mal à trouver du travail, tu peux même être puni davantage, et tu veux le servir? Tu ne sais pas qu'ils sont tous persécutés ceux qui suivent Celui qui t'a guéri?” “Hé! je le sais! Mais c'est le Fils de Dieu, comme on le dit entre nous. Bien que ceux de là-haut (et il montre le Temple) ne veulent pas qu'on le dise. Et cela ne vaut-il pas la peine de tout quitter pour le servir?” “Tu crois donc au Fils de Dieu et à sa présence en Palestine?” “J'y crois. Mais je voudrais le connaître non seulement par l'intelligence mais avec tout moi-même. Si tu sais qui il est et où il se trouve, dis-le-moi, pour que j'aille à Lui et que je le voie et que je croie complètement en Lui et que je le serve.” “Tu l'as déjà vu, et il n'est pas nécessaire que tu ailles à Lui. Celui que tu vois en ce moment et qui te parle, c'est le Fils de Dieu.” Je ne pourrais l'affirmer avec certitude, mais il m'a semblé qu'en disant ces paroles, Jésus a eu pour ainsi dire une très brève transfiguration en devenant très beau et je dirais resplendissant. Je dirais que pour récompenser l'humble qui croit en Lui, et le confirmer dans sa foi, il a, pendant la durée d'un éclair, dévoilé sa future beauté, je veux dire celle qu'il assumera après la Résurrection et qu'il conservera au Ciel, sa beauté de créature humaine glorifiée, de corps glorifié et fondu dans l'inexprimable beauté de la Perfection qui Lui appartient. Un instant, dis-je, un éclair. Mais le coin à demi obscur, où ils se sont retirés pour parler, sous l'archivolte de la ruelle, s'illumine étrangement d'une clarté qui se dégage de Jésus qui, je le répète, devient très beau. Puis tout redevient comme avant, sauf le jeune homme qui maintenant est par terre, la figure dans la poussière, et qui adore en disant: “Je crois, Seigneur, mon Dieu!” “Lève-toi. Je suis venu dans le monde pour apporter la lumière et la connaissance de Dieu et pour éprouver les hommes et les juger. Ce temps qui est le mien est un temps de choix, d'élection, et de sélection. Je suis venu pour que ceux qui sont purs de cœurs et d'intention, les humbles, les doux, ceux qui aiment la justice, la miséricorde, la paix, pour que ceux qui pleurent et que ceux qui savent donner aux diverses richesses leur valeur réelle et préférer les spirituelles aux matérielles, trouvent ce à quoi leur esprit aspire, et pour que ceux qui étaient aveugles, parce que les hommes ont élevé des murailles épaisses pour empêcher la Lumière, c'est-à-dire la connaissance de Dieu, voient clair, et pour que ceux qui se croient voyants deviennent aveugles…” “Alors tu hais une grande partie des hommes et tu n'es pas bon, comme tu dis l'être. Si tu l'étais, tu chercherais à ce que tous voient clair et que ceux qui y voient déjà ne deviennent pas aveugles” interrompent certains pharisiens qui sont arrivés de la rue principale et se sont approchés avec d'autres, prudemment, par derrière le groupe apostolique. Jésus se retourne et les regarde. Il n'a sûrement plus la transfiguration d'une douce beauté, maintenant. C'est un Jésus bien sévère celui qui fixe sur ses persécuteurs son regard de saphir, et sa voix n'a plus la note d'or de la joie, mais la note du bronze, et comme le son du bronze elle est incisive et sévère alors qu'il répond: “Ce n'est pas Moi qui veux qu'ils ne voient pas la vérité ceux qui à présent la combattent. Mais ce sont eux-mêmes qui élèvent des plaques devant leurs pupilles pour ne pas voir et ils se rendent aveugles par leur libre volonté. Et le Père m'a envoyé pour que la séparation se fasse et que l'on connaisse vraiment les fils de la Lumière et ceux des Ténèbres, ceux qui veulent voir et ceux qui veulent se rendre aveugles.” “Nous sommes peut-être, nous aussi de ces aveugles?” “Si vous l'étiez et cherchiez à voir, vous ne seriez pas fautifs. Mais c'est parce que vous dites: "Nous y voyons", et ensuite ne voulez pas voir que vous péchez. Votre péché demeure parce que vous ne cherchez pas à voir tout en étant des aveugles.” “Et que devons-nous voir?” “La Voie, la Vérité, la Vie. Un aveugle-né, comme l'était celui-ci, peut toujours avec son bâton trouver la porte de sa maison et y entrer parce qu'il la connaît. Mais si on l'amenait dans d'autres endroits, il ne pourrait entrer par la porte de la nouvelle maison parce qu'il ne saurait pas où elle se trouve et il se heurterait contre les murs. Le temps de la Loi nouvelle est venu. Tout se renouvelle et un monde nouveau, un nouveau peuple, un nouveau royaume se lèvent. Maintenant ceux du temps passé ne connaissent pas tout cela. Eux connaissent leur temps. Ils sont comme des aveugles amenés dans un nouveau pays où se trouve la maison royale du Père, mais de laquelle ils ne connaissent pas l'emplacement. Je suis venu pour les conduire et les y introduire et pour qu'ils voient. Mais je suis Moi-même la Porte par laquelle on accède à la maison paternelle, au Royaume de Dieu, à la Lumière, au Chemin, à la Vérité, à la Vie. Et je suis aussi Celui qui est venu pour rassembler le troupeau resté sans guide et pour le conduire dans un unique bercail: dans celui du Père. Je connais la porte du Bercail car je suis en même temps la Porte et le Berger, et j'y entre et en sors comme et quand je veux, et j'y entre librement, et par la porte, car je suis le vrai Berger. Quand quelqu'un vient donner aux brebis de Dieu d'autres indications, ou cherche à les dévoyer en les amenant à d'autres demeures et d'autres chemins, ce n'est pas le bon Berger, mais un faux berger. Et de même celui qui n'entre pas par la porte du bercail, mais cherche à y entrer par un autre endroit en sautant par dessus la clôture, n'est pas le berger mais un voleur et un assassin qui y entre avec l'intention de voler et de tuer, pour que les agneaux qu'il prend n'aient pas de voix pour se plaindre et n'attirent pas l'attention des gardiens et du berger. Et aussi parmi les brebis du troupeau d'Israël, des faux bergers cherchent à s'insinuer pour les faire sortir des pâturages, loin du vrai Berger. Et ils y entrent, disposés à les arracher au troupeau par la violence, et à l'occasion ils sont disposés aussi à les tuer et les frapper de tant de manières, pour les empêcher de parler et de dire au Berger les ruses des faux bergers et de crier vers Dieu de les protéger contre leurs adversaires et les adversaires du Berger. Je suis le bon Berger et mes brebis me connaissent, et me connaissent ceux qui sont pour toujours les portiers du vrai Bercail. Eux ont connu Moi et mon Nom et ils l'ont dit pour qu'il fût connu d'Israël, et ils m'ont décrit et ils ont préparé mes chemins, et quand ma voix s'est fait entendre, voilà que le dernier d'entre eux m'a ouvert la porte en disant au troupeau qui attendait le vrai Berger, au troupeau groupé autour de son bâton: "Voici! Celui-ci est Celui dont j'ai dit qu'il vient derrière moi. Un qui me précède parce qu'il existait avant moi et moi, je ne le connaissais pas. Mais pour cela, pour que vous soyez prêts à le recevoir, je suis venu baptiser avec l'eau pour qu'il soit manifesté en Israël". Et les bonnes brebis ont entendu ma voix et quand je les ai appelées par leurs noms, elles sont accourues et je les ai amenées avec Moi, comme le fait un bon berger que les brebis reconnaissent à la voix et qu'elle suivent partout où il va. Et quand il les a fait toutes sortir, il marche devant elles, et elles le suivent car elles aiment la voix du berger, alors qu'elles ne suivent pas un étranger, mais au contraire fuient loin de lui, parce qu'elles ne le connaissent pas et le craignent. Moi aussi, je marche devant mes brebis pour leur indiquer le chemin et pour affronter le premier les dangers et les signaler au troupeau que je veux conduire en lieu sûr dans mon Royaume.” “Israël ne serait-il plus le royaume de Dieu?” “Israël est le lieu d'où le peuple de Dieu doit s'élever à la vraie Jérusalem et au Royaume de Dieu.”  “Et le Messie promis, alors? Ce Messie que tu affirmes être, il ne doit donc pas rendre Israël triomphant, glorieux, maître du monde, en assujettissant à son sceptre tous les peuples et en se vengeant, oh! en se vengeant férocement de tous ceux qui l'ont assujetti depuis qu'il est peuple? Rien de cela n'est vrai, alors? Tu nies les prophètes? Tu traites de sots nos rabbis? Tu…” “Le royaume du Messie n'est pas de ce monde. C'est le Royaume de Dieu, fondé sur l'amour. Il n'est rien d'autre. Le Messie n'est pas le roi des peuples et des armées, mais le roi des esprits. C'est du peuple élu que viendra le Messie, de la souche royale, et surtout de Dieu qui l'a engendré et envoyé. C'est par le peuple d'Israël qu'a commencé la fondation du Royaume de Dieu, la promulgation de la Loi d'amour l'annonce de la Bonne Nouvelle dont parle le prophète. Mais le Messie sera Roi du monde, Roi des rois, et son Royaume n'aura pas de limites ni de frontières, ni dans le temps, ni dans l'espace. Ouvrez les yeux et acceptez la vérité.” “Nous n'avons rien compris à ton radotage. Tu dis des paroles qui n'ont pas de sens. Parle et réponds sans paraboles. Es-tu, oui ou non, le Messie?” “Et vous n'avez pas encore compris? C'est pour cela que je vous ai dit que je suis la Porte et le Berger. Jusqu'à présent, personne n'a pu entrer dans le Royaume de Dieu parce qu'il était muré et sans issue, mais maintenant je suis venu, et la porte d'entrée est faite.” “Oh! d'autres ont dit qu'ils étaient le Messie, et on les a reconnus ensuite pour des voleurs et des rebelles, et la justice humaine a puni leur rébellion. Qui nous assure que tu n'es pas comme eux? Nous sommes las de souffrir et de faire souffrir au peuple la rigueur de Rome, grâce à des menteurs qui se disent rois et qui poussent le peuple à la révolte!” “Non. Elle n'est pas exacte votre phrase. Vous ne voulez pas souffrir, cela est vrai. Mais que le peuple souffre, vous n'en souffrez pas. C'est si vrai, qu'à la rigueur de ceux qui nous dominent, vous ajoutez votre rigueur, en opprimant le menu peuple par des dîmes exagérées et par beaucoup d'autres choses. Qui vous assure que je ne suis pas un malandrin? Mes actions. Ce n'est pas Moi qui rends lourde la main de Rome, mais au contraire, puisqu'il m'arrive de la rendre plus légère en conseillant l'humanité à ceux qui nous dominent et la patience à ceux qui sont dominés. Au moins cela.” C'est l'avis de beaucoup de gens. En effet maintenant l'auditoire a beaucoup augmenté et ne cesse de croître au point que le trafic en est gêné sur la grande rue, et que les gens refluent tous dans la ruelle, sous les voûtes de laquelle les voix se répercutent. Ils approuvent Jésus en disant: “Bien dit pour les dîmes, c'est vrai! Lui nous conseille la soumission et aux romains la pitié.” Les pharisiens, comme toujours, s'aigrissent à cause des approbations de la foule et ils deviennent encore plus mordants dans le ton avec lequel ils s'adressent au Christ: “Réponds, sans tant de paroles, et prouve que tu es le Messie.” “En vérité, en vérité je vous dis que je le suis. C'est Moi, Moi seul qui suis la Porte du Bercail des Cieux. Qui ne passe pas par Moi ne peut entrer. Certes, il y a eu d'autres faux Messies et il y en aura encore. Mais l'unique et véritable Messie, c'est Moi. Combien sont venus jusqu'ici se disant tels, qui ne l'étaient pas, mais étaient seulement des voleurs et des brigands. Et pas seulement ceux qui se faisaient appeler Messie par un petit nombre de gens de leur mentalité, mais aussi d'autres encore qui sans se donner ce nom exigent pourtant une adoration qui n'est pas même donnée au véritable Messie. Entende celui qui a des oreilles pour entendre. Cependant remarquez: les brebis n'ont écouté ni les faux Messies, ni les faux bergers et maîtres, car leur esprit sentait la fausseté de leur voix qui voulait se montrer douce et était cruelle. Seuls les boucs les ont suivis pour être leurs compagnons de scélératesse. Les boucs sauvages, indomptés, qui ne veulent pas entrer dans le Bercail de Dieu, sous le sceptre du vrai Roi et Berger. Parce que cela maintenant on l'a en Israël. Celui qui est le Roi des rois devient le Berger du Troupeau, tandis qu'autrefois celui qui était berger de troupeaux devint roi, et l'Un et l'autre viennent d'une souche unique, de celle d'Isaï, comme il est dit dans les promesses et les prophéties. Les faux bergers n'ont pas parlé sincèrement ni réconforté. Ils ont dispersé et torturé le troupeau ou l'ont abandonné aux loups, ou l'ont tué pour en tirer profit en les vendant pour s'assurer la vie, ou lui ont enlevé les pâturages pour en faire des maisons de plaisirs et des bosquets pour les idoles. Savez-vous ce que sont les loups? Ce sont les passions mauvaises, les vices que les faux bergers eux-mêmes ont enseigné au troupeau, en les pratiquant eux les premiers. Et savez-vous ce que sont les bosquets des idoles? Ce sont les propres égoïsmes devant lesquels trop de gens brûlent de l'encens. Les deux autres choses n'ont pas besoin d'être expliquées, car le sens des mots n'en est que trop clair. Mais que les faux bergers agissent ainsi, c'est logique. Ce ne sont que des voleurs qui viennent pour dérober, tuer et détruire les brebis, pour les amener hors du bercail dans de faux pâturages, ou les conduire dans de faux bercails qui ne sont que des abattoirs. Mais celles qui viennent vers Moi sont en sécurité, et elles pourront sortir pour aller à mes pâturages ou rentrer pour venir à mes repos et devenir robustes et grasses avec des sucs de sainteté et de santé. Car je suis venu pour cela: pour que mon peuple, mes brebis, jusqu'ici maigres et affligées, aient la vie et une vie abondante, une vie de paix et de joie. Et c'est tellement ma volonté, que je suis venu pour donner ma vie, afin que mes brebis aient la Vie pleine et abondante des fils de Dieu. Je suis le bon Pasteur. Et un pasteur, quand il est bon, donne sa vie pour défendre son troupeau des loups et des voleurs, tandis que le mercenaire, qui n'aime pas les brebis mais l'argent qu'il gagne pour les mener au pâturage, ne se préoccupe que de se sauver lui-même avec son pécule dans son sein, et quand il voit venir le loup ou le voleur, il s'enfuit, quitte à revenir ensuite pour prendre quelque brebis laissée à moitié morte par le loup ou égarée par le voleur, et tuer la première pour la manger, ou vendre comme sienne la seconde pour grossir son magot et dire ensuite au maître, avec des larmes mensongères, qu'il ne s'est pas sauvé une seule brebis. Qu'importe au mercenaire que le loup saisisse et disperse les brebis, et que le voleur en fasse une razzia pour les mener au boucher? A-t-il peut-être veillé sur elles pendant qu'elles grandissaient et s'est-il donné du mal pour les rendre robustes? Mais celui qui est le maître, et qui sait combien coûte une brebis, combien d'heures de fatigue, combien de veilles, combien de sacrifices, celui-là les aime et a soin de ces brebis qui sont son bien. Mais Moi, je suis plus qu'un maître. Je suis le Sauveur de mon troupeau et je sais combien me coûte même le salut d'une seule âme, et ainsi je suis prêt à tout pour sauver une âme. Elle m'a été confiée par mon Père. Toutes les âmes m'ont été confiées avec l'ordre d'en sauver un nombre immense. Plus je réussirai à en arracher à la mort de l'esprit, plus mon Père en aura de gloire. Et c'est pour cela que je lutte pour les délivrer de tous leurs ennemis, c'est-à-dire de leur MO?., du monde, de la chair, du démon, et de mes adversaires qui me les disputent pour m'affliger. Moi, je fais cela parce que je connais la Pensée de mon Père. Et mon Père m'a envoyé pour faire cela parce qu'Il connaît mon amour pour Lui et pour les âmes. Et aussi les brebis de mon troupeau me connaissent Moi et mon amour, et elles sentent que je suis prêt à donner ma vie pour leur donner la joie. Et j'ai d'autres brebis, mais elles ne sont pas de ce Bercail. Aussi elles ne me connaissent pas pour ce que je suis, et beaucoup ignorent que j'existe et qui je suis. Brebis qui à beaucoup d'entre vous semblent pire que des boucs sauvages et que vous jugez indignes de connaître la Vérité et d'avoir la Vie et le Royaume. Et pourtant, il n'en est pas ainsi. Le Père les veut aussi celles-là, et je dois donc les approcher, me faire connaître, faire connaître la Bonne Nouvelle, les conduire à mes pâturages, les rassembler. Et elles aussi écouteront ma voix, et elles finiront par l'aimer. Et il y aura un seul Bercail sous un seul Pasteur, et le Royaume de Dieu sera formé sur la Terre, prêt à être transporté et accueilli dans les Cieux, sous mon sceptre et mon signe et mon vrai Nom. Mon vrai Nom! Il est connu de Moi seulement! Mais quand le nombre des élus sera complet et qu'au milieu des hymnes d'allégresse ils s'assoiront au grand repas de noces de l'Époux avec l'Épouse, alors mon Nom sera connu de mes élus qui par fidélité à Lui se sont sanctifiés, même sans connaître toute l'étendue et toute la profondeur de ce que c'est d'être marqués de mon Nom, et récompensés de leur amour pour Lui, ni quelle est la récompense… C'est cela que je veux donner à mes brebis fidèles, ce qui est ma joie même…” Jésus tourne ses yeux extatiques brillants de pleurs sur les visages tournés vers Lui et un sourire tremble sur ses lèvres, un sourire tellement spiritualisé dans un visage spiritualisé, qu'un frisson secoue la foule qui se rend compte du ravissement du Christ en une vision béatifique et son désir d'amour de la voir accomplie. Il se ressaisit. Il ferme un instant les yeux pour cacher le mystère que voit son esprit et que l'œil pourrait trop trahir. Et il reprend: “C'est pour cela que le Père m'aime, ô mon peuple, ô mon troupeau! Parce que pour toi, pour ton bien éternel, je donne la vie. Ensuite, je la reprendrai. Mais avant je la donnerai pour que tu aies la vie et ton Sauveur pour ta propre vie. Et je la donnerai de sorte que tu t'en