"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10 ) à propos de
l’Évangile tel qu’il m’a été révélé.

L'Évangile de la Messe St Pie V
et l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta.
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Dimanche 5 novembre 2023 - Vingt-troisième Dimanche après la Pentecôte

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,18-26.
En ce temps-là, tandis que Jésus parlait aux foules, un chef s'approcha et, prosterné devant lui, il disait :  "Ma fille est morte à l'instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra."
Jésus se leva et le suivit ainsi que ses disciples.
Et voilà qu'une femme, affligée d'une perte de sang depuis douze ans, s'approcha par derrière et toucha la houppe de son vêtement.
Car elle se disait en elle-même : " Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie. "
Jésus se retourna, la vit et dit : " Ayez confiance, ma fille, votre foi vous a guérie. " Et la femme fut guérie à l'heure même.
Arrivé à la maison du chef, Jésus vit les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, et il leur dit :
" Retirez-vous : car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort ; " et ils se moquaient de lui.
Lorsqu'on eut fait sortir la foule, il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva.
Et le bruit s'en répandit dans tout ce pays. 
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 4, Ch 230, p 23
  • Ancienne traduction :  Tome 4, Ch 91, p 27
  • CD 4 (1er cd), piste 10
  • USB Tome 4, piste 10
La vision s'est manifestée alors que je priais très épuisée et soucieuse et donc bien dans les plus mauvaises conditions pour penser, de moi-même, à de pareilles choses. Mais l'épuisement physique et mental et les soucis se sont dissipés dès l'apparition de mon Jésus et j'écris.

Jésus se trouve sur une route ensoleillée et poussiéreuse qui côtoie les rives du lac. Il se dirige vers le pays, entouré d'une grande foule qui l'attendait certainement et qui se presse autour de Lui bien que les apôtres jouent des bras et des épaules pour qu'il puisse passer et élèvent la voix pour amener la foule à laisser un peu de place.
Mais Jésus ne s'inquiète pas de cette bousculade. Dépassant de la tête la foule qui l'entoure, il la regarde avec un doux sourire alors qu'elle se serre autour de Lui, répond aux saluts, caresse quelque enfant qui réussit à se faufiler dans la masse des adultes et à s'approcher de Lui, il pose la main sur la tête des petits enfants que les mères soulèvent au-dessus de la tête des gens, pour qu'il les touche. Tout en marchant lentement, patiemment au milieu de tout ce vacarme et de ces continuelles bousculades qui ennuieraient tout autre que Lui.
Une voix d'homme crie: “Faites place, faites place.” C'est une voix angoissée et que beaucoup doivent connaître et respecter comme celle d'un personnage influent car la foule, qui s'ouvre très difficilement tellement elle est serrée, laisse passer un homme d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un vêtement long et flou, la tête couverte d'un foulard blanc dont les pans retombent le long du visage et du cou.
Arrivé devant Jésus, il se prosterne à ses pieds et dit: “Oh! Maître, pourquoi as-tu été absent si longtemps? Ma fillette est si malade. Personne ne peut la guérir. Toi seul, tu es mon espoir et celui de sa mère. Viens, Maître. Je t'ai attendu avec une angoisse infinie. Viens, viens, tout de suite. Mon unique enfant est en train de mourir…” et il pleure.
Jésus pose sa main sur la tête de l'homme en larmes, sur la tête courbée et que secouent des sanglots, et il lui répond: “Ne pleure pas. Aie foi. Ta fillette vivra. Allons auprès d'elle. Lève-toi! Allons!” Jésus dit ces deux derniers mots sur un ton de commandement. Tout d'abord, c'était le Consolateur, maintenant c'est le Dominateur qui parle.
Ils se remettent en marche. Jésus a à son côté le père qui pleure, et il le tient par la main. Quand un sanglot plus fort secoue le pauvre homme, je vois Jésus qui le regarde et lui serre la main. Il ne fait rien d'autre, mais quelle force doit refluer dans une âme quand elle se sent ainsi traitée par Jésus! Auparavant, à la place du père, il y avait Jacques, mais Jésus lui a fait céder la place au pauvre père. Pierre est de l'autre côté. Jean est à côté de Pierre et il cherche avec lui à opposer une barrière à la foule, comme font Jacques et l'Iscariote de l'autre côté, près du père qui pleure. Les autres apôtres sont en partie devant, en partie derrière Jésus. Mais il en faudrait d'autres! Surtout les trois qui sont derrière, parmi lesquels je vois Mathieu, n'arrivent pas à retenir la muraille vivante. Mais, quand ils crient un peu trop et, pour un peu, insulteraient la foule indiscrète, Jésus tourne la tête et dit doucement: “Laissez faire ces petits qui sont à Moi!…”
A un certain moment, cependant, il se retourne brusquement, il laisse la main du père et il s'arrête. Non seulement il tourne la tête, mais il se retourne complètement. Il semble encore plus grand, car il a pris une attitude de roi. Avec la figure et le regard devenu sévère, inquisiteur, il scrute la foule. Ses yeux envoient des éclairs qui n'expriment non pas la dureté mais la majesté: “Qui m'a touché?” demande-t-il.
Personne ne répond.
“Qui m'a touché, je répète” insiste Jésus.
“Maître” répondent les disciples, “tu ne vois pas comme la foule te presse de tous côtés? Tous te touchent, malgré nos efforts.”
“Qui m'a touché pour obtenir un miracle, je le demande. J'ai senti un pouvoir miraculeux sortir de Moi parce qu'un cœur le demandait avec foi. Quel est ce cœur?”
Les yeux de Jésus s'abaissent deux ou trois fois, pendant qu'il parle, sur une petite femme d'environ quarante ans, très pauvrement vêtue et très ridée, qui cherche à s'éclipser dans la foule, à se dissimuler dans la cohue. Ces yeux doivent la brûler, elle se rend compte qu'elle ne peut s'enfuir, revient en avant et se jette à ses pieds, le visage presque dans la poussière, les mains tendues en avant qui, cependant, n'osent pas toucher Jésus.
“Pardon! C'est moi. J'étais malade. Douze ans que j'étais malade! Tout le monde me fuyait. Mon mari m'a abandonnée. J'ai dépensé tout mon avoir pour qu'on ne me considère pas comme déshonorée, pour vivre comme tout le monde. Mais personne n'a pu me guérir. Tu vois, Maître? Je suis vieille avant l'âge. Ma force s'en est allée avec ce flux inguérissable et avec elle ma paix. On m'a dit que tu es bon. Celui qui me l'a dit a été guéri par Toi de sa lèpre et qui, pour avoir vu pendant tant d'années tout le monde le fuir, n'a pas éprouvé de répulsion pour moi. Je n'ai pas osé le dire avant. Pardon! J'ai pensé que si je te touchais, je serais guérie. Mais je ne t'ai pas rendu impur. J'ai à peine effleuré le bord de ton vêtement là où il traîne sur le sol, sur les ordures du sol… Moi aussi, je suis une ordure… Mais je suis guérie, que tu sois béni! Au moment où j'ai touché ton vêtement, mon mal s'est arrêté. Je suis redevenue comme toutes les femmes. Je ne serai plus évitée par tout le monde. Mon mari, mes enfants, mes parents pourront rester avec moi, je pourrai les caresser. Je serai utile dans ma maison. Merci Jésus, bon Maître. Que tu sois éternellement béni!”
Jésus la regarde avec une infinie bonté. Il lui sourit et lui dit: “Va en paix, ma fille. Ta foi t'a sauvée. Sois définitivement guérie. Sois bonne et heureuse. Va.”
Pendant qu'il parle encore, arrive un homme, un serviteur je pense. Il s'adresse au père resté pendant tout ce temps dans une attitude respectueuse mais tourmentée comme s'il était sur la braise. “Ta fille est morte, il est inutile d'importuner le Maître davantage. Elle a rendu l'esprit, et déjà les femmes chantent les lamentations. La mère t'envoie dire cela et te prie de venir tout de suite.”
Le pauvre père pousse un gémissement. Il porte ses mains au front et le serre en se comprimant les yeux et en se courbant comme s'il avait reçu un coup.
Jésus, qui paraît ne devoir rien voir ni rien entendre, attentif comme il l'est à écouter la femme et à lui répondre, se tourne au contraire et pose la main sur les épaules courbées du pauvre père. “Homme, je te l'ai dit: "aie foi". Je te répète: "aie foi". Ne crains pas. Ta fillette vivra. Allons la trouver.” Et il se met en route en tenant étroitement serré contre Lui l'homme anéanti. La foule, devant cette douleur et la grâce déjà survenue, s'arrête intimidée, s'écarte, laisse passer librement Jésus et les siens et puis suit comme un sillage la Grâce qui passe.
Ils font ainsi une centaine de mètres environ, peut-être plus - je ne sais pas calculer - et pénètrent toujours plus au centre du pays. Il y a un rassemblement de gens devant une maison de belle apparence, qui commente à haute voix l'évènement, répondant par des cris perçants à des cris plus aigus qui viennent de la porte grande ouverte. Ce sont des cris perçants, aigus, tenus sur une note fixe et qui semblent être dirigés par une voix plus aiguë qui s'élève toute seule et à laquelle répond un groupe de voix plus faibles, puis un autre chœur de voix plus pleines. C'est un vacarme qui ferait mourir quelqu'un qui se porte bien.
Jésus ordonne aux siens de rester devant la sortie et il appelle avec Lui Pierre, Jean et Jacques. Il entre avec eux dans la maison en tenant toujours serré le bras du père en larmes. Il semble vouloir lui infuser par cette étreinte la certitude que Lui est là pour le rendre heureux. Les… pleureuses (je dirais: celles qui hurlent) en voyant le chef de famille et le Maître redoublent leurs cris. Elles battent des mains, agitent des tambourins, font résonner des triangles et sur cet… accompagnement appuient leurs lamentations.
“Taisez-vous” dit Jésus. “Il ne faut pas pleurer. La fillette n'est pas morte, elle dort.”
Les femmes poussent des cris plus forts, et certaines se roulent par terre, se griffent, s'arrachent les cheveux (ou plutôt font semblant) pour montrer qu'elle est bien morte. Les musiciens et les amis secouent la tête devant l'illusion de Jésus. Ils croient bien qu'il s'illusionne. Mais Lui répète un: “Taisez-vous!” tellement énergique que le vacarme, s'il ne cesse pas complètement, devient un bourdonnement et il avance.
Il entre dans une petite chambre. Sur le lit est étendue une fillette morte. Maigre, pâle, elle gît déjà revêtue et ses cheveux bruns sont coiffés avec soin. La mère, à droite, pleure près du petit lit et baise la petite main cireuse de la morte. Jésus… comme il est beau en ce moment! Comme je l'ai vu peu de fois! Jésus s'approche avec empressement, il semble glisser sur le sol, en volant, tant il se hâte vers ce petit lit.