repaisses, me changeant de Pasteur en pâturage et en source qui donneront nourriture et boisson, non pas pour quarante années comme pour les hébreux dans le désert, mais pour tout le temps de l'exil à travers les déserts de la Terre. Personne, en réalité, ne m'enlève la vie. Ni ceux qui en m'aimant de tout eux-mêmes méritent que je m'immole pour eux, ni ceux qui me l'enlèvent à cause d'une haine sans mesure et d'une sotte peur. Personne ne pourrait me l'enlever si de Moi-même, je ne consentais pas à la donner et si le Père ne le permettait pas, pris tous les deux d'un délire d'amour pour l'Humanité coupable. C'est de Moi-même que je la donne, et j'ai le pouvoir de la reprendre quand je veux car il n'est pas convenable que la Mort puisse l'emporter sur la Vie. C'est pour cela que le Père m'a donné ce pouvoir, et même que le Père m'a commandé de le faire. Et par ma vie, offerte et consumée, les peuples deviendront un Peuple unique: le mien, le Peuple céleste des fils de Dieu, pour séparer dans les peuples les brebis des boucs et pour que les brebis suivent leur Pasteur dans le Royaume de la Vie éternelle.” Jésus, qui jusqu'alors a parlé à haute voix, s'adresse à voix basse à Sidonia dit Bartolmaï, toujours resté devant Lui avec à ses pieds son panier de pommes odorantes, et il lui dit: “Tu as tout oublié pour Moi. Maintenant tu vas certainement être puni et perdre ta place. Tu vois? Je t'apporte toujours de la souffrance. Pour Moi, tu as perdu la synagogue, et maintenant tu vas perdre ton maître…” “Et qu'est-ce que je m'en fais si je te possède Toi? Toi seul as de la valeur pour moi. Et je quitte tout pour te suivre, pourvu que tu me le permettes. Laisse-moi seulement porter ces fruits à leur acheteur et puis je suis à Toi.” “Allons ensemble. Puis nous irons chez ton père, car tu as un père et tu dois l'honorer en lui demandant sa bénédiction.” “Oui, Seigneur, tout ce que tu veux. Pourtant, instruis-moi beaucoup car je ne sais rien, pas même lire et écrire puisque j'étais aveugle.” “Ne t'en préoccupe pas. Ta bonne volonté te servira d'école.” Et il s'éloigne pour revenir sur la rue principale, pendant que la foule commente, discute, se querelle même, hésitant entre les avis opposés qui sont toujours les mêmes: Jésus de Nazareth est-il un possédé ou un saint? Les gens, en désaccord, discutent pendant que Jésus s'éloigne.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 12 avril 2015, Dimanche in Albis (de Quasimodo) - Octave de Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-31.
En ce temps-là, le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes de la maison, où se trouvaient les disciples, étant fermées par crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d'eux disant : "La Paix soit avec vous !" Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit une seconde fois : "Paix avec vous !" Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit-Saint." "Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." Mais Thomas, l'un des douze, celui qu'on appelle Didyme, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : "Nous avons vu le Seigneur." Mais il leur dit : "Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point." Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et se tenant au milieu d'eux, il leur dit : "Paix avec vous !" Puis il dit à Thomas : "Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois plus incrédule, mais croyant." Thomas lui répondit : "Mon Seigneur, et mon Dieu !" Jésus lui dit : "Parce que tu m'as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d'autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 10, Ch 13, p 65 - CD 10, piste 22 -
Ils sont rassemblés au Cénacle. La soirée doit être bien avancée car aucun bruit ne vient plus de la rue ni de la maison. Je pense que ceux aussi qui étaient venus avant se sont tous retirés ou dans leurs propres maisons ou pour dormir, fatigués par tant d'émotions. Les dix de leur côté, après avoir mangé des poissons, dont il reste encore quelques-uns sur un plateau posé sur la crédence, sont en train de parler sous la lumière d'une seule flamme du lampadaire la plus proche de la table. Ils y sont encore assis autour et ils ont des conversations morcelées. Ce sont presque des monologues car il semble que chacun, plutôt qu'avec son compagnon, parle avec lui-même. Et les autres le laissent parler, en parlant peut-être à leur tour de toute autre chose. Pourtant ces conversations décousues, qui donnent l'impression des rayons d'une roue démontée, on sent qu'elles se rapportent à un seul sujet qui en est le centre bien qu'ainsi éparpillées, et que c'est Jésus. “Je ne voudrais pas que Lazare ait mal entendu et que les femmes aient compris mieux que lui…” dit Jude d'Alphée. “A quelle heure la romaine dit-elle l'avoir vu?” demande Mathieu. Personne ne lui répond. “Demain je vais à Capharnaüm” dit André. “Quelle merveille! Agir de telle façon que ce soit juste à ce moment-là que sort la litière de Claudia!” dit Barthélemy. “Nous avons mal fait, Pierre, de nous éloigner tout de suite ce matin… Si nous étions restés nous l'aurions vu comme la Magdeleine” dit Jean en soupirant. “Moi, je ne comprends pas comment il peut être à Emmaüs et en même temps dans le palais. Et être ici, chez sa Mère, et en même temps chez la Magdeleine et chez Jeanne…” se dit à lui-même Jacques de Zébédée. “Il ne viendra pas. Je n'ai pas suffisamment pleuré pour le mériter… Il a raison. Je dis qu'il me fait attendre pendant trois jours à cause de mes trois reniements. Mais comment, comment ai-je pu faire cela?” “Comme il était transfiguré, Lazare! Je vous dis qu'il paraissait, lui, un soleil. Je pense qu'il lui est arrivé comme à Moïse après avoir vu Dieu. Et tout de suite - n'est-ce pas, vous qui étiez là? -tout de suite après avoir offert sa vie!” dit le Zélote. Personne ne l'écoute. Jacques d'Alphée se tourne vers Jean et dit: “Comment a-t-il dit à ceux d'Emmaüs? Il me semble qu'il nous a excusé, n'est-ce pas? N'a-t-il pas dit que tout est arrivé à cause de notre erreur d'israélites sur la façon de comprendre son Royaume?” Jean ne l'écoute pas. Il se tourne pour regarder Philippe et dit à l'air… car il ne parle pas à Philippe: “Pour moi, il me suffit de savoir qu'il est ressuscité. Et puis… Et puis que mon amour soit toujours plus fort. Vous avez vu, hein! Si vous regardez de près il est allé en proportion de l'amour que nous avons eu: la Mère, Marie-Magdeleine, les enfants, ma mère et la tienne, et puis Lazare et Marthe… Quand à Marthe? Je dis quand elle a entonné le psaume de David: "Le Seigneur est mon berger. Il ne me manquera rien. Il m'a mis dans un lieu d'abondants pâturages. Il m'a conduit aux eaux qui désaltèrent. Il a appelé mon âme à Lui…" Tu te souviens comment elle nous a fait sursauter avec ce chant inattendu? Et ces paroles sont en relation avec ce qu'elle a dit: "Il a appelé mon âme à Lui". En effet Marthe semble avoir retrouvé sa route… Avant elle était égarée, elle, la courageuse! Peut-être qu'en l'appelant il lui a dit l'endroit où il la veut. C'est même certain, car s'il lui a donné rendez-vous il doit savoir où elle sera. Qu'aura-t-il voulu dire en disant: "l'accomplissement des noces"?” Philippe, qui l'a regardé un moment et puis l'a laissé monologuer, dit en gémissant: “Moi je ne saurai pas quoi Lui dire s'il vient… Je me suis enfui… et je sens que je vais fuir. D'abord, c'était par peur des hommes. Maintenant, c'est par peur de Lui.” “Tous disent qu'il est très beau. Peut-il jamais être plus beau qu'il ne l'était déjà?” se demande Barthélemy. “Moi, je Lui dirai: "Tu m'as pardonné sans me parler quand j'étais publicain. Pardonne-moi aussi maintenant par ton silence car ma lâcheté ne mérite pas que tu me parles"“ dit Mathieu. “Longin dit qu'il s'est demandé: "Dois-je Lui demander de guérir ou de croire"? Mais son cœur a dit: "De croire" et alors la Voix a dit: "Viens à Moi" et il a senti la volonté de croire et en même temps la guérison. C'est exactement ce qu'il m'a dit” affirme Jude d'Alphée. “Moi, je suis toujours arrêté à la pensée que Lazare a été récompensé tout de suite à cause de son offrande… J'ai dit, moi aussi: "Ma vie pour ta gloire". Mais il n'est pas venu” dit en soupirant le Zélote. “Que dis-tu, Simon? Toi qui es cultivé, dis-moi: que dois-je Lui dire pour Lui faire comprendre que je l'aime et que je Lui demande pardon? Et toi, Jean? Tu as parlé beaucoup avec la Mère, aide-moi. Ce n'est pas de la pitié de laisser seul le pauvre Pierre!” Jean est ému de compassion pour son compagnon humilié et il dit: “Mais… mais moi, je Lui dirais simplement: "Je t'aime". Dans l'amour est compris aussi le désir du pardon et le repentir. Pourtant… je ne sais pas. Simon, que dis-tu?” Et le Zélote: “Moi je dirais ce qui était le cri des miraculés: "Jésus, aie pitié de moi!". Je dirais: "Jésus" et c'est tout, car il est bien plus que le Fils de David!”“C'est bien ce que je pense et ce qui me fait trembler. Oh! je me cacherai la tête… Ce matin aussi j'avais peur de le voir et…” “… et puis tu es entré le premier. Mais ne crains pas ainsi. On dirait que tu ne le connais pas” lui dit Jean pour l'encourager. La pièce s'illumine vivement comme par un éclair éblouissant. Les apôtres se cachent le visage, craignant que ce soit la foudre, mais ils n'entendent pas de bruit et ils lèvent la tête. Jésus est au milieu de la pièce, près de la table. Il ouvre les bras en disant: “La Paix soit avec vous.” Personne ne répond. Les uns sont plus pâles, d'autres plus rouges, ils le fixent tous, craintifs et suggestionnés, fascinés et en même temps comme pris par le désir de fuir. Jésus fait un pas en avant en souriant davantage. “Mais ne craignez pas ainsi! C'est Moi. Pourquoi êtes-vous ainsi troublés? Ne me désiriez-vous pas? Ne vous avais-je pas fait dire que je serais venu? Ne vous l'avais-je pas dit dès le soir de Pâque?” Personne n'ose parler. Pierre pleure déjà et Jean sourit déjà pendant que les deux cousins, les yeux brillants et remuant les lèvres sans réussir à parler, semblent deux statues représentant le désir. “Pourquoi avez-vous dans vos cœurs des pensées si opposées entre le doute et la foi, entre l'amour et la crainte? Pourquoi voulez-vous être encore chair et non pas esprit, et avec celui-ci seulement, voir, comprendre, juger, agir? Sous la flamme de la douleur ne s'est-il pas brûlé entièrement le vieux moi et n'a-t-il pas surgi le nouveau moi d'une vie nouvelle? Je suis Jésus. Votre Jésus ressuscité, comme il vous l'avait dit. Regardez. Toi qui as vu mes blessures et vous qui ignorez ma torture. Car ce que vous savez est bien différent de la connaissance exacte qu'en a Jean. Viens, toi, le premier. Tu es déjà tout à fait pur, si pur que tu peux me toucher sans crainte. L'amour, l'obéissance, la fidélité t'avaient déjà rendu pur. Mon Sang, dont tu as été tout inondé quand tu m'as déposé de la Croix, a fini de te purifier. Regarde. Ce sont de vraies mains et de vraies blessures. Observe mes pieds. Vois comment cette marque est celle du clou? Oui, c'est vraiment Moi et non pas un fantôme. Touchez-moi. Les spectres n'ont pas de corps. Moi, j'ai une vraie chair sur un vrai squelette.” Il met sa main sur la tête de Jean qui a osé aller près de Lui: “Tu sens? Elle est chaude et lourde.” Il lui souffle sur le visage: “Et ceci c'est la respiration.” “Oh! mon Seigneur!” Jean murmure doucement, ainsi… “Oui, votre Seigneur. Jean, ne pleure pas de crainte et de désir. Viens vers Moi. Je suis toujours Celui qui t'aime. Assoyons-nous, comme toujours, à la table. N'avez-vous rien à manger? Donnez-le moi donc.” André et Mathieu, avec des mouvements de somnambules, prennent sur les crédences les pains et les poissons, et un plateau avec un rayon de miel à peine entamé dans un coin. Jésus offre la nourriture et mange et il donne à chacun un peu de ce qu'il mange. Et il les regarde, si bon mais si majestueux, qu'ils en sont paralysés. Le premier qui ose parler c'est Jacques, frère de Jean: “Pourquoi nous regardes-tu ainsi?” “Parce que je veux vous connaître.” “Tu ne nous connais pas encore?” “Comme vous ne me connaissez pas. Si vous me connaissiez, vous sauriez qui je suis et vous trouveriez les mots pour me dire votre tourment. Vous vous taisez, comme en face d'un étranger puissant que vous craignez. Tout à l'heure vous parliez… Cela fait presque quatre jours que vous vous parlez à vous-mêmes en disant: "Je Lui dirai ceci…" en disant à mon Esprit: "Reviens, Seigneur, que je puisse te dire ceci". Maintenant je suis venu et vous vous taisez? Suis-je tellement changé que je ne vous paraisse plus Moi? Ou bien êtes-vous tellement changés que vous ne m'aimez plus?” Jean, assis près de son Jésus, fait son acte habituel de mettre la tête sur sa poitrine en murmurant: “Moi je t'aime, mon Dieu” mais il se raidit pour s'interdire cet abandon par respect pour le resplendissant Fils de Dieu. En effet Jésus semble dégager une lumière tout en étant d'une Chair semblable à la nôtre. Mais Jésus l'attire sur son Cœur et alors Jean ouvre les digues à ses pleurs bienheureux. C'est le signal pour tous de le faire. Pierre, deux places après Jean, glisse entre la table et son siège et il pleure en criant: “Pardon, pardon! Enlève-moi de cet enfer où je suis depuis tant d'heures. Dis-moi que tu as vu mon erreur pour ce qu'elle a été. Pas de l'esprit, mais de la chair qui a dominé le cœur. Dis-moi que tu as vu mon repentir… Il durera jusqu'à la mort. Mais Toi… mais Toi dis-moi que comme Jésus je ne dois pas te craindre… et moi, et moi je chercherai de faire si bien que je me ferai pardonner même par Dieu… et mourir… ayant seulement un grand purgatoire à faire.” “Viens ici, Simon de Jonas.” “J'ai peur.” “Viens ici. Ne sois pas plus lâche.” “Je ne mérite pas de venir près de Toi.” “Viens ici. Que t'a dit la Mère? "Si tu ne le regardes pas sur ce suaire, tu n'auras pas le courage de le regarder jamais plus". Oh! homme sot! Ce Visage ne t'a-t-il pas dit, par son regard douloureux, que je te comprenais et que je te pardonnais? Et pourtant je l'ai donné ce linge, pour réconfort, pour guide, pour absolution, pour bénédiction… Mais que vous a fait Satan pour vous aveugler à ce point? Maintenant Moi, je te dis: si tu ne me regardes pas maintenant que sur ma gloire j'ai encore étendu un voile pour me mettre à la portée de votre faiblesse, tu ne pourras jamais plus venir sans peur à ton Seigneur. Et que t'arrivera-t-il alors? Tu as péché par présomption. Veux-tu maintenant pécher de nouveau par obstination? Viens, te dis-je.” Pierre se traîne sur ses genoux, entre la table et les sièges, avec les mains sur son visage en pleurs. Jésus l'arrête, quand il est à ses pieds, en lui mettant la main sur la tête. Pierre, en pleurant plus fort, prend cette main et la baise dans un vrai sanglot sans frein. Il ne sait dire que: “Pardon! Pardon!” Jésus se dégage de son étreinte et, en faisant levier de sa main sous le menton de l'apôtre, il l'oblige à lever la tête et fixe ses yeux rougis, brûlés, déchirés par le repentir avec ses yeux brillants et sereins. Il semble vouloir lui transpercer l'âme, puis il dit: “Allons. Enlève l'opprobre de Judas. Baise-moi où il m'a baisé. Lave, avec ton baiser, la marque de la trahison.” Pierre lève la tête pendant que Jésus se penche encore davantage, et il effleure sa joue… puis il incline la tête sur les genoux de Jésus, et il reste ainsi… comme un vieil enfant qui a fait du mal, mais qui est pardonné. Les autres, maintenant qu'ils voient la bonté de leur Jésus, retrouvent un peu de hardiesse et ils s'approchent comme ils peuvent. Viennent d'abord ses cousins… Ils voudraient dire tant de choses et n'arrivent à rien dire. Jésus les caresse et leur donne du courage par son sourire.Mathieu vient avec André. Mathieu en disant: “Comme à Capharnaüm…” et André: “Moi, moi… je t'aime, moi.”Barthélemy vient en gémissant: “Je n'ai pas été sage, mais sot. Lui est sage” et il montre le Zélote auquel Jésus sourit déjà.Jacques de Zébédée vient et murmure à Jean: “Dis-le-lui, toi…” Jésus se tourne et dit: “Tu l'as dit depuis quatre soirs et depuis autant de temps j'ai eu de la compassion pour toi.” Philippe, en dernier lieu, vient tout courbé, mais Jésus le force à lever la tête et lui dit: “Pour prêcher le Christ, il faut davantage de courage.”Maintenant ils sont tous autour de Jésus. Ils s'enhardissent tout doucement. Ils retrouvent ce qu'ils ont perdu ou craint d'avoir perdu pour toujours. Affleurent de nouveau la confiance, la tranquillité et, bien que Jésus soit si majestueux qu'il tient ses apôtres dans un respect nouveau, ils trouvent finalement le courage de parler. C'est son cousin Jacques qui dit en soupirant: “Pourquoi nous as-tu fait cela, Seigneur? Tu savais que nous ne sommes rien et que toute chose vient de Dieu. Pourquoi ne nous as-tu pas donné la force d'être à tes côtés?” Jésus le regarde et sourit. “Maintenant tout est arrivé. Et tu ne dois plus rien souffrir, mais ne me demande plus cette obéissance. Chaque heure m'a vieilli d'un lustre et tes souffrances que l'amour et Satan augmentaient également, dans mon imagination, de cinq fois ce qu'elles ont été, ont vraiment consumé toutes mes forces. Il ne m'est resté rien d'autre pour continuer à obéir que de tenir, comme quelqu'un qui se noie avec les mains blessées, ma force avec la volonté comme des dents qui serrent une planche, pour ne pas périr… Oh! ne demande plus cela à ton lépreux!”Jésus regarde Simon le Zélote et sourit. “Seigneur, tu sais ce que voulait mon cœur. Mais, ensuite, je n'ai plus eu de cœur… comme s'ils me l'avaient arraché les gredins qui t'ont pris… et il m'est resté un trou d'où fuyaient toutes mes pensées antérieures. Pourquoi as-tu permis cela, Seigneur?” demande André. “Moi… tu parles de cœur? Moi je dis que j'ai été quelqu'un qui n'a plus de raison, comme quelqu'un qui reçoit un coup de massue sur la nuque. Quand la nuit venue je me suis trouvé à Jéricho… Oh! Dieu! Dieu!