Les trois apôtres restent contre la porte qu'ils ferment au nez des curieux. Le père s'arrête au pied du lit.
Jésus va à la gauche du lit, il tend la main gauche et prend avec elle la petite main de la morte qui s'abandonne. J'ai bien vu. C'est la main gauche de Jésus et la main gauche de la petite. Il lève le bras droit en portant sa main ouverte à la hauteur de ses épaules et puis l'abaisse comme quelqu'un qui jure ou commande. Il dit: “Fillette, je te le dis, lève-toi!”
Un instant où tous, sauf Jésus et la morte, restent en suspens. Les apôtres allongent le cou pour mieux voir. Le père et la mère regardent leur enfant, les yeux mornes. Un instant. Puis un soupir soulève la poitrine de la petite morte. Une légère couleur monte au visage de cire et en fait disparaître la teinte livide de la mort. Un sourire se dessine sur les lèvres pâles avant encore que s'ouvrent les yeux, comme si la fillette faisait un beau rêve. Jésus tient toujours la main dans sa main. La fillette ouvre doucement les yeux, elle regarde tout autour d'elle comme si elle venait de s'éveiller. Elle voit d'abord le visage de Jésus qui la fixe de ses yeux magnifiques et qui lui sourit avec une bonté qui l'encourage, et elle Lui sourit.
“Lève-toi” répète Jésus et, écartant avec sa main les préparatifs funèbres répandus sur le lit et à côté (fleurs, voiles, etc.), il l'aide à descendre, à lui faire faire ses premiers pas en la tenant toujours par la main.
“Donnez-lui à manger, maintenant” commande-t-il. “Elle est guérie. Dieu vous l'a rendue. Remerciez-le, et ne parlez à personne de ce qui est arrivé. Vous savez ce qui lui était arrivé, vous avez cru et vous avez mérité le miracle. Les autres n'ont pas eu foi, il est inutile de chercher à les persuader. A ceux qui nient le miracle, Dieu ne se manifeste pas. Et toi, fillette, sois bonne. Adieu! Paix à cette maison” et il sort en refermant la porte derrière Lui.
La vision cesse.

Je vous dirai que les deux détails qui m'ont particulièrement réjoui ont été ceux où Jésus cherche dans la foule qui l'a touché et surtout quand debout près de la petite morte, il lui prend la main et lui ordonne de se lever. La paix, la sécurité sont entrées en moi. Il n'est pas possible que quelqu'un qui a pitié comme Lui et qui est puissant puisse n'avoir pas pitié de nous et ne pas vaincre le Mal qui nous fait mourir.
Jésus pour le moment ne fait pas de commentaires, comme il ne dit rien sur d'autres choses. Il me voit presque morte et il ne juge pas opportun que je sois mieux ce soir. Qu'il soit fait comme Lui le veut. Je suis déjà suffisamment heureuse de posséder en moi sa vision.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 29 octobre 2023 - Fête du Christ-Roi

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 18,33-37.
En ce temps-là, Pilate dit à Jésus : « Tu es le roi des Juifs ?»
Jésus répondit: « Dis-tu cela de toi-même, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi ?»
Pilate répondit: « Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi: qu'as-tu fait ?»
Jésus répondit: « Mon royaume n'est pas de ce monde; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas.»
Pilate lui dit: « Tu es donc roi ?» Jésus répondit: « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité: quiconque est de la vérité écoute ma voix.»
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 10, Ch 604, p 59
  • Ancienne traduction : Tome 9, Ch 22, p 225
  • CD 9, piste 84
  • USB Tome 9, piste 84
(...) Jésus entre au Prétoire au milieu des dix lanciers qui forment un carré de hallebardes autour de sa personne. Les deux centurions vont en avant. Jésus s'arrête dans un large atrium, au-delà duquel se trouve une cour que l'on entrevoit derrière un rideau que le vent déplace; eux disparaissent derrière une porte. Ils rentrent avec le Gouverneur vêtu d'une toge très blanche sur laquelle il y a pourtant un manteau écarlate. C'est peut-être ainsi qu'ils étaient quand ils représentaient officiellement Rome. Il entre indolemment, avec un sourire sceptique sur son visage rasé, il frotte entre ses mains des feuilles de cédrat et les flaire avec volupté. Il va vers un cadran solaire et se retourne après l'avoir regardé. Il jette des grains d'encens dans un brasier placé aux pieds d'une divinité. Il se fait apporter de l'eau de cédrat et se gargarise. Il regarde sa coiffure toute bouclée dans un miroir de métal très propre. Il semble avoir oublié le condamné qui attend son approbation pour qu'on le tue. Il ferait venir la colère même à des pierres. Comme l'atrium est complètement ouvert par devant et surélevé de trois hautes marches sur le niveau du vestibule, qui s'ouvre sur la rue déjà surélevé de trois autres marches par rapport à celle-ci, les hébreux voient tout parfaitement et frémissent, mais ils n'osent pas se rebeller par peur des lances et des javelots. Finalement, après avoir marché en long et en large dans la vaste pièce, Pilate va directement en face de Jésus, le regarde et demande aux deux centurions: “Celui-ci?” “Celui-ci.” “Que viennent ses accusateurs” et il va s'asseoir sur un siège placé sur une estrade. Sur sa tête les insignes de Rome s'entrecroisent avec leurs aigles dorées et leur sigle puissant. “Ils ne peuvent pas venir. Ils se contaminent.” “Heu!!! Cela vaut mieux. Nous épargnerons des fleuves d'essences pour enlever l'odeur de bouc à l'endroit. Faites-les approcher au moins. Ici dessous, et faites attention qu'ils n'entrent pas puisqu'ils ne veulent pas le faire. Cet homme peut être un prétexte pour une sédition.” Un soldat s'en va porter l'ordre du Procurateur romain. Les autres s'alignent sur le devant de l'atrium à des distances régulières, beaux comme neuf statues de héros. S'avancent les princes des prêtres, les scribes et les anciens et ils saluent avec des courbettes serviles et ils s'arrêtent sur la petite place qui est devant le Prétoire, au-delà des trois gradins du vestibule. “Parlez et soyez brefs. Déjà vous êtes en faute pour avoir troublé la nuit et obtenu par la force l'ouverture des portes. Mais je contrôlerai. Et mandants et mandataires répondront de la désobéissance au décret.” Pilate est allé vers eux, tout en restant dans le vestibule. “Nous venons soumettre à Rome, dont tu représentes le divin empereur, notre jugement sur celui-ci.” “Quelle accusation portez-vous contre Lui? Il me semble inoffensif…” “Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas amené.” Et dans leur désir violent d'accuser, ils s'avancent. “Repoussez cette plèbe! Six pas au-delà des gradins de la place. Les deux centuries aux armes!” Les soldats obéissent rapidement en s'alignant cent sur le gradin extérieur le plus haut, avec le dos tourné au vestibule, et cent sur la petite place sur laquelle s'ouvre le portail d'entrée à la demeure de Pilate. J'ai dit portail d'entrée: je devrais dire andron ou arc de triomphe parce que c'est une très vaste ouverture bornée par une grille, maintenant grande ouverte, qui permet d'entrer dans l'atrium grâce au long couloir du vestibule large au moins de six mètres, de sorte que l'on voit bien ce qui arrive dans l'atrium surélevé. Au-delà du vaste vestibule on voit les figures bestiales des juifs qui regardent menaçantes et sataniques vers l'intérieur, qui regardent au-delà de la barrière armée qui, coude à coude, comme pour une parade, présente deux cents pointes de lances aux lâches assassins. “Quelle accusation portez-vous contre Lui? Je le répète.” “Il a commis un crime contre la Loi des pères.” “Et vous venez me déranger pour cela? Prenez-le vous et jugez-le selon vos lois.” “Nous ne pouvons pas mettre quelqu'un à mort. Nous ne sommes pas savants. Le Droit hébraïque n'est qu'un enfant déficient devant le Droit parfait de Rome. Comme ignorants et comme sujets de Rome, notre maîtresse, nous avons besoin…” “Depuis quand êtes vous miel et beurre?… Mais vous avez dit une vérité, ô maîtres du mensonge! Vous avez besoin de Rome! Oui. Pour vous débarrasser de Lui qui vous gêne. J'ai compris.” Et Pilate rit en regardant le ciel serein qui s'encadre comme un ruban rectangulaire de turquoise foncée entre les blancs murs de marbre de l'atrium. “Dites: en quoi a-t-il commis un crime contre vos lois?” “Nous avons trouvé qu'il mettait le désordre dans notre nation et qu'il empêchait de payer le tribut à César, en se disant le Christ, roi des juifs.” Pilate retourne près de Jésus, qui est au milieu de l'atrium, laissé là par les soldats lié mais sans escorte tant apparaît nettement sa douceur. Et il Lui demande: “Es-tu le roi des juifs?” “Le demandes-tu de toi-même ou parce que d'autres l'insinuent?” “Et que veux que m'importe ton royaume? Suis-je juif, par hasard? Ta nation et ses chefs t'ont livré pour que je juge. Qu'as-tu fait? Je sais que tu es loyal. Parle. Est-ce vrai que tu aspires à régner?” “Mon Royaume n'est pas de ce monde. Si c'était un royaume du monde, mes ministres et mes soldats auraient combattu pour que les juifs ne s'emparent pas de Moi. Mais mon Royaume n'est pas de la Terre et tu sais que je n'aspire pas au pouvoir.” “C'est vrai. Je le sais, on me l'a dit. Mais tu ne nies pas que tu es roi?” “Tu le dis. Je suis Roi. C'est pour cela que je suis venu au monde: pour rendre témoignage à la Vérité. Qui est ami de la vérité écoute ma voix.” “Et qu'est-ce que c'est la vérité? Tu es philosophe? Cela ne sert pas devant de la mort. Socrate est mort quand même.” “Mais cela lui a servi devant la vie, à bien vivre et aussi à bien mourir. Et à entrer dans la seconde vie sans avoir trahi les vertus civiques.” “Par Jupiter!” Pilate le regarde un moment avec admiration, puis il reprend son sarcasme sceptique. Il fait un geste d'ennui, Lui tourne le dos, et revient vers les juifs. “Je ne trouve en Lui aucune faute.” La foule se déchaîne, prise par la panique de perdre sa proie et le spectacle du supplice. Elle crie: “C'est un rebelle!”, “Un blasphémateur!”, “Il encourage le libertinage!”, “Il pousse à la rébellion!”, “Il refuse le respect à César!”, “Il veut se faire passer pour prophète”, “Il fait de la magie”, “C'est un satan”, “Il soulève le peuple avec