… Mais un homme peut-il périr ainsi? Je crois que c'est ainsi la possession. Maintenant je comprends ce qu'est cette chose redoutable!…” Philippe écarquille encore les yeux en se rappelant sa souffrance. “Tu as raison, Philippe. Moi je regardais en arrière. Je suis âgé et non dépourvu de sagesse, et je ne savais plus rien de ce que j'avais su jusqu'à cette heure. Je regardais Lazare, si déchiré mais si sûr, et je me disais: "Comment peut-il se faire que lui sache encore trouver une raison et moi plus rien?"“ dit Barthélemy. “Moi aussi, je regardais Lazare. Et, puisque je sais à peine ce que tu nous as expliqué, je ne pensais pas au savoir, mais je disais: "Si au moins j'avais le même cœur!" Au contraire je n'avais que douleur, douleur, douleur. Lazare avait la douleur et la paix… Pourquoi tant de paix pour lui?” Jésus regarde tour à tour d'abord Philippe, puis Barthélemy, puis Jacques de Zébédée. Il sourit et se tait. Jude dit: “Moi j'espérais arriver à voir ce que certainement Lazare voyait. Aussi je restais toujours près de lui… Son visage!… Un miroir. Un peu avant le tremblement de terre de Vendredi il était comme quelqu'un qui meurt broyé, et puis il devint tout d'un coup majestueux dans sa douleur. Vous rappelez-vous quand il dit: "Le devoir accompli donne la paix"? Nous crûmes nous tous que c'était seulement un reproche pour nous ou une approbation pour lui-même. Maintenant je pense qu'il le disait pour Toi. C'était un phare dans nos ténèbres Lazare. Combien tu lui as donné, Seigneur!” Jésus sourit et se tait. “Oui. La vie. Et peut-être avec elle tu lui as donné une âme différente. Pourquoi, enfin, lui est-il différent de nous? En effet, il n'est plus un homme. Il est déjà quelque chose de plus qu'un homme et, à cause de ce qu'il était dans le passé, il aurait dû être encore moins parfait d'esprit que nous. Mais lui s'est fait, et nous… Seigneur, mon amour a été vide comme certains épis. Il n'a donné que de la balle” dit André. Et Mathieu: “Moi, je ne puis rien demander. Car j'ai déjà tant eu avec, ma conversion. Mais, oui! J'aurais voulu avoir ce qu'a eu Lazare. Une âme donnée par Toi, car je pense moi aussi comme André…” “La Magdeleine et Marthe ont été aussi des phares. Serait-ce la race. Vous ne les avez pas vues. L'une était pitié et silence. L'autre! Oh! si nous avons été tous un faisceau autour de la Bénie, c'est parce que Marie de Magdala nous a groupés par les flammes de son courageux amour. Oui, j'ai dit: la race. Mais je dois dire: l'amour. Ils nous ont dépassés en fait d'amour. C'est pour cela qu'ils ont été ce qu'ils ont été” dit Jean. Jésus sourit et continue de se taire. “Ils en ont été grandement récompensés pourtant…” “C'est à eux que tu es apparu.” “A tous les trois.” “A Marie, tout de suite après ta Mère…” Il est visible que les apôtres ont un regret pour ces apparitions privilégiées. “Marie te sait ressuscité depuis déjà tant d'heures. Et nous, c'est seulement maintenant que nous pouvons te voir…” “Il n'y a plus de doutes en elles. En nous, au contraire, voilà… c'est seulement maintenant que nous sentons que rien n'est fini. Pourquoi à elles, Seigneur, si tu nous aimes encore et si tu ne nous repousses pas?” demande Jude d'Alphée. “Oui. Pourquoi aux femmes, et en particulier à Marie? Tu as même touché son front et elle dit qu'il lui semble porter une couronne éternelle. Et à nous, tes apôtres, rien…”Jésus ne sourit plus. Son visage n'est pas troublé, mais il ne sourit plus. Il regarde sérieusement Pierre qui a parlé le dernier, reprenant de la hardiesse à mesure que sa peur se dissipe, et il dit: “J'avais douze apôtres. Et je les aimais de tout mon Cœur. Je les avais choisis, et comme une mère j'avais pris soin de les faire grandir dans ma Vie. Je n'avais pas de secrets pour eux. Je leur disais tout, je leur expliquais tout, je leur pardonnais tout. Leurs idées humaines, leurs étourderies, leurs entêtements… tout. Et j'avais des disciples. Des disciples riches et des pauvres. J'avais des femmes au passé ténébreux ou de faible constitution. Mais les préférés, c'était les apôtres. Mon heure est venue. L'un m'a trahi et livré aux bourreaux. Trois ont dormi pendant que je suais du sang. Tous, sauf deux, ont fui par lâcheté. Un m'a renié par peur bien qu'il eût l'exemple de l'autre, jeune et fidèle. Et, comme si cela ne suffisait pas, j'ai eu parmi les douze le suicide d'un désespéré et un qui a tant douté de mon pardon qu'il n'a cru que difficilement, et grâce à la parole maternelle, à la Miséricorde de Dieu. En sorte que si j'avais regardé ma troupe, et si j'avais attaché sur elle un regard humain, j'aurais dû dire: "A part Jean, fidèle par amour, et Simon, fidèle à l'obéissance, je n'ai plus d'apôtres". C'est cela que j'aurais dû dire pendant que je souffrais dans l'enceinte du Temple, au Prétoire, dans les rues et sur la Croix. J'avais des femmes… L'une d'elles, la plus coupable dans le passé, a été, comme Jean l'a dit, la flamme qui a soudé les fibres brisées des cœurs. Cette femme c'est Marie de Magdala. Tu m'as renié et tu as fui. Elle a bravé la mort pour rester près de Moi. Insultée, elle a découvert son visage, prête à recevoir les crachats et les gifles en pensant qu'elle ressemblait ainsi davantage à son Roi crucifié. Méprisée, au fond des cœurs, à cause de sa foi tenace en ma Résurrection, elle a su continuer à croire. Déchirée, elle a agi. Désolée, ce matin, elle a dit: "Je me dépouille de tout, mais donnez-moi mon Maître". Peux-tu encore demander: "Pourquoi à elle?" J'avais des disciples pauvres, des bergers. Je les ai peu approchés, et pourtant comme ils ont su me confesser par leur fidélité! J'avais des disciples timides, comme toutes les femmes de ce pays. Et pourtant elles ont su quitter leurs maisons et venir dans la marée d'un peuple qui me blasphémait, pour me donner le secours que mes apôtres m'avaient refusé. J'avais des païennes qui admiraient le "philosophe". J'étais cela pour elles. Mais elles ont su s'abaisser aux usages hébreux, les puissantes romaines, pour me dire, à l'heure de l'abandon d'un monde ingrat: "Nous sommes pour Toi des amies".J'avais le visage couvert de crachats et de sang. Les larmes et la sueur coulaient sur mes blessures. La saleté et la poussière m'incrustaient la peau. Quelle est la main qui m'a essuyé? La tienne? Ou la tienne? Ou la tienne? Aucune de vos mains. Celui-ci était près de la Mère. Celui-ci rassemblait les brebis dispersées. Vous. Et si mes brebis étaient dispersées comment pouvaient-elles me donner du secours? Tu cachais ton visage par peur du mépris du monde pendant que ton Maître était couvert par le mépris de tout le monde, Lui qui était innocent. J'avais soif. Oui. Sache aussi cela. Je mourais de soif. Je n'avais plus que fièvre et douleur. Le Sang avait déjà coulé au Gethsémani, tiré par la douleur d'être trahi, abandonné, renié, frappé, submergé par le nombre infini des fautes et par la rigueur de Dieu. Et il avait coulé au Prétoire… Qui a pensé à me donner une goutte pour mon gosier brûlé? Une main d'Israël? Non. La pitié d'un païen. La même main qui, par un décret éternel, m'ouvrit la poitrine pour montrer que mon Cœur avait déjà une blessure mortelle, et c'était celle que l'absence d'amour, la lâcheté, la trahison, m'avaient faite. Un païen. Je vous le rappelle: "J'ai eu soif et tu m'as donné à boire". Il n'y en eut pas un pour me réconforter dans tout Israël. Ou par impossibilité de le faire, comme la Mère et les femmes fidèles, ou par mauvaise volonté. Et un païen trouva pour l'inconnu la pitié que mon peuple m'avait refusée. Il trouvera au Ciel la gorgée qu'il m'a donnée. En vérité, je vous le dis: j'ai refusé tout réconfort, car quand on est Victime, il ne faut pas adoucir son sort, mais je n'ai pas voulu repousser le païen dans l'offrande duquel j'ai goûté le miel de tout l'amour qui me sera donné par les gentils pour compenser l'amertume que m'a donnée Israël. Il ne m'a pas enlevé la soif. Mais le découragement, oui. C'est pour cela que j'ai pris cette gorgée ignorée. Pour attirer à Moi celui qui déjà penchait vers le Bien. Que le Père le bénisse pour sa pitié! Vous ne parlez plus? Pourquoi ne me demandez-vous pas encore pourquoi j'ai agi ainsi? Vous n'osez pas le demander? Je vais vous le dire. Je vais tout vous dire des pourquoi de cette heure. Qui êtes-vous? Mes continuateurs. Oui. Vous l'êtes malgré votre égarement. Que devez-vous faire? Convertir le monde au Christ. Convertir! C'est la chose la plus difficile et la plus délicate, mes amis. Le dédain, le dégoût, l'orgueil, le zèle exagéré sont tous très nuisibles pour réussir. Mais comme rien ni personne ne vous auraient amené à la bonté, à la condescendance, à la charité, pour ceux qui sont dans les ténèbres, il a été nécessaire - vous comprenez? - il a été nécessaire que vous ayez, une bonne fois, brisé votre orgueil d'hébreux, de mâles, d'apôtres, pour faire place à la vraie sagesse de votre ministère, à la douceur, à la pitié, à l'amour sans arrogance ni dégoût. Vous voyez que tous vous ont surpassé dans la foi et dans l'action parmi ceux que vous regardiez avec mépris ou une compassion orgueilleuse. Tous. Et l'ancienne pécheresse. Et Lazare, trempé d'une culture profane, le premier qui a pardonné et guidé en mon Nom. Et les femmes païennes. Et la faible épouse de Chouza. Faible? En réalité, elle vous surpasse tous! Première martyre de ma foi. Et les soldats de Rome. Et les bergers. Et l'hérodien Manaën. Et jusqu'au rabbin Gamaliel. Ne sursaute pas, Jean. Crois-tu que mon Esprit était dans les ténèbres? Tous. Et cela pour que demain, en vous rappelant votre erreur, vous ne fermiez pas votre cœur à ceux qui viennent à la Croix. Je vous le dis. Et déjà je sais que, bien que je vous le dise, vous ne le ferez que quand la Force du Seigneur vous pliera comme des brindilles à ma Volonté, qui est d'avoir des chrétiens de toute la Terre. J'ai vaincu la Mort, mais elle est moins dure que le vieil hébraïsme. Mais je vous plierai. Toi, Pierre, au lieu de rester en pleurs et humilié, toi qui dois être la Pierre de mon Église, grave ces amères vérités dans ton cœur. La myrrhe sert à préserver de la corruption. Imprègne-toi donc de myrrhe. Et quand tu voudras fermer ton cœur et l'Église à quelqu'un d'une autre foi, rappelle-toi que ce n'est pas Israël, pas Israël, pas Israël, mais Rome qui m'a défendu et a voulu avoir pitié. Rappelle-toi que ce n'est pas toi, mais une pécheresse qui a su rester au pied de la Croix et a mérité de me voir la première. Et pour ne pas mériter le blâme sois l'imitateur de ton Dieu. Ouvre ton cœur et l'Église en disant: "Moi, le pauvre Pierre, je ne puis mépriser car si je méprise je serai méprisé par Dieu et mon erreur redeviendra vivante à ses yeux". Malheur si je ne t'avais pas brisé ainsi! Ce n'est pas un berger mais un loup que tu serais devenu.” Jésus se lève avec la plus grande majesté. “Mes fils, je vous parlerai encore pendant le temps que je resterai parmi vous. Mais pour l'instant je vous absous et vous pardonne. Après l'épreuve qui, si elle a été humiliante et cruelle, a été aussi salutaire et nécessaire, que vienne en vous la paix du pardon. Et avec elle dans vos cœurs redevenez mes amis fidèles et courageux. Le Père m'a envoyé dans le monde. Je vous envoie dans le monde pour continuer mon évangélisation. Des misères de toutes sortes viendront à vous pour vous demander du soulagement. Soyez bons en pensant à votre misère quand vous êtes restés sans votre Jésus. Soyez éclairés. Dans les ténèbres, il n'est pas permis de voir. Soyez purs pour donner la pureté. Soyez amour pour aimer. Puis viendra Celui qui est Lumière, Purification et Amour. Mais, en attendant, pour vous préparer à ce ministère, je vous communique l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. Que votre expérience vous rende justes pour juger. Que l'Esprit Saint vous rende saints pour sanctifier. Que la volonté sincère de surmonter votre manque vous rende héroïques pour la vie qui vous attend. Ce que j'ai encore à dire, je vous le dirai quand l'absent sera revenu. Priez pour lui. Restez dans ma paix et sans agitation de doute sur mon amour.” Et Jésus disparaît comme il était entré, laissant une place vide entre Jean et Pierre. Il disparaît dans une lueur qui fait fermer les yeux tant elle est forte. Et quand les yeux éblouis se rouvrent, ils trouvent seulement que la paix de Jésus est restée, flamme qui brûle et qui soigne et consume les amertumes du passé dans un désir unique: servir.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 5 avril 2015, Dimanche de Pâques - Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 16,1-7.
En ce temps-là, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer Jésus. Et, le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent au sépulcre, le soleil venant de se lever. Elles se disaient entre elles : " Qui nous roulera la pierre de l'entrée du sépulcre ? " Elles regardèrent et observèrent que la pierre avait été roulée de côté ; or elle était fort grande. Entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : " N'ayez pas de frayeur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n'est point ici. Voici la place où on l'avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. "
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta : Tome 10, Ch 5, p 27 - CD 10, piste 8 -
Pendant ce temps les femmes, qui sont sorties de la maison, cheminent en rasant les murs, ombres dans l'ombre. Pendant quelque temps elles se taisent, toutes emmitouflées et rendues craintives par tant de silence et de solitude. Puis, rassurées par le calme absolu de la ville, elles se groupent et osent parler. “Les portes seront-elles déjà ouvertes?” demande Suzanne. “Certainement. Regarde le premier jardinier qui entre avec ses légumes. Il va au marché” répond Salomé. “Ils ne nous diront rien?” demande encore Suzanne. “Qui?” demande la Magdeleine. “Les soldats, à la Porte Judiciaire. Par là… il y en a peu qui entrent et encore moins qui sortent… Nous donnerons des soupçons…” “Et avec cela? Ils nous regarderont. Ils verront cinq femmes qui vont vers la campagne. Nous pourrions être aussi des personnes qui, après avoir fait la Pâque, vont vers leurs villages.” “Pourtant… pour ne pas attirer l'attention de quelque malintentionné, pourquoi ne sortons-nous pas par une autre porte, en faisant ensuite le tour en rasant les murs?” “Nous allongerons la route.” “Mais nous serons plus tranquilles. Prenons la Porte de l'Eau…” “Oh! Salomé! Si j'étais à ta place, je choisirais la Porte Orientale! Plus long serait le tour que tu devrais faire! Il faut faire vite et revenir vite”. C'est la Magdeleine qui est si tranchante. “Alors une autre, mais pas la Judiciaire. Sois gentille…” demandent-elles toutes. “C'est bien. Alors, puisque vous le voulez, passons chez Jeanne. Elle a recommandé de le lui faire savoir. Si nous y étions allées directement on pouvait s'en passer. Mais puisque vous voulez faire un tour plus long passons chez elle…” “Oh! oui. À cause aussi des gardes qu'on a mis là… Elle est connue et on la craint…” “Moi, je dirais de passer aussi chez Joseph d'Arimathie. C'est le propriétaire de l'endroit.” Mais oui! Faisons un cortège maintenant pour ne pas attirer l'attention! Oh! quelle sœur craintive j'ai! Ou plutôt, sais-tu, Marthe? Faisons ainsi. Moi, je vais en avant et je regarde. Vous, vous venez derrière avec Jeanne. Je me mettrai au milieu du chemin s'il y a du danger, et vous me verrez, et nous reviendrons en arrière. Mais je vous assure que les gardes, devant ceci, j'y ai pensé (et elle montre une bourse pleine de pièces de monnaie), nous laisserons tout faire.” “Nous le dirons aussi à Jeanne, tu as raison.” “Alors, laissez-moi aller.” “Tu vas seule, Marie? Je viens avec toi” dit Marthe qui craint pour sa sœur. “Non, tu vas avec Marie d'Alphée chez Jeanne. Salomé et Suzanne t'attendront près de la porte, à l'extérieur des murs. Et puis vous viendrez par la route principale toutes ensemble. Adieu.” Et Marie-Magdeleine coupe tout autre commentaire possible en s'en allant rapidement avec son sac de baumes et son argent dans son sein. Elle vole tant sa marche est rapide sur le chemin qui devient plus gai avec le premier rose de l'aurore. Elle franchit la Porte Judiciaire pour aller plus vite et personne ne l'arrête… Les autres la regardent aller, puis tournent le dos à la bifurcation des routes où elles étaient et en prennent une autre, étroite et sombre, qui s'ouvre ensuite, à proximité du Sixte, sur une route plus large et dégagée où il y a de belles maisons. Elles se séparent encore, Salomé et Suzanne continuent leur chemin pendant que Marthe et Marie l'Alphée frappent à la porte ferrée et se montrent à l'ouverture que le portier entrouvre. Elles entrent et vont trouver Jeanne qui, déjà levée et entièrement vêtue de violet très foncé qui la rend encore plus pâle, manipule aussi des huiles avec sa nourrice et une servante. “Vous êtes venues? Dieu vous en récompense. Mais si vous n'étiez pas venues, j'y serais allée de moi-même… Pour trouver du réconfort… car beaucoup de choses sont restées troublées depuis ce jour redoutable. Et pour ne pas me sentir seule je dois aller contre cette Pierre et frapper et dire: "Maître, je suis la pauvre Jeanne… Ne me laisse pas seule Toi aussi…"“ Jeanne pleure doucement mais toute désolée pendant qu'Esther, sa nourrice, fait de grands gestes incompréhensibles derrière sa maîtresse en lui mettant son manteau. “Je pars, Esther.” “Que Dieu te réconforte!” Elles sortent du palais pour rejoindre leurs compagnes. C'est à ce moment qu'arrive le bref et fort tremblement