ses doctrines en les enseignant dans toute le Judée, à laquelle il est venu de la Galilée en enseignant”, “A mort!”, “A mort!” “Il est galiléen? Tu es galiléen?” Pilate revient vers Jésus: “Tu les entends comme ils t'accusent? Disculpe-toi.” Mais Jésus se tait. Pilate réfléchit… Et il décide. “Une centurie, et qu'on le conduise à Hérode. Qu'il le juge, c'est son sujet. Je reconnais le droit du Tétrarque et je souscris à l'avance à son verdict. Qu'on le lui dise. Allez.” Jésus, encadré comme un gredin par cent soldats, traverse de nouveau la ville et rencontre de nouveau Judas Iscariote qu'il avait déjà rencontré une fois près d'un marché. J'avais oublié auparavant de le dire, écœurée par la bagarre de la populace. Même regard de pitié sur le traître… Maintenant il est plus difficile de Lui donner des coups de pieds et de bâtons, mais les pierres et les immondices ne manquent pas et, si les pierres font seulement du bruit sur les casques et les cuirasses des romains, elles laissent des marques quand elles atteignent Jésus qui s'avance avec son seul vêtement, ayant laissé son manteau au Gethsémani. En entrant dans le fastueux palais d'Hérode, il voit Chouza… qui ne peut le regarder et qui fuit pour ne pas le voir dans cet état en se couvrant la tête de son manteau. Le voilà dans la salle, devant Hérode. Et derrière Lui voilà les scribes et les pharisiens, qui ici se sentent à leur aise, qui entrent en qualité de faux accusateurs. Seul le centurion avec quatre soldats l'escortent devant le Tétrarque. Celui-ci descend de son siège et tourne autour de Jésus en écoutant les accusations de ses ennemis. Il sourit et raille. Puis il feint une pitié et un respect qui ne troublent pas le Martyr, comme ne l'ont pas troublé les railleries. “Tu es grand, je le sais. Et je me suis réjoui que Chouza soit ton ami et Manaën ton disciple. Moi… les soucis de l'État… Mais quel désir de te dire: grand… de te demander pardon… L'œil de Jean… sa voix m'accusent et sont toujours devant moi. Tu es le saint qui efface les péchés du monde. Absous-moi, ô Christ.” Jésus se tait. “J'ai entendu qu'ils t'accusent de t'être dressé contre Rome. Mais n'es-tu la verge promise pour frapper Assur?” Jésus se tait. “On m'a dit que tu prophétises la fin du Temple et de Jérusalem. Mais le Temple n'est-il pas éternel comme esprit, puisqu'il est voulu par Dieu qui est éternel?” Jésus se tait. “Tu es fou? Tu as perdu ton pouvoir? Satan te coupe la parole? Il t'a abandonné?” Hérode rit maintenant, mais ensuite il donne un ordre. Et des serviteurs accourent amenant un lévrier dont la jambe est cassée et qui glapit lamentablement, et un palefrenier idiot dont la tête est pleine d'eau, qui bave, un avorton, jouet des serviteurs. Les scribes et les prêtres fuient en criant au sacrilège en voyant le chien sur un brancard. Hérode, faux et railleur, explique: “C'est le préféré d'Hérodiade. Un cadeau de Rome. Il s'est cassé une patte hier et elle pleure. Commande qu'il guérisse. Fais un miracle.” Jésus le regarde avec sévérité et se tait. “Je t'ai offensé? Alors celui-ci. C'est un homme, bien qu'il soit de peu plus qu'une bête. Donne-lui l'intelligence, Toi, Intelligence du Père… N'est-ce pas ce que tu dis?” Et il rit, offensant. Un autre regard plus sévère de Jésus et silence. “Cet homme est trop abstinent et maintenant il est abruti par les mépris. Du vin et des femmes ici, et qu’on le délie.” On le délie. Et pendant que des serviteurs en grand nombre apportent des amphores et des coupes, des danseuses entrent… couvertes de rien. Une frange multicolore de lin ceint pour unique vêtement leur mince personne de la ceinture aux hanches. Rien d'autre. Bronzées parce que africaines, souples comme de jeunes gazelles, elles commencent une danse silencieuse et lascive. Jésus repousse les coupes et il ferme les yeux sans parler. La cour d'Hérode rit devant son indignation. “Prends celle que tu veux. Vis! Apprends à vivre!…” Insinue Hérode. Jésus semble une statue. Les bras croisés, les yeux fermés, il ne bouge pas même quand les danseuses impudiques le frôlent de leurs corps nus. “Suffit. Je t'ai traité en Dieu et tu n'as pas agi en Dieu. Je t'ai traité en homme et tu n'as pas agi en homme. Tu es fou. Un vêtement blanc. Revêtez-le de celui-ci pour que Ponce Pilate sache que le Tétrarque a jugé fou son sujet. Centurion, tu diras au Proconsul que Hérode lui présente humblement son respect et vénère Rome. Allez.” Et Jésus, attaché de nouveau, sort avec une tunique de lin qui Lui arrive aux genoux par dessus son vêtement rouge de laine. Et ils reviennent vers Pilate. Maintenant la centurie fend non sans peine la foule qui ne s'est pas lassée d'attendre devant le palais proconsulaire. Il est étrange de voir une foule si nombreuse en ce lieu et dans le voisinage, alors que le reste de la ville paraît vide. Jésus voit les bergers en groupe et ils sont au complet: Isaac, Jonathas, Lévi, Joseph, Élie, Mathias, Jean, Siméon, Benjamin et Daniel, avec un petit groupe de galiléens où je reconnais Alphée et Joseph d'Alphée, avec deux autres que je ne connais pas, mais que je dirais juifs à cause de leur coiffure. Et plus loin, qui s'est glissé à l'intérieur du vestibule à demi caché derrière une colonne, avec un romain que je dirais un serviteur, il voit Jean. Il sourit à celui-ci et à ceux-là… Ses amis… Mais que sont ces amis si peu nombreux et Jeanne, et Manaën, et Chouza au milieu d'un océan de haine qui bout?… Le centurion salue Ponce Pilate et fait son rapport. “Ici encore?! Ouf! Maudite race! Faites avancer la populace et amenez ici l'Accusé. Heu! Quel ennui!” Il va vers la foule en s'arrêtant toujours au milieu du vestibule. “Hébreux, écoutez. Vous m'avez amené cet homme comme fauteur de troubles. Devant vous je l'ai examiné, et je n'ai trouvé en Lui aucun des crimes dont vous l'accusez. Hérode pas plus que moi n'a rien trouvé. Et il nous l'a renvoyé. Il ne mérite pas la mort. Rome a parlé. Cependant, pour ne pas vous déplaire en vous enlevant votre amusement, je vais vous donner Barabbas. Et Lui, je le ferai frapper par quarante coups de fustigation. Cela suffit.” “Non, non! Pas Barabbas! Pas Barabbas! Pour Jésus la mort! Une mort horrible! Libère Barabbas et condamne le Nazaréen.” “Écoutez! J'ai dit fustigation. Cela ne suffit pas? Je vais le faire flageller alors! C'est atroce, savez-vous? On peut en mourir. Qu'a-t-il fait de mal? Je ne trouve aucune faute en Lui et je le délivrerai.” “Crucifie-le! Crucifie-le! À mort! Tu protèges les criminels! Païen! Satan toi aussi!” La foule s'avance par dessous et le premier rang de soldats se déforme dans le heurt car ils ne peuvent se servir de leurs lances. Mais le second rang, descendant d'un gradin, fait tourner les lances et dégage ses compagnons. “Qu'il soit flagellé” commande Pilate à un centurion. “Combien de coups?” “Autant qu'il te semble… Le tout est d'en finir. Et je suis ennuyé. Va.” Jésus est emmené par quatre soldats dans la cour au-delà de l'atrium. Dans cette cour, toute pavée de marbre de couleur, il y a au milieu une haute colonne semblable à celle du portique. À environ trois mètres du sol elle a un bras de fer qui dépasse d'au moins d'un mètre et se termine en anneau. On y attache Jésus avec les mains jointes au-dessus de la tête, après l'avoir fait déshabiller. Il ne garde qu'un petit caleçon de lin et ses sandales. Les mains, attachées aux poignets, sont élevées jusqu'à l'anneau, de façon que Lui, malgré sa haute taille, n'appuie au sol que la pointe des pieds… Et cette position doit être aussi une torture. J'ai lu, je ne sais où, que la colonne était basse et que Jésus se tenait courbé. Possible. Moi, je dis ce que je vois. Derrière Lui se place une figure de bourreau au net profil hébraïque, devant Lui une autre figure pareille. Ils sont armés d'un fouet fait de sept lanières de cuir, attachées à un manche et qui se terminent par un martelet de plomb. Rythmiquement, comme pour un exercice, ils se mettent à frapper. L'un devant, l'autre derrière, de manière que le tronc de Jésus se trouve pris dans un tourbillon de coups de fouets. Les quatre soldats auxquels il a été remis, indifférents, se sont mis à jouer aux dés avec trois autres soldats qui se sont joints à eux. Et les voix des joueurs suivent la cadence des fouets qui sifflent comme des serpents et puis résonnent comme des pierres jetées sur la peau tendue d'un tambour. Ils frappent le pauvre corps si mince et d'un blanc de vieil ivoire et qui se zèbre d'abord d'un rose de plus en plus vif, puis violet, puis il se couvre de traces d'indigo gonflées de sang, qui se rompent en laissant couler du sang de tous côtés. Ils frappent en particulier le thorax et l'abdomen, mais il ne manque pas de coups donnés aux jambes et aux bras et même à la tête, pour qu'il n'y eût pas un lambeau de la peau qui ne souffrît pas. Et pas une plainte… S'il n'était pas soutenu par les cordes, il tomberait. Mais il ne tombe pas et ne gémit pas. Seulement, après une grêle de coups qu'il a reçus, sa tête pend sur sa poitrine comme s'il s'évanouissait. “Ohé! Arrête-toi! Il doit être tué vivant” crie et bougonne un soldat. Les deux bourreaux s'arrêtent et essuient leur sueur. “Nous sommes épuisés” disent-ils. “Donnez-nous la paie, pour que l'on puisse boire pour se désaltérer…” “C'est la potence que je vous donnerais! Mais prenez…!” et le décurion jette une large pièce à chacun des deux bourreaux. “Vous avez travaillé comme il faut. Il ressemble à une mosaïque. Tito, tu dis que c'était vraiment Lui l'amour d'Alexandre? Alors nous le lui ferons savoir pour qu'il en fasse le deuil. Délions-le un peu.” Ils le délient et Jésus s'abat sur le sol comme s'il était mort. Ils le laissent là, le heurtant de temps en temps de leurs pieds chaussés de caliges pour voir s'il gémit. Mais Lui se tait. “Qu'il soit mort? C'est possible? Il est jeune et c'est un artisan, m'a-t-on dit… et on dirait une dame délicate.” “Maintenant je m'en occupe” dit un soldat. Et il l'assoit, le dos appuyé à la colonne. Où il était, il y a des caillots de sang… Puis il va à une fontaine qui coule sous le portique, remplit d'eau une cuvette et la renverse sur la tête et le corps de Jésus. “Voilà! L'eau fait du bien aux fleurs.” Jésus soupire profondément et il va se lever, mais il reste encore les yeux fermés. “Oh! bien! Allons, mignon! Ta dame t'attend!