de terre qui jette de nouveau dans la panique les habitants de Jérusalem, encore terrorisés par les événements du Vendredi. Les trois femmes reviennent sur leurs pas précipitamment et restent dans le large vestibule, au milieu des servantes et des serviteurs qui crient et invoquent le Seigneur, et elles y restent, craignant de nouvelles secousses… … La Magdeleine, de son côté, est exactement à la limite de la ruelle qui conduit au jardin de Joseph d'Arimathie quand la surprend le grondement puissant et pourtant harmonieux de ce signe céleste alors que, dans la lumière à peine rosée de l'aurore qui s'avance dans le ciel où encore à l'occident résiste une étoile tenace, et qui rend blond l'air jusqu'alors vert clair, s'allume une grande lumière qui descend comme si c'était un globe incandescent, splendide, qui coupe en zig zag l'air tranquille. Marie de Magdala en est presque effleurée et renversée sur le sol. Elle se penche un moment en murmurant: “Mon Seigneur!” et puis se redresse comme une tige après le passage du vent et court encore plus rapidement vers le jardin. Elle y entre rapidement comme un oiseau poursuivi et qui cherche son nid du côté du tombeau taillé dans le roc. Mais bien qu'elle aille vite elle ne peut être là quand le céleste météore fait office de levier et de flamme sur le sceau de chaux mis pour renforcer la lourde pierre, ni quand avec le fracas final la porte de pierre tombe en donnant une secousse qui s'unit à celle du tremblement de terre qui, s'il est bref, est d'une violence telle qu'il terrasse les gardes comme s'ils étaient morts. Marie, en arrivant, voit ces inutiles geôliers du Triomphateur jetés sur le sol comme une gerbe d'épis fauchés. Marie-Magdeleine ne rapproche pas le tremblement de terre de la Résurrection. Mais, voyant ce spectacle, elle croit que c'est le châtiment de Dieu sur les profanateurs du Tombeau de Jésus et elle tombe à genoux en disant: “Hélas! Ils l'ont enlevé!” Elle est vraiment désolée, et elle pleure comme une fillette venue, sure de trouver son père qu'elle cherche, et qui trouve au contraire la demeure vide. Puis elle se lève et s'en va en courant trouver Pierre et Jean. Et comme elle ne pense qu'à prévenir les deux, elle ne pense plus à aller à la rencontre de ses compagnes, à s'arrêter sur le chemin, mais rapide comme une gazelle elle repasse par le chemin déjà fait, franchit la Porte Judiciaire et vole sur les routes qui sont un peu animées, s'abat contre le portail de la maison hospitalière et la bat et la secoue furieusement. La maîtresse lui ouvre. “Où sont Jean et Pierre?” demande Marie-Magdeleine haletante. “Là” et la femme lui indique le Cénacle. Marie de Magdala entre et dès qu'elle est à l'intérieur, devant les deux étonnés, elle dit à voix basse par pitié pour la Mère et plus angoissée que si elle avait crié: “Ils ont enlevé le Seigneur du Tombeau! Qui sait où ils l'ont mis!” et pour la première fois elle titube et vacille et pour ne pas tomber elle se raccroche où elle peut. “Mais comment? Que dis-tu?” demandent les deux. Et elle, haletante: “Je suis allée en avant… pour acheter les gardes… afin qu'ils nous laissent faire. Eux sont là comme morts… Le Tombeau est ouvert, la pierre par terre… Qui? Qui a pu faire cela? Oh! venez! Courons…” Pierre et Jean partent tout de suite. Marie les suit pendant quelques pas, puis elle revient en arrière. Elle saisit la maîtresse de la maison, la secoue avec violence dans son prévoyant amour et lui souffle au visage: “Garde-toi bien de faire passer quelqu'un chez elle (et elle montre la porte de la pièce de Marie). Rappelle-toi que c'est moi la maîtresse. Obéis et tais-toi.” Puis elle la laisse épouvantée et elle rejoint les apôtres qui à grands pas vont vers le Tombeau… … Suzanne et Salomé, pendant ce temps, après avoir quitté leurs compagnes et rejoint les murs, sont surprises par le tremblement de terre. Effrayées, elles se réfugient sous un arbre et restent là, combattues entre le désir violent d'aller vers le Tombeau et celui de courir chez Jeanne. Mais l'amour triomphe de la peur et elles vont vers le Tombeau. Elles entrent encore effrayées dans le jardin et voient les gardes évanouis… elles voient une grande lumière qui sort du Tombeau ouvert. Cela augmente leur effroi et finit de se rendre complet quand, se tenant par la main pour s'encourager mutuellement, elles se présentent sur le seuil et voient dans l'obscurité de la chambre sépulcrale une créature lumineuse et très belle, qui sourit doucement, et les salue de la place où elle est: appuyée à droite de la pierre de l'onction dont la grisaille disparaît devant une si incandescente splendeur. Elles tombent à genoux, étourdies de stupeur. Mais l'ange leur parle doucement: “N'ayez pas peur de moi. Je suis l'ange de la divine Douleur. Je suis venu pour me réjouir de la fin de celle-ci. Il n'est plus de douleur du Christ, d'humiliation pour Lui dans la mort. Jésus de Nazareth, le Crucifié que vous cherchez, est ressuscité. Il n'est plus ici! Il est vide l'endroit où vous l'avez déposé. Réjouissez-vous avec moi. Allez. Dites à Pierre et aux disciples qu'il est ressuscité et qu'il vous précède en Galilée. Vous le verrez encore là pour peu de temps, selon ce qu'il a dit.” Les femmes tombent le visage contre terre et quand elles le lèvent elles s'enfuient comme si elles étaient poursuivies par un châtiment. Elles sont terrorisées et murmurent: “Nous allons mourir! Nous avons vu l'ange du Seigneur!” Elles se calment un peu en pleine campagne, et se concertent. Que, faire? Si elles disent ce qu'elles ont vu, on ne les croira pas. Si elles disent aussi de venir de là, elles peuvent être accusées par les juifs d'avoir tué les gardes. Non. Elles ne peuvent rien dire ni aux amis ni aux ennemis… Craintives, rendues muettes, elles reviennent par un autre chemin à la maison. Elles entrent et se réfugient dans le Cénacle. Elles ne demandent même pas de voir Marie… Et là, elles pensent que ce qu'elles ont vu est une tromperie du Démon. Humbles comme elles le sont, elles jugent “qu'il n'est pas possible qu'il leur ait été accordé de voir le messager de Dieu. C'est Satan qui a voulu les effrayer pour les éloigner de là.” Elles pleurent et prient comme des fillettes effrayées par un cauchemar… … Le troisième groupe, celui de Jeanne, Marie d'Alphée et Marthe, vu qu'il n'arrive rien de nouveau se décide à aller là où certainement leurs compagnes les attendent. Elles sortent dans les rues où maintenant il y a des gens apeurés qui commentent le nouveau tremblement de terre et le rattachent aux faits du Vendredi et voient aussi des choses qui n'existent pas. “Il vaut mieux qu'ils soient tous effrayés! Peut-être les gardiens le seront aussi et ne feront pas d'objection” dit Marie d'Alphée. Et elles vont rapidement vers les murs. Mais pendant qu'elles y vont, Pierre et Jean, suivis de la Magdeleine, sont déjà arrivés au jardin. Jean, plus rapide, arrive le premier au Tombeau. Les gardes n'y sont plus et l'ange n'y est plus. Jean s'agenouille, craintif et affligé, sur le seuil ouvert, pour vénérer et recueillir quelque indice des choses qu'il voit. Mais il voit seulement entassés par terre les linges mis par dessus le Linceul. “Il n'y est vraiment pas, Simon! Marie a bien vu. Viens, entre, regarde.” Pierre, tout essoufflé par la grande course qu'il a faite, entre dans le Tombeau. Il avait dit en route: “Je ne vais pas oser m'approcher de cet endroit.” Mais maintenant il ne pense qu'à découvrir où peut être le Maître. Et il l'appelle aussi, comme s'il pouvait être caché dans quelque coin obscur. L'obscurité, à cette heure matinale, est encore forte dans le Tombeau auquel ne donne de la lumière que la petite ouverture de la porte sur laquelle font de l'ombre Jean et la Magdeleine… Et Pierre a du mal à voir et doit s'aider de ses mains pour se rendre compte… Il touche, en tremblant, la table de l'onction et il voit qu'elle est vide… “Il n'y est pas, Jean! Il n'y est pas!… Oh! Viens toi aussi! J'ai tant pleuré que je n'y vois presque pas avec ce peu de lumière.” Jean se relève et entre. Et pendant qu'il le fait Pierre découvre le suaire placé dans un coin, bien plié avec à l'intérieur le Linceul soigneusement roulé. “Ils l'ont vraiment enlevé. Les gardes, ce n'était pas pour nous, mais pour faire cela… Et nous l'avons laissé faire. En nous éloignant, nous l'avons permis…” “Oh! où l'auront-ils mis?” “Pierre, Pierre! Maintenant… c'est vraiment fini!” Les deux disciples sortent anéantis. “Allons, femme. Tu le diras à la Mère…” “Moi, je ne m'éloigne pas. Je reste ici… Quelqu'un viendra… Oh! moi, je ne viens pas… Ici il y a encore quelque chose de Lui. Elle avait raison, la Mère… Respirer l'air où il a été c'est l'unique soulagement qui nous reste.” “L'unique soulagement… Maintenant tu vois toi aussi que c'était une folie d'espérer…” dit Pierre. Marie ne répond même pas. Elle s'affaisse sur le sol, justement près de la porte, et elle pleure pendant que les autres s'en vont lentement. Puis elle lève la tête et regarde à l'intérieur et, à travers ses larmes, elle voit deux anges assis à la tête et aux pieds de la pierre de l'onction. Elle est si abrutie, la pauvre Marie, dans sa plus ardente bataille entre l'espérance qui meurt et la foi qui ne veut pas mourir, qu'elle les regarde hébétée, sans même s'en étonner. Elle n'a plus que des larmes la courageuse qui a résisté à tout en héroïne. “Pourquoi pleures-tu, femme?” demande un des deux enfants lumineux, car ils ont l'aspect de très beaux adolescents. “Parce qu'ils ont emporté mon Seigneur et je ne sais où ils me l'ont mis.” Marie n'a pas peur de leur parler, elle ne demande pas: “Qui êtes vous?” Rien. Rien ne l'étonne plus. Tout ce qui peut étonner une créature, elle l'a déjà subi. Maintenant elle n'est plus qu'une chose brisée qui pleure sans force ni retenue. L'enfant angélique regarde son compagnon et sourit, et l'autre aussi. Et dans un éclair de joie angélique tous deux regardent dehors, vers le jardin tout en fleurs avec les millions de fleurs qui se sont ouvertes au premier soleil sur les pommiers touffus de la pommeraie. Marie se tourne pour voir ce qu'ils regardent et elle voit un Homme très beau, et je ne sais pas comment elle peut ne pas le reconnaître tout de suite. Un Homme qui la regarde avec pitié et lui demande: “Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?” Il est vrai que c'est un Jésus assombri par sa pitié envers une créature que trop d'émotions ont épuisée et qu'une joie imprévue pourrait faire mourir, mais je me demande vraiment comment elle peut ne pas le reconnaître. Et Marie, au milieu de ses sanglots: “Ils m'ont pris le Seigneur Jésus! J'étais venue pour l'embaumer en attendant qu'il ressuscite… J'ai rassemblé tout mon courage et mon espérance, et ma foi, autour de mon amour… et maintenant je ne le trouve plus… Et même j'ai mis mon amour autour de ma foi, de mon espérance et de mon courage, pour les défendre des hommes… Mais tout est inutile! Les hommes ont enlevé mon Amour et avec Lui ils m'ont tout enlevé… O mon seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi je le prendrai… Je ne le dirai à personne… Ce sera un secret entre toi et moi. Regarde: je suis la fille de Théophile, la sœur de Lazare, mais je reste à genoux devant toi, pour te supplier comme une esclave. Veux-tu que je t'achète son Corps? Je le ferai. Combien veux-tu? Je suis riche. Je puis te donner autant d'or et de gemmes qu'il pèse. Mais rends-le-moi. Je ne te dénoncerai pas. Veux-tu me frapper? Fais-le. Jusqu'au sang si tu veux. Si tu as de la haine pour Lui, fais-la-moi payer. Mais rends-le-moi. Oh! ne m'appauvris pas de cette misère, ô mon seigneur! Pitié pour une pauvre femme!… Pour moi, tu ne le veux pas? Pour sa Mère, alors. Dis-moi! Dis-moi où est mon Seigneur Jésus. Je suis forte. Je le prendrai dans mes bras et je le porterai comme un enfant dans un lieu sûr. Seigneur… seigneur… tu le vois… depuis trois jours nous sommes frappés par la colère de Dieu à cause de ce qu'on a fait au Fils de Dieu… N'ajoute pas la Profanation au Crime…” “Marie!” Jésus rayonne en l'appelant. Il se dévoile dans sa splendeur triomphante. “Rabboni!” Le cri de Marie est vraiment “le grand cri” qui ferme le cycle de la mort. Avec le premier, les ténèbres de la haine enveloppèrent la Victime des bandes funèbres, avec le second les lumières de l'amour accrûrent sa splendeur. Et Marie se lève au cri qui emplit le jardin, court aux pieds de Jésus, et voudrait les baiser. Jésus l'écarte en la touchant à peine au front avec l'extrémité des doigts: “Ne me touche pas! Je ne suis pas encore monté vers mon Père avec ce vêtement. Va trouver mes frères et amis et dis-leur que je monte vers mon Père et le vôtre, vers mon Dieu et le vôtre. Et ensuite je viendrai vers eux.” Et Jésus disparaît, absorbé par une lumière insoutenable. Marie baise le sol où il se trouvait et court vers la maison. Elle entre comme une fusée car le portail est entrouvert pour livrer passage au maître qui sort pour aller à la fontaine; elle ouvre la porte de la pièce de Marie et elle s'abandonne sur son cœur en criant: “Il est ressuscité! Il est ressuscité!” et elle pleure, bienheureuse. Et pendant qu'accourent Pierre et Jean, et que du Cénacle s'avancent Salomé et Suzanne apeurées et qu'elles écoutent son récit, voilà qu'entrent aussi par la rue Marie d'Alphée avec Marthe et Jeanne qui toutes essoufflées disent que “elles y sont allées elles aussi et qu'elles ont vu deux anges qui se disaient le gardien de l'Homme-Dieu et l'ange de sa Douleur et qu'ils ont donné l'ordre de dire aux disciples qu'il était ressuscité.” Et comme Pierre secoue la tête, elles insistent en disant: “Oui. Ils ont dit: "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? Il n'est pas ici. Il est ressuscité comme il le disait quand il était encore en Galilée. Ne vous le rappelez-vous pas? Il disait: 'Le Fils de l'homme doit être livré aux mains des pécheurs et être crucifié, mais le troisième il ressuscitera' ".” Pierre secoue la tête en disant: “Trop de choses ces jours-ci! Vous en êtes restées troublées.” La Magdeleine relève la tête du sein de Marie et elle dit: “Je l'ai vu, je lui ai parlé. Il m'a dit qu'il monte vers le Père et qu'il vient ensuite. Comme il était beau!” et elle pleure comme elle n'a jamais pleuré, maintenant qu'elle n'a plus à se torturer elle-même pour s'opposer au doute qui surgit de tous côtés. Mais Pierre et Jean aussi restent très hésitants. Ils se regardent mais leurs yeux se disent: “Imaginations de femmes!” Suzanne aussi et Salomé osent alors parler, mais l'inévitable différence dans les détails des gardes qui d'abord sont là comme morts et ensuite ne sont plus là, des anges qui tantôt sont un et tantôt deux et qui ne se sont pas montrés aux apôtres, des deux versions sur la venue de Jésus ici et sur le fait qu'il précède les siens en Galilée, fait que le doute et, même, la persuasion des apôtres augmente de plus en plus. Marie, la Mère bienheureuse, se tait en soutenant la Magdeleine… Je ne comprends pas le mystère de ce silence maternel. Marie d'Alphée dit à Salomé: “Retournons-y toutes les deux. Voyons si nous sommes toutes ivres…” Et elles courent dehors. Les autres restent, paisiblement ridiculisées par les deux apôtres, près de Marie qui se tait, absorbée dans une pensée que chacun interprète à sa façon et sans que personne comprenne que c'est de l'extase. Les deux femmes âgées reviennent: “C'est vrai! C'est vrai! Nous l'avons vu. Il nous a dit près du jardin de Barnabé: "Paix à vous. Ne craignez pas. Allez dire à mes frères que je suis ressuscité et qu'ils aillent d'ici quelques jours en Galilée. Là nous serons encore ensemble". C'est ainsi qu'il a parlé. Marie a raison. Il faut le dire à ceux de Béthanie, à Joseph, à Nicodème, aux disciples les plus fidèles, aux bergers, aller, agir, agir… Oh! il est ressuscité!…” Elles pleurent toutes bienheureuses. “Vous êtes folles, femmes. La douleur vous a troublées. La lumière vous a semblé un ange. Le vent, une voix. Le soleil, le Christ. Je ne vous critique pas, je vous comprends mais je ne puis croire qu'à ce que j'ai vu: le Tombeau ouvert et vide et les gardes partis avec le Cadavre volatilisé.” “Mais si les gardes eux-mêmes disent qu'il est ressuscité! Si la ville est en émoi et si les Princes des Prêtres sont fous de colère parce que les gardes ont parlé dans leur fuite éperdue! Maintenant ils veulent qu'ils disent autre chose et les paient pour cela. Mais déjà on le sait, et si les juifs ne croient pas à la Résurrection, ne veulent pas croire, beaucoup d'autres croient…” “Hum! Les femmes!…” Pierre hausse les épaules et il va s'en aller. Alors la Mère, qui a toujours sur son cœur la Magdeleine qui pleure comme un saule sous une averse à cause de sa trop grande joie et qui baise ses cheveux blonds, lève son visage transfiguré et dit une courte phrase: “Il est réellement ressuscité. Je l'ai eu dans mes bras et j'ai baisé ses plaies.” Et puis elle se penche sur les cheveux de la passionnée et elle dit: “Oui, la joie est encore plus forte que la douleur. Mais ce n'est qu'un grain de sable de ce que sera ton océan de joie éternelle. Heureuse es-tu d'avoir par dessus la raison fait parler ton esprit.” Pierre n'ose plus nier… et avec un de ces passages du Pierre d'autrefois, qui maintenant revient affleurer, dit et crie comme si c'était des autres et non pas de lui que dépendait le retard: “Mais alors, s'il en est ainsi, il faut le faire savoir aux autres, à ceux qui sont dispersés dans les campagnes… chercher… agir… Allons, remuez-vous. S'il devait vraiment venir… qu'il nous trouve au moins” et il ne s'aperçoit pas qu'il reconnaît encore qu'il ne croit pas aveuglément à sa Résurrection.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/