…” Mais Jésus appuie inutilement les mains au sol pour tenter de se redresser. “Allons! Vite! Tu es faible? Voilà pour te redonner des forces” raille un autre soldat. Et avec le manche de sa hallebarde il Lui donne une volée de coups au visage et il atteint Jésus entre la pommette droite et le nez, qui se met à saigner. Jésus ouvre les yeux, les tourne. Un regard voilé… Il fixe le soldat qui l'a frappé, s'essuie le sang avec la main, et ensuite se lève grâce à un grand effort. “Habille-toi. Ce n'est pas décent de rester ainsi. Impudique!” Et ils rient tous en cercle autour de Lui. Il obéit sans parler. Il se penche, et Lui seul sait ce qu'il souffre en se penchant vers le sol, couvert de contusions comme il l'est et avec des plaies qui lorsque la peau se tend s'ouvrent plus encore et d'autres qui se forment à cause des cloques qui crèvent. Un soldat donne un coup de pied aux vêtements et les éparpille et chaque fois que Jésus les rejoint, allant en titubant où ils sont tombés, un soldat les repousse ou les jette dans une autre direction. Et Jésus, qui éprouve une souffrance aiguë, les suit sans dire un mot pendant que les soldats se moquent de Lui en tenant des propos obscènes. Il peut finalement se revêtir. Il remet aussi le vêtement blanc resté propre dans un coin. Il semble qu'il veuille cacher son pauvre vêtement rouge, qui hier seulement était si beau et qui maintenant est sale et taché par le sang versé au Gethsémani. Et même, avant de mettre sa tunicelle sur la peau, il essuie avec elle son visage mouillé et le nettoie ainsi de la poussière et des crachats. Et lui, le pauvre, le saint visage, apparaît propre, marqué seulement de bleus et de petites blessures. Il redresse sa coiffure tombée en désordre, et sa barbe, par un besoin inné d'être ordonné dans sa personne. Et puis il s'accroupit au soleil, car il tremble, mon Jésus… La fièvre commence à se glisser en Lui avec ses frissons, et aussi se fait sentir la faiblesse venant du sang perdu, du jeûne, du long chemin. On Lui lie de nouveau les mains, et la corde revient scier là où il y a déjà un rouge bracelet de peau écorchée. “Et maintenant? Qu'en faisons-nous? Moi, je m'ennuie!” “Attends. Les juifs veulent un roi, nous allons le leur donner. Celui-là…” dit un soldat. Et il court dehors, certainement dans une cour qui se trouve derrière, d'où il revient avec un fagot de branches d'aubépine sauvage. Elles sont encore flexibles car le printemps garde les branches relativement souples, mais bien dures avec leurs épines longues et pointues. Avec leur dague ils enlèvent les feuilles et les fleurettes, ils plient les branches en forme de cercle et les enfoncent sur la pauvre tête. Mais la couronne barbare Lui retombe sur le cou. “Elle ne tient pas. Plus étroite. Enlève-la.” Ils l'enlèvent et griffent les joues en risquant de l'aveugler et arrachent ses cheveux en le faisant. Ils la resserrent. Maintenant elle est trop étroite et bien qu'ils l'enfoncent en faisant pénétrer les épines dans la tête, elle menace de tomber. Ils l'enlèvent de nouveau en Lui arrachant d'autres cheveux. Ils la modifient de nouveau. Maintenant, elle va bien. Par devant un triple cordon épineux. En arrière, là où les extrémités des branches se croisent, c'est un vrai nœud d'épines qui entrent dans la nuque. “Vois-tu comme tu es bien? Bronze naturel et vrais rubis. Regarde-toi, ô roi, dans ma cuirasse” bougonne celui qui a eu l'idée du supplice. “La couronne ne suffit pas pour faire un roi. Il faut la pourpre et le sceptre. Dans l'écurie il y a un roseau et aux ordures une chlamyde rouge. Prends-les, Cornelius.” Et quand ils les ont, ils mettent le sale chiffon rouge sur les épaules de Jésus. Avant de mettre dans ses mains le roseau, ils Lui en donnent des coups sur la tête en s'inclinant et en saluant: “Salut, roi des juifs” et ils se tordent de rire. Jésus les laisse faire. Il se laisse asseoir sur le “trône”, un bassin retourné, certainement employé pour abreuver les chevaux. Il se laisse frapper, railler, sans jamais parler. Il les regarde seulement… et c'est un regard d'une douceur et d'une souffrance si atroce que je ne puis le soutenir sans m'en sentir blessée au cœur. Les soldats n'arrêtent leurs railleries qu'en entendant la voix âpre d'un supérieur qui demande que l'on traduise devant Pilate le coupable. Coupable! De quoi? Jésus est ramené dans l'atrium maintenant couvert d'un précieux vélarium à cause du soleil. Il a encore la couronne et le roseau et la chlamyde. “Avance que je te montre au peuple.” Jésus, bien que brisé, se redresse avec dignité. Oh! comme il est vraiment roi! “Écoutez, hébreux. L'homme est ici, je l'ai puni. Mais maintenant laissez-le aller.” “Non, non! Nous voulons le voir! Dehors! Que l'on voie le blasphémateur.” “Conduisez-le dehors et veillez à ce que l'on ne le prenne pas.” Et pendant que Jésus sort dans le vestibule et se montre dans le carré des soldats, Ponce Pilate le montre de la main en disant: “Voilà l'homme. Votre roi. Cela ne suffit pas encore?” Le soleil d'une journée accablante, qui maintenant descend presque à pic car on est au milieu entre tierce et sexte, allume et met en relief les regards et les visages. Sont-ils des hommes? Non, des hyènes enragées. Ils crient, montrent le poing, demandent la mort… Jésus est debout. Et je vous assure que jamais il n'a eu la noblesse de maintenant. Pas même quand il faisait les miracles les plus puissants. Noblesse de la souffrance. Mais il est tellement divin qu'il suffirait à le marquer du nom de Dieu. Mais pour dire ce nom il faut être au moins des hommes. Et Jérusalem n'a pas d'hommes aujourd'hui. Elle n'a que des démons. Jésus tourne son regard vers la foule, cherche, trouve dans la mer des visages haineux, les visages amis. Combien? Moins de vingt amis parmi les milliers d'ennemis… Et il incline la tête, frappé par cet abandon. Une larme tombe… une autre… une autre… la vue de ses pleurs ne suscite pas la pitié, mais une haine encore plus forte. On le ramène dans l'atrium. “Donc? Laissez-le aller. C'est justice.” “Non. À mort! Crucifie-le.” “Je vous donne Barabbas.” “Non. Le Christ!” “Et alors chargez-vous-en. Prenez sur vous de le crucifier, car moi je ne trouve aucune faute en Lui, pour le faire.” “Il s'est dit le Fils de Dieu. Notre loi prescrit la mort pour celui qui se rend coupable d'un tel blasphème.” Pilate devient pensif. Il rentre, il s'assoit sur son petit trône. Il met la main à son front, son coude sur son genoux, et il scrute Jésus. “Approche-toi” dit-il. Jésus va au pied de l'estrade. “Est-ce vrai? Réponds.” Jésus se tait. “D'où viens-tu? Qu'est-ce que Dieu?” “C'est le Tout.” “Et puis? Que veut dire le Tout? Qu'est le Tout pour celui qui meurt? Tu es fou… Dieu n'existe pas. Moi, j'existe.” Jésus se tait. Il a laissé tomber la grande parole et puis il recommence à s'envelopper de silence. “Ponce: l'affranchie de Claudia Procula demande à entrer. Elle a un écrit pour toi.” “Domine! Les femmes aussi maintenant! Qu'elle vienne.” Une romaine entre et elle s'agenouille pour présenter une tablette de cire. Ce doit être celle où Procula prie son mari de ne pas condamner Jésus. La femme se retire à reculons pendant que Pilate lit. “On me conseille d'éviter ton homicide. Est-ce vrai que tu es plus qu'un haruspice? Tu me fais peur.” Jésus se tait. “Mais ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te libérer ou de te crucifier?” “Tu n'aurais aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut. Aussi celui qui m'a mis entre tes mains est plus coupable que toi.” “Qui est-ce? Ton Dieu? J'ai peur…” Jésus se tait. Pilate est sur des charbons ardents: il voudrait et ne voudrait pas. Il craint le châtiment de Dieu, il craint celui de Rome, il craint la vengeance des juifs. Un moment c'est la peur de Dieu qui l'emporte. Il va sur le devant de l'atrium et dit d'une voix tonnante: “Il n'est pas coupable.” “Si tu le dis, tu es ennemi de César. Celui qui se fait roi est son ennemi. Tu veux libérer le nazaréen. Nous le ferons savoir à César.” Pilate est pris par la peur de l'homme. “Vous voulez sa mort, en somme? Soit! Mais que le sang de ce juste ne soit pas sur mes mains” et, s'étant fait apporter un bassin, il se lave les mains en présence du peuple qui paraît pris de frénésie et crie: “Sur nous, sur nous son sang. Qu'il retombe sur nous et sur nos enfants. Nous ne le craignons pas. À la croix! À la croix!” Ponce Pilate retourne sur son trône, il appelle le centurion Longin et un esclave. Il se fait apporter par l'esclave une table sur laquelle il appuie une pancarte et y fait écrire: “Jésus Nazaréen, Roi des juifs.” Et il la montre au peuple. “Non, pas ainsi. Pas roi des Juifs, mais qu'il a dit qu'il serait roi des Juifs.” Ainsi crient plusieurs. “Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit” dit durement Pilate, et debout, il étend les mains les paumes en avant et en bas et ordonne: “Qu'il aille à la croix. Soldat, va, prépare la croix.” Et il descend, sans même plus se retourner vers la foule agitée, ni vers le pâle Condamné. Il sort de l'atrium… Jésus reste au milieu de l'atrium sous la garde des soldats, attendant la croix. Soirée du 7-3-44. A qui puis-je dire ce que je souffre? À personne de cette Terre car ce n'est pas une souffrance de la Terre et elle ne serait pas comprise. C'est une souffrance qui est douceur et une douceur qui est souffrance. Je voudrais souffrir dix fois, cent fois autant. Pour rien au monde je voudrais ne plus souffrir cela. Mais cela n'empêche pas que je souffre comme quelqu'un qu'on prend à la gorge, qu'on serre dans un étau, qu'on brûle dans un four, qu'on transperce jusqu'au cœur. S'il m'était permis de me mouvoir, de m'isoler de tout le monde et de pouvoir, dans le mouvement et le chant, donner un soulagement à mon sentiment, puisque c'est une souffrance de sentiment, j'en serais soulagée. Mais je suis comme Jésus sur la croix. Il ne m'est plus accordé ni mouvement ni solitude et je dois serrer les lèvres pour ne pas donner en pâture aux curieux ma douce agonie. Serrer les lèvres, ce n'est pas une façon de parler! Je dois faire un grand effort pour maîtriser l'impulsion qui me porte à pousser le cri de joie et de peine surnaturelle qui fermente en mon intérieur et monte avec l'impétuosité d'une flamme ou d'un jet d'eau. Les yeux voilés de souffrance de Jésus: Ecce Homo, m'attirent comme un aimant. Il est en face de moi et il me regarde debout sur les gradins du Prétoire, avec sa tête couronnée, les mains liées sur son vêtement blanc de fou avec lequel ils voulaient le ridiculiser et au contraire ils l'ont vêtu d'une candeur digne de l'Innocent. Il ne parle pas. Mais tout en Lui parle et m'appelle et me demande. Que demande-t-il? Que je l'aime. Cela je le sais et le Lui donne au point de me sentir mourir comme si j'avais une lame dans la poitrine. Mais il me demande encore quelque chose que je ne comprends pas, et que je voudrais comprendre. Voilà ma torture. Je voudrais Lui donner tout ce qu'il peut désirer même si je dois mourir de douleur. Et je n'y réussis pas. Son visage douloureux m'attire et me fascine. Il est beau quand il est le Maître ou le Christ ressuscité. Mais cette vue me donne seulement de la joie, alors que cette autre me donne un amour profond, plus profond que ne peut l'être l'amour d'une mère pour son enfant souffrant. Oui, je le comprends. L'amour de compassion c'est la crucifixion de la créature qui suit le Maître jusqu'à la torture finale. C'est un amour despotique qui nous interdit toute pensée qui n'est pas celle de sa douleur. Nous ne nous appartenons plus. Nous vivons pour consoler sa torture et sa torture est notre tourment qui nous tue, pas seulement métaphoriquement. Et pourtant toute larme que nous arrache la douleur est plus précieuse qu'une perle et toute souffrance que nous comprenons ressemble à la sienne plus désirée et plus aimée qu'un trésor. Père, je me suis efforcée de dire ce que j'éprouve. Mais c'est inutile. De toutes les extases que Dieu peut me donner, ce sera toujours celle de sa souffrance qui portera mon âme jusqu'à son septième ciel. Mourir d'amour en regardant mon Jésus qui souffre, je trouve que c'est la plus belle mort.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 22 octobre 2023 - Vingt-et-unième Dimanche après la Pentecôte

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,23-35.
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : "Le royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Quand il se mit à régler les comptes, on lui amena un débiteur de dix mille talents.
Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu'on le vendît, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait pour que paiement fût fait.
Alors le serviteur, tombé à ses pieds, demeurait prosterné, disant : " Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. "
Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette.
Ce serviteur, à peine sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers. L'ayant saisi à la gorge, il l'étouffait, disant : " Paie ce que tu dois. "
Son compagnon de service, tombé à ses pieds, le suppliait, disant : " Aie patience envers moi, et je te paierai. "
Mai lui ne voulait pas, et il s'en alla le faire mettre en prison jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette.
Ce que voyant, ses compagnons de service furent grandement contristés, et ils vinrent raconter à leur maître ce qui s'était passé.
Alors le maître le fit appeler et lui dit : " Serviteur méchant, je t'ai remis toute cette dette, parce que tu m'as supplié.
Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon de service, comme moi-même j'ai eu pitié de toi ? "
Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il eût payé toute sa dette.
Ainsi vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond du cœur. " 
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 4, Ch 278, p 405
  • Ancienne traduction :  Tome 4, Ch 142, p 373
  • CD 4, (2ème cd) piste 7
  • USB Tome 4, piste 153
Une fois les pauvres renvoyés après le repas, Jésus reste avec les apôtres et les disciples dans le jardin de Marie de Magdala. Ils vont s'asseoir à sa limite, justement près des eaux tranquilles du lac sur lequel font voile des barques occupées à la pêche. “Ils vont faire une bonne pêche” commente Pierre qui les observe. “Toi aussi, tu feras une bonne pêche, Simon de Jonas.” “Moi, Seigneur, quand? Tu veux que je sorte pour pêcher pour la nourriture de demain? J'y vais de suite et…” “Nous n'avons pas besoin de nourriture dans cette maison. La pêche que tu feras, c'est dans l'avenir, et dans le domaine spirituel. Et avec toi seront d'excellents pêcheurs, la plus grande partie de ceux-ci.” “Pas tous, Maître?” demande Mathieu. “Pas tous. Mais ceux qui en persévérant deviendront mes prêtres, feront bonne pêche.” “Des conversions, hein?” demande Jacques de Zébédée. “Conversions, pardons, retours à Dieu. Oh! tant de choses.” “Écoute, Maître. Tu nous as dit précédemment que si quelqu'un n'écoute pas son frère, pas même en présence de témoins, que la synagogue le reprenne. Maintenant, si j'ai bien compris ce que tu nous as dit, depuis que nous nous connaissons, il me semble que la synagogue sera remplacée par l'Église, cette chose que tu fonderas. Alors, où irons-nous pour conseiller les frères obstinés?” “Vous irez chez vous, parce que c'est vous qui serez mon Église. Par conséquent, les fidèles viendront à vous ou pour avoir un conseil pour eux-mêmes, ou pour donner un conseil à d'autres. Je vous dis davantage: non seulement vous pourrez donner des conseils, mais vous pourrez aussi absoudre en mon Nom. Vous pourrez délier des chaînes du péché et vous pourrez lier deux personnes qui s'aiment en en faisant une seule chair. Et ce que vous aurez fait, sera valide aux yeux de Dieu comme si Dieu Lui-même l'avait f ait. En vérité, je vous dis: ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au Ciel, ce que vous aurez délié sur la terre sera délié au Ciel. Et je vous dis encore, pour vous faire comprendre la puissance de mon Nom, à propos de l'amour fraternel et de la prière: si deux de mes disciples, et je considère maintenant comme tels tous ceux qui croiront au Christ, se réunissent pour demander quelque chose de juste en mon Nom, cela leur sera accordé par mon Père. Car c'est une grande puissance que la prière, une grande puissance que l'union fraternelle, une très grande, une infinie puissance que mon Nom et ma présence parmi vous. Et là où deux ou trois seront réunis en mon Nom, je serai au milieu d'eux et je prierai avec eux, et le Père ne refusera rien à ceux qui prient avec Moi. Car beaucoup n'obtiennent pas parce qu'ils prient seuls, ou pour des motifs illicites, ou par orgueil, ou avec le péché sur leur cœur. Faites-vous un cœur pur pour que je puisse être avec vous et puis priez, et vous serez écoutés.” Pierre est pensif. Jésus le voit et lui en demande la raison. Et Pierre explique: “Je réfléchis à quel grand devoir nous sommes destinés, et j'en ai peur, peur de ne pas savoir bien faire.” “En effet, Simon de Jonas ou Jacques d'Alphée ou Philippe ou d'autres ne sauraient pas bien faire, mais le prêtre Pierre, le prêtre Jacques, le prêtre Philippe ou Thomas, sauront bien faire parce qu'ils agiront en même temps que la Divine Sagesse.” “Et… combien de fois devrons-nous pardonner aux frères? Combien de fois s'ils pèchent contre les prêtres, et combien de fois s'ils pèchent contre Dieu? Parce que si cela se passe comme maintenant, certainement ils pécheront contre nous puisqu'ils pèchent contre Toi, tant et tant de fois. Dis-moi si je dois pardonner toujours ou un certain nombre de fois. Sept fois, ou plus encore, par exemple?” “Je ne te dis pas sept fois mais septante fois sept fois. Un nombre illimité. Car le Père des Cieux vous pardonnera à vous bien des fois, un grand nombre de fois, à vous qui devriez être parfaits. Et comme Il se comporte avec vous, vous devez aussi vous comporter parce que vous représenterez Dieu sur la terre. D'ailleurs, écoutez. Je vais vous raconter une parabole qui sera utile à tous.” Et Jésus, qui était entouré des seuls apôtres en un endroit enclos par des buis, se dirige vers les disciples qui sont, de leur côté, respectueusement groupés sur un emplacement agrémenté d'une vasque pleine d'une eau limpide. Le sourire de Jésus est comme un signal qu'il va parler. Et pendant que Lui va, de son pas lent et allongé, avec lequel il fait beaucoup de chemin en peu de temps, et donc sans hâte, eux se réjouissent tous, et comme des enfants autour de quelqu'un qui leur fait plaisir, ils l'entourent en formant un cercle. Une couronne de visages attentifs jusqu'à ce que Jésus se place contre un grand arbre et commence à parler. “Ce que J'ai d'abord dit au peuple doit être perfectionné pour vous qui êtes choisis parmi eux. Il m'a été demandé par l'apôtre Simon de Jonas: "Combien de fois je dois pardonner? A qui? Pourquoi?" Je lui ai répondu en particulier, et maintenant, je répète pour tous ma réponse parce qu'il est juste que vous le sachiez désormais. Écoutez combien de fois, et comment, et pourquoi il faut pardonner. Il faut pardonner comme Dieu pardonne Lui qui, si on pèche mille fois et si on s'en repent, pardonne mille fois, pourvu qu'Il voie que chez le coupable il n'y a pas la volonté de pécher, la recherche de ce qui fait pécher, mais si au contraire le péché n'est que le fruit d'une faiblesse de l'homme. Dans le cas où l'on persiste volontairement dans le péché, il ne peut y avoir de pardon pour les offenses à la Loi. Mais bien que ces fautes vous affligent vous, individuellement, pardonnez. Pardonnez toujours à qui vous fait du mal. Pardonnez pour être pardonnés, car vous aussi commettez des fautes contre Dieu et vos frères. Le pardon ouvre le Royaume des Cieux, tant à celui qui reçoit le pardon qu'à celui qui l'accorde. Cela ressemble à ce fait survenu entre un roi et ses serviteurs. Un roi voulut faire ses comptes avec ses serviteurs. Il les appela donc l'un après l'autre, en commençant par ceux du plus haut rang. Il en vint un qui lui devait dix mille talents, mais celui-ci n'avait pas de quoi payer les avances que le roi lui avait faites pour pouvoir se construire des maisons et pour des biens de tous genres. C'est qu'en réalité, pour des raisons plus ou moins justes, il n'avait pas employé avec beaucoup de soin la somme reçue pour ces projets. Le roi-maître, indigné de sa paresse et de son manque de parole, commanda qu'il fût vendu, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette. Mais le serviteur se jeta aux pieds du roi et il le priait avec des larmes et des supplications: "Laisse-moi aller. Aie encore un peu de patience et je te rendrai tout ce que je te dois, jusqu'au dernier denier". Le roi ému par tant de douleur - c'était un bon roi - non seulement consentit à sa demande mais, ayant su que parmi les causes de son peu de soin et de l'inobservation des échéances, il y avait aussi les maladies, en arriva à lui faire remise de sa dette. Le sujet s'en alla heureux. En sortant de là pourtant, il trouva sur son chemin un autre sujet, un pauvre sujet auquel il avait prêté cent deniers pris sur les dix mille talents qu'il avait eus du roi. Persuadé de la faveur du souverain, il se crut tout permis et, ayant saisi le malheureux à la gorge, il lui dit: "Rends-moi, tout de suite, ce que tu me dois". Inutilement l'homme se courba en pleurant pour lui baiser les pieds, en gémissant: "Aie pitié de moi qui aie tant de malheurs. Aie encore un peu de patience et je te rendrai tout jusqu'à la dernière piécette". Le serviteur impitoyable appela les soldats et fit conduire le malheureux en prison pour le décider à le payer, sous peine de perdre la liberté ou même la vie. La chose fut connue par les amis du malheureux, qui, tout contristés, allèrent la rapporter au roi et maître. Ce dernier, informé, ordonna de lui amener le serviteur impitoyable, et le regardant sévèrement, il lui dit: "Mauvais serviteur, moi je t'avais aidé précédemment pour que tu deviennes miséricordieux puisque je t’avais rendu riche et que je t'ai aidé encore en te remettant ta dette pour laquelle tu m'avais tant demandé de patienter. Tu n'as pas eu pitié d'un de tes semblables, alors que moi, le roi, j'en avais tant eu pour toi. Pourquoi n'as tu pas fait ce que j'ai fait pour toi?" Et, indigné, il le remit aux gardiens de prison pour qu'ils le gardassent jusqu'à ce qu'il eût tout payé, en disant: "Comme il n'a pas eu pitié de quelqu'un qui lui devait bien peu, alors que moi qui suis roi ai eu tant pitié de lui, de la même façon qu'il ne bénéficie pas de ma pitié". De la même façon mon Père agira avec vous si vous êtes impitoyables pour vos frères, si vous, ayant tant reçu de Dieu, devenez coupables plus que ne l'est un fidèle. Rappelez-vous que vous avez l'obligation d'être plus que tous les autres sans faute. Rappelez-vous que Dieu vous avance un grand trésor mais Il veut que vous Lui en rendiez compte. Rappelez-vous que personne comme vous ne doit savoir pratiquer l'amour et le pardon. Ne soyez pas des serviteurs qui, pour vous, exigez beaucoup et puis ne donnez rien à ceux qui vous demandent. Comme vous faites, ainsi on vous fera. Et il vous sera demandé compte aussi de la conduite des autres entraînés au bien ou au mal par votre exemple. Oh! en vérité, si vous êtes des sanctificateurs, vous posséderez une gloire immense dans les Cieux! Mais de la même façon, si vous êtes causes de la perversion ou même seulement paresseux dans le travail de sanctification, vous serez durement punis. Je vous le dis encore une fois: si quelqu'un de vous ne se sent pas le courage d'être victime de sa propre mission, qu'il s'en aille. Mais qu'il n'y manque pas. Et je dis qu'il n'y manque pas dans les choses vraiment ruineuses pour sa propre formation et celle d'autrui. Et qu'il sache avoir Dieu pour ami, en ayant toujours au cœur le pardon pour les faibles. Alors voilà qu'à chacun de vous qui sait pardonner, il sera, par le Dieu Père, donné le pardon. Le séjour est terminé. Le temps des Tabernacles est proche. Ceux auxquels j'ai parlé en particulier ce matin, à partir de demain iront en me précédant et en m'annonçant aux populations. Que ceux qui restent ne se découragent pas. J'ai gardé certains d'entre eux pour une raison de prudence, non par mépris à leur égard. Ils vont rester avec Moi, et bientôt je les enverrai comme j'envoie les septante-deux premiers. La moisson est abondante, et les ouvriers sont toujours peu nombreux pour le travail à faire. Il y aura donc du travail pour tous. Et ils n'y suffiront pas encore. Donc, sans jalousie, priez le Maître de la moisson qu'Il envoie toujours de nouveaux ouvriers pour sa moisson. Pour le moment, allez. Les apôtres et Moi, en ces jours de repos, nous avons complété votre instruction pour le travail que vous avez à faire, en répétant ce que j'ai dit avant d'envoyer les douze. L'un de vous m'a demandé: "Mais comment je guérirai en ton nom?" Guérissez d'abord l'esprit. Promettez aux infirmes le Royaume de Dieu s'ils savent croire en Moi et, après avoir vu en eux la foi, commandez à la maladie de s'en aller, et elle s'en ira. Et agissez ainsi pour ceux qui ont l'esprit malade. Allumez tout d'abord la Foi. Par une parole assurée communiquez l'Espérance. Je viendrai à mon tour mettre en eux la divine Charité, comme je l'ai mise dans votre cœur après que vous avez cru en Moi et espéré en ma Miséricorde. Et n'ayez peur ni des hommes ni du démon. Ils ne vous feront pas de mal. Les seules choses que vous devez craindre, ce sont la sensualité, l'orgueil, la cupidité. Par elles, vous pourriez vous livrer à Satan et aux hommes-satans, qui existent aussi. Allez donc en me précédant sur les routes du Jourdain. Arrivés à Jérusalem, allez rejoindre les bergers dans la vallée de Bethléem, et venez me trouver avec eux à l'endroit que vous savez. Ensemble, nous célébrerons la fête sainte en revenant ensuite plus affermis que jamais à notre ministère. Allez avec la paix. Je vous bénis au Nom Saint du Seigneur.”
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 15 octobre 2023 - Vingtième Dimanche après la Pentecôte

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,46-53.
En ce temps-là, il y avait un officier royal dont le fils était malade à Capharnaüm.
Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de descendre, pour guérir son fils qui était à la mort.
Jésus lui dit : "Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point."
L'officier du roi lui dit : "Seigneur, venez avant que mon enfant ne meure"
"Va, lui répondit Jésus, ton enfant est plein de vie." Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et partit.
Comme il s'en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre, et lui apprirent que son enfant vivait.
Il leur demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux, et ils lui dirent : "Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté."
Le père reconnut que c'était l'heure à laquelle Jésus lui avait dit : "Ton fils est plein de vie", et il crut, lui et toute sa maison. 
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 2, Ch 151, p 492
  • Ancienne traduction : Tome 3, Ch 11, p 41
  • CD 3 (1er cd), piste 14
  • USB Tome 3, piste 14
Jésus se dirige peut-être vers le lac. Certainement il se rend à Cana en se dirigeant vers la maison de Suzanne. Avec Lui, il y a ses cousins. Ils s'arrêtent dans la maison, se reposent et se restaurent. Les parents et les amis de Cana l'écoutent comme on devrait toujours le faire. Jésus instruit simplement ces bonnes personnes. Il console la peine de l'époux de Suzanne qui doit être malade car elle n'est pas là et j'entends qu'on parle avec insistance de ses souffrances. C'est alors qu'entre un homme bien vêtu qui se prosterne aux pieds de Jésus.
“Qui es-tu? Que veux-tu?”
Pendant que cet homme soupire et pleure, le maître de maison tire Jésus par son vêtement et Lui dit tout bas: “C'est un officier du Tétrarque. Ne t'y fie pas trop.”
“Parle donc. Que veux-tu de Moi?”
“Maître, j'ai appris que tu es revenu. Je t'attendais comme on attend Dieu. Viens tout de suite à Capharnaüm. Mon garçon est couché, tellement malade que ses heures sont comptées. J'ai vu Jean ton disciple. Il m'a appris que tu venais ici. Viens, viens tout de suite, avant qu'il ne soit trop tard. ”
“Comment? Toi qui es le serviteur du persécuteur du saint d'Israël, comment peux-tu croire en Moi? Vous ne croyez pas au Précurseur du Messie. Comment, alors, pouvez-vous croire au Messie?”
“C'est vrai. Nous péchons par incrédulité et par cruauté. Mais aie pitié d'un père! Je connais Chouza et j'ai vu Jeanne. Je l'ai vue avant et après le miracle, et j'ai cru en Toi.”
“Oui, vous êtes une génération tellement incrédule et perverse que sans signes et sans prodiges vous ne croyez pas. Il vous manque la première qualité indispensable pour obtenir le miracle.”
“C'est vrai! C'est tout à fait vrai! Mais, tu le vois... Je crois en Toi à présent et, je t'en prie: viens, viens tout de suite à Capharnaüm. Je te ferai trouver une barque à Tibériade pour que tu viennes plus rapidement. Mais viens avant que mon petit ne meure!” et il pleure, désolé.
“Je ne viens pas pour l'instant. Mais va à Capharnaüm. Dès ce moment ton fils est guéri et il vit.”
“Que Dieu te bénisse, mon Seigneur. Je crois. Mais comme je veux que toute ma maison te fasse fête, viens ensuite à Capharnaüm dans ma maison.”
“Je viendrai. Adieu. La paix soit avec toi.”
L'homme sort en hâte et on entend tout de suite après le trot d'un cheval.
“Mais, il est bien guéri, ce garçon?” demande l'époux de Suzanne.
“Et peux-tu croire que je mente?”
“Non, Seigneur. Mais tu es ici, et le garçon est là-bas.”
“Il n'y a pas de barrière pour mon esprit, ni de distance.”
“Oh! mon Seigneur, Toi qui as changé l'eau en vin à mes noces, change mes pleurs en sourire, alors. Guéris Suzanne.”
“Que me donneras-tu en échange?”
“La somme que tu veux.”
“Je ne souille pas ce qui est saint avec le sang de Mammon. Je demande à ton esprit ce qu'il me donnera.”
“Moi-même, si tu veux.”
“Et si je demandais, sans discussion, un grand sacrifice?”
“Mon Seigneur, je te demande la santé de mon épouse et notre sanctification à tous. Je crois que pour l'obtenir je ne pourrais retenir aucun sacrifice trop grand ... ”
“Tu souffres pour ta femme. Mais si Moi je la ramenais à la vie, en la conquérant pour toujours comme disciple, que dirais-tu?”
“Que... que tu en as le droit... et que... et que j'imiterai Abraham dans la promptitude du sacrifice.”
“Tu as bien parlé. Écoutez tous: le temps de mon Sacrifice s'approche. Comme l'eau, il court rapide et sans arrêt vers l'embouchure. Il me faut accomplir tout ce que je dois. Et la dureté des hommes me ferme un si large champ de mission. Ma Mère et Marie d'Alphée viendront avec Moi quand je m'éloignerai pour aller au milieu des populations qui ne m'aiment pas encore, ou ne m'aimeront jamais. Ma sagesse sait que les femmes pourront aider le Maître dans ce domaine interdit. Je suis venu pour racheter aussi la femme, et dans mon ère, on verra les femmes semblables à des prêtresses servir le Seigneur et les serviteurs de Dieu. J'ai choisi mes disciples. Mais pour choisir les femmes qui ne sont pas libres, je dois les demander à leurs pères et à leurs maris. Le veux-tu?”
“Seigneur... j'aime Suzanne et jusqu'à présent je l'ai aimée plus comme chair que comme esprit. Mais, sous ton enseignement, quelque chose déjà est changé en moi et je vois en ma femme une âme aussi, en plus d'un corps. L'âme appartient à Dieu, et tu es le Messie, Fils de Dieu. Je ne puis te disputer le droit sur ce qui appartient à Dieu. Si Suzanne veut te suivre, je n'y serai pas hostile. Seulement, je t'en prie, opère le miracle de la guérir dans sa chair, et moi dans mes sens ... ”
“Suzanne est guérie. Elle viendra dans quelques heures te dire sa joie. Laisse son âme suivre son impulsion sans parler de ce que je t'ai dit. Tu verras que son âme viendra vers Moi avec la spontanéité de la flamme qui tend vers le haut. Et cela ne fera pas mourir son amour d'épouse, mais il montera au plus haut degré qui est de s'aimer avec ce qu'il y a de meilleur en nous: l'esprit.”
“Suzanne t'appartient, Seigneur. Elle devait mourir lentement, avec de grandes souffrances. Et une fois morte, je l'aurais vraiment perdue sur la terre. Les choses étant comme tu dis, je l'aurai encore à mes côtés pour me conduire sur tes chemins. Dieu me l'a donnée et Dieu me l'enlève. Que le Très-Haut soit béni pour le don qu'Il m'a fait et celui qu'Il me demande.” 
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

Dimanche 8 octobre 2023 - Dix-neuvième Dimanche après la Pentecôte

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,1-14.
En ce temps-là , Jésus dit aux chefs des prêtres et aux pharisiens cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui avaient été invités aux noces, et ils ne voulurent pas venir.
Il envoya encore d'autres serviteurs, disant : « Dites aux invités : Voilà que j'ai préparé mon festin; on a tué mes bœufs et mes animaux gras; tout est prêt : venez aux noces.»
Mais ils n'en tinrent pas compte, et ils s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son négoce;
et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.
Le roi entra en colère, envoya ses armées, extermina ces meurtriers et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : « La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes.
Allez donc aux carrefours des chemins, et tous ceux que vous trouverez, invitez-les aux noces. »
Ces serviteurs sortirent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, mauvais et bons; et la salle des noces fut remplie de convives.
Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table et il aperçut là un homme qui n'était point revêtu d'un habit de noce;
et il lui dit : « Ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noce ? » Et lui resta muet.
Alors le roi dit aux servants : « Liez-lui pieds et mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieurs : là il y aura les pleurs et le grincement de dents.
Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.
Extrait de la Traduction de l'évangile selon le missel catholique Romain Tridentin.
Correspondance dans "l’Évangile tel qu'il m'a été révélé" de Maria Valtorta
  • Traduction de 2017 : Tome 3, Ch 206, p 368
  • Ancienne traduction : Tome 3, Ch 68, p 401
  • CD 3 (2ème cd), piste 59
  • USB Tome 3, piste 144
Jésus est réellement infatigable. Alors que le soleil disparaît avec le souvenir du rouge du crépuscule, au premier bruit strident des grillons, indécis, solitaire, Jésus se dirige au milieu d'un pré récemment fauché. L'herbe, en mourant, exhale une odeur pénétrante et agréable. À sa suite, les apôtres, les Marie, Marthe et Lazare avec ceux de sa maison, Isaac avec ses disciples et, je dirais, toute la ville de Béthanie. Parmi les serviteurs il y a le vieillard et la femme, les deux qui, au mont des Béatitudes, ont trouvé réconfort, même pour leur vie quotidienne.
Jésus s'arrête pour bénir le patriarche qui, en pleurant, Lui baise la main et qui caresse l'enfant qui chemine à côté de Jésus en lui disant: “Bienheureux toi qui peux toujours le suivre! Sois bon, sois attentif, fils! C'est pour toi une grande chance! Une grande chance! Sur ta tête est suspendue une couronne... Oh! bienheureux!”
Quand tout le monde est en place, Jésus commence à parler: “Ils sont partis, nos pauvres amis qui avaient besoin d'être bien réconfortés dans l'espérance, la certitude, qu'il faut peu de connaissances pour être admis dans le Royaume, qu'il suffit d'un minimum de vérité sur lequel travaille la bonne volonté. Maintenant je vous parle à vous, beaucoup moins malheureux car vous êtes dans de bien meilleures conditions matérielles et avec des secours plus importants du Verbe. Mon amour va vers eux avec ma seule pensée. Ici, pour vous, mon amour vient de plus avec la parole. Vous recevez sur la terre comme au Ciel le secours d'une plus grande force car à celui qui a davantage reçu, il sera demandé davantage. Eux, les pauvres amis qui sont en train de retourner à leur galère, ne peuvent avoir qu'un minimum de bien et, par contre, ils ont un maximum de souffrance. Aussi pour eux, il n'y a que les promesses de la bienveillance car toute autre chose serait superflue. En vérité je vous dis que leur vie est pénitence et sainteté et il ne faut pas leur imposer autre chose. Et en vérité je vous dis aussi que pareils aux vierges sages, ils ne laisseront pas éteindre leur lampe jusqu'à l'heure de l'appel.
La laisser éteindre? Non. Cette lumière est tout leur bien. Ils ne peuvent la laisser éteindre. En vérité, je vous dis que, comme Moi je suis dans le Père, ainsi les pauvres sont en Dieu. C'est pour cela que Moi, Verbe du Père, j'ai voulu naître pauvre et demeurer pauvre. Parce que parmi les pauvres, je me sens plus proche du Père qui aime les petits et qu'eux aiment de toutes leurs forces. Les riches ont tant de choses. Les pauvres n'ont que Dieu. Les riches ont des amis. Les pauvres sont seuls. Les riches ont beaucoup de consolations. Les pauvres n'en ont pas. Les riches ont des distractions. Les pauvres n'ont que leur travail. Pour les riches, l'argent leur rend tout facile. Les pauvres ont encore la croix de devoir craindre les maladies, les disettes car ce serait pour eux la faim et la mort. Mais les pauvres ont Dieu. C'est leur Ami. C'est leur Consolateur. Celui qui les distrait de leur pénible présent par les espérances célestes. Celui à qui l'on peut dire - et eux savent le dire et le disent parce que  précisément ils sont pauvres, humbles et seuls -: "Père, accorde-nous ta miséricorde".
Ce que je dis sur cette propriété de Lazare, mon ami et l'ami de Dieu bien que si riche, peut paraître étrange. Mais Lazare est une exception parmi les riches. Lazare est arrivé à cette vertu qu'il est très difficile de trouver sur la terre et encore plus difficile à pratiquer pour l'enseigner à autrui. La vertu de la liberté à l'égard des richesses. Lazare est juste. Il ne s'en offense pas. Il ne peut s'en offenser car il sait que lui est le riche-pauvre et que, par conséquent, il n'est pas atteint par mon reproche caché. Lazare est juste. Il reconnaît que dans le monde des grands, il en est comme je dis. Je parle donc et je dis: en vérité, en vérité je vous dis qu'il est beaucoup plus facile à un pauvre qu'à un riche d'être en Dieu; et au Ciel de mon Père et du vôtre, beaucoup de sièges seront occupés par ceux qui sur la terre ont été méprisés, étant les plus petits, comme la poussière que l'on piétine.
Les pauvres gardent en leurs cœurs les perles de la parole de Dieu. Elles sont leur unique trésor. Celui qui n'a qu'une seule richesse veille sur elle. Celui qui en possède plusieurs est préoccupé et distrait et il est orgueilleux, et il est sensuel. À cause de tout cela, il n'admire pas avec des yeux humbles et énamourés le trésor qui lui vient de Dieu, et il le confond avec les autres trésors, qui ne sont précieux qu'en apparence, les trésors que sont les richesses de la terre. Il pense: "Je daigne accueillir les paroles de quelqu'un qui est comme moi en sa chair!" et il émousse sa capacité de goûter ce qui est surnaturel par les fortes saveurs de la sensualité. Saveurs fortes!... Oui, très épicées pour dissimuler leur puanteur et leur goût de pourriture...
Mais, écoutez, et vous comprendrez mieux comment les inquiétudes, les richesses et les ripailles empêchent d'entrer dans le Royaume des Cieux.
Un jour, un roi fit les noces de son fils. Vous pouvez imaginer quelle fête il y eut dans le palais du roi. C'était son unique fils et, arrivé à l'âge voulu, il épousait son aimée. Celui qui était père et roi voulut que tout fût joie autour de la joie de son aimé devenu finalement l'époux de la bien-aimée. Parmi les nombreuses fêtes nuptiales, il fit aussi un grand repas. Et il le prépara à loisir, veillant sur chaque détail pour que ce fût une réussite magnifique, digne des noces du fils du roi.
Au moment voulu, il envoya ses serviteurs dire à ses amis et à ses alliés et aussi aux principaux grands de son royaume que les noces étaient fixées pour tel soir et qu'ils étaient invités, qu'ils vinssent pour faire un digne entourage au fils du roi. Mais amis, alliés et grands du royaume n'acceptèrent pas l'invitation.
Alors le roi, pensant que les premiers serviteurs ne s'étaient pas expliqués comme il faut, en envoya encore d'autres chargés d'insister et de dire: "Mais venez! Nous vous en prions. Maintenant tout est prêt. La salle est préparée. Des vins précieux ont été apportés de partout et déjà dans les cuisines on a amené les bœufs et les animaux gras pour qu'on les cuise. Les esclaves pétrissent la farine pour faire des desserts et d'autres pilent les amandes dans les mortiers pour faire des friandises très fines auxquelles ils mélangent les arômes les plus rares. Les danseuses et les musiciens les plus distingués ont été engagés pour la fête. Venez donc pour ne pas rendre inutile tant de préparatifs".
Mais les amis, les alliés et les grands du royaume ou bien refusèrent, ou bien dirent: "Nous avons autre chose à faire" ou bien ils firent semblant d'accepter l'invitation mais ensuite se rendirent à leurs affaires, les uns à leurs champs, les autres à leurs commerces ou à d'autres choses encore moins nobles. Enfin il y en eut qui, ennuyés par tant d'insistance, prirent les serviteurs du roi et les tuèrent pour les faire taire, parce qu'ils insistaient: "Ne refuse pas cela au roi parce qu'il pourrait t'en arriver malheur".
Les serviteurs revinrent vers le roi et lui rapportèrent tout ce qui s'était passé. Le roi, enflammé d'indignation, envoya ses troupes punir les assassins de ses serviteurs et châtier ceux qui avaient méprisé son invitation, se réservant de récompenser ceux qui avaient promis de venir. Mais, le soir de la fête, à l'heure fixée, il ne vint personne. Le roi indigné appela ses serviteurs et leur dit: "Qu'il ne soit pas dit que mon fils reste sans personne pour le fêter en cette soirée de ses noces. Le banquet est prêt, mais les invités n'en sont pas dignes. Et pourtant le banquet nuptial de mon fils doit avoir lieu. Allez donc sur les places et les chemins, mettez-vous aux carrefours, arrêtez les passants, rassemblez ceux qui s'arrêtent et amenez-les ici. Que la salle soit pleine de gens qui fassent fête à mon fils".
Les serviteurs s'en allèrent. Sortis dans les rues, répandus sur les places, envoyés aux carrefours, ils rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, bons ou mauvais, riches ou pauvres, et les amenèrent à la demeure du roi, leur donnant les moyens pour être dignes d'entrer dans la salle du banquet. Puis ils les y conduisirent et, comme le roi le voulait, elle fut pleine d'un publie joyeux.
Mais le roi entra dans la salle pour voir si on pouvait commencer les festivités et il vit un homme qui, malgré les moyens que fournissaient les serviteurs, n'était pas en habits de noces. Il lui demanda: "Comment se fait-il que tu sois entré ici sans les vêtements de noces?" Et il ne sut que répondre car en effet il n'avait pas d'excuses. Alors le roi appela ses serviteurs et leur dit: "Saisissez-le, attachez-lui les pieds et les mains et jetez-le hors de ma demeure dans la nuit et la boue gelée. Là il sera dans les larmes et les grincements de dents comme il l'a mérité pour son ingratitude et l'offense qu'il m'a faite, et à mon fils plus qu'à moi, en entrant avec un habit pauvre et malpropre dans la salle du banquet où ne doit entrer que celui qui est digne d'elle et de mon fils".
Comme vous le voyez, les soucis du monde, la cupidité, la sensualité, la cruauté attirent la colère du roi, font en sorte que ceux qui sont pris par tous ces embarras n'entrent jamais plus dans la maison du Roi. Et vous voyez aussi comment même parmi ceux qui sont invités, par bienveillance à l'égard de son fils, il y en a qui sont punis.
Combien il y en a au jour d'aujourd'hui sur cette terre à laquelle Dieu a envoyé son Verbe!
Les alliés, les amis, les grands de son peuple, Dieu les a vraiment invités par l'intermédiaire de ses serviteurs et les fera inviter d'une manière pressante à mesure que l'heure de mes Noces approchera. Mais ils n'accepteront pas l'invitation parce que ce sont de faux alliés, de faux amis et qu'ils ne sont grands que de nom car ils sont pleins de bassesse. (Jésus élève de plus en plus la voix et ses yeux, à la lueur du feu qui a été allumé entre Lui et les auditeurs pour éclairer la soirée où manque encore la lune qui est en décroissance et se lève plus tard, ses yeux jettent des éclairs de lumière comme s'ils étaient deux pierres précieuses.) Oui, ils sont pleins de bassesse et, à cause de cela, ils ne comprennent pas que c'est pour eux un devoir et un honneur d'accepter l'invitation du Roi.
Orgueil, dureté, luxure dressent un mur dans leurs cœurs. Et, dans leur méchanceté, ils me haïssent et ne veulent pas venir à mes noces. Ils ne veulent pas venir. Ils préfèrent aux noces les tractations avec une dégoûtante politique, avec l'argent encore plus dégoûtant, avec la sensualité qui est tout ce qu'il y a de plus dégoûtant. Ils préfèrent le calcul astucieux, la conjuration, la conjuration sournoise, le piège, le crime.
Moi, je condamne tout cela au nom de Dieu. On hait pour cette raison la voix qui parle et les fêtes auxquelles elle invite. Dans ce peuple on peut chercher ceux qui tuent les serviteurs de Dieu: les Prophètes qui sont les serviteurs jusqu'à ce jour; mes disciples qui sont les serviteurs à partir de ce jour. En ce peuple on peut trouver ceux qui essayent de tromper Dieu et qui disent: "Oui, nous venons" mais qui pensent en leur for intérieur: "Jamais de la vie!" Il y a tout cela en Israël.
Et le Roi du Ciel, pour donner aux noces de son Fils un digne apparat, enverra chercher aux carrefours des gens qui ne sont ni des amis, ni des grands, ni des alliés, mais qui sont simplement le peuple qui y circule. Déjà - et par ma main, par ma main de Fils et de serviteur de Dieu - le rassemblement est commencé.
Ils viendront qui qu'ils soient... Et déjà ils sont venus. Et Moi je les aide à se faire propres et beaux pour la fête des noces. Mais il s'en trouvera, oh! pour leur malheur il y en aura qui profiteront même de la magnificence de Dieu, qui leur donne parfums et vêtements royaux pour les faire paraître ce qu'ils ne sont pas: riches et dignes, il y en aura qui profiteront indignement de toute cette bonté pour séduire, pour gagner... Individus aux âmes farouches, enlacés par le poulpe répugnant de tous les vices... et qui soustrairont parfums et vêtements pour en tirer un gain illicite, s'en servant non pour les noces du Fils, mais pour leurs noces avec Satan.
Eh bien cela arrivera car nombreux sont ceux qui sont appelés mais peu nombreux ceux qui, pour savoir rester fidèles à l'appel, arrivent à être choisis. Mais il arrivera aussi qu'à ces hyènes, qui préfèrent la putréfaction à une nourriture vivante, sera infligé le châtiment d'être jetés hors de la salle du Banquet dans les ténèbres et la boue d'un marais éternel où retentit l'horrible rire de Satan chaque fois qu'il triomphe d'une âme et où résonnent éternellement les pleurs désespérés des idiots qui suivirent le Crime au lieu de suivre la Bonté qui les avait appelés.
Levez-vous et allons nous reposer. Je vous bénis, ô habitants de Béthanie, tous. Je vous bénis et vous donne ma paix. Et je te bénis en particulier Lazare, mon ami, et toi, Marthe. Je bénis mes disciples anciens et nouveaux que j'envoie par le monde appeler, appeler aux noces du Roi. Agenouillez-vous que je vous bénisse tous. Pierre, dis la prière que je vous ai enseignée et dis-la debout, à côté de Moi, parce que c'est ainsi que doivent la dire ceux qui sont destinés à cela par Dieu.”
L'assemblée s'agenouille toute entière sur le foin. Il ne reste debout que Jésus en son habit de lin, grand et très beau, et Pierre en son vêtement marron foncé, enflammé par l'émotion, tremblant presque, qui prie avec sa voix qui n'est pas belle, mais virile, allant doucement par crainte de se tromper: “Notre Père ... ”
On entend quelques sanglots... d'hommes, de femmes ... Margziam, agenouillé devant Marie qui lui tient ses petits mains jointes, regarde Jésus avec un sourire d'ange et dit doucement: “Regarde, Mère, comme il est beau! Et comme il est beau aussi mon père! Il semble être au Ciel... Maman est-elle ici qui nous regarde?”
Et Marie, dans un murmure qui se termine par un baiser, répond: “Oui, chéri. Elle est ici et elle apprend la prière.”
“Et moi, est-ce que je l'apprendrai?”
“Elle la murmurera à ton âme pendant que tu dors et moi, je te la répèterai pendant le jour.”
L'enfant incline sa tête brune sur la poitrine de Marie et reste ainsi pendant que Jésus bénit avec la toujours solennelle bénédiction mosaïque.
Puis tous se lèvent et regagnent leurs maisons. Seul Lazare suit encore Jésus, entre avec Lui dans la maison de Simon pour rester encore avec Lui. Tous les autres entrent aussi. L'Iscariote se met dans un coin à demi obscur, mortifié. Il n'ose pas s'approcher tout près de Jésus comme font les autres...
Lazare se félicite avec Jésus. Il dit: “Oh! Cela me fait de la peine de te voir partir. Mais je suis plus content que si je t'avais vu partir avant hier!”
“Pourquoi, Lazare?”
“Parce que tu me paraissais tellement triste et fatigué... Tu ne parlais pas, tu souriais peu... Hier et aujourd'hui tu es redevenu mon saint et doux Maître, et cela me donne tant de joie ... ”
“Je l'étais même si je me taisais ... ”
“Tu l'étais. Mais tu es sérénité et parole. Nous voulons cela de Toi. Nous buvons notre force à ces fontaines. Et alors ces fontaines paraissaient taries. Nous souffrions de la soif... Tu vois que même les gentils en sont étonnés et sont venus les chercher ... ”
L'Iscariote, auquel s'était approché Jean de Zébédée, ose parler: “C'est vrai, ils m'avaient demandé à moi aussi... Car j'étais tout près de l'Antonia, espérant te voir.”
“Tu savais où j'étais” répond brièvement Jésus.
“Je le savais, mais j'espérais que tu n'aurais pas déçu ceux qui t'attendaient. Même les romains ont été déçus. Je ne sais pourquoi tu as agi ainsi ... ”
“Et c'est toi qui me le demandes? N'es-tu pas au courant des humeurs du Sanhédrin, des pharisiens, d'autres encore, à mon égard?”
“Quoi? Tu aurais eu peur?”
“Non. J'avais la nausée. L'an dernier, quand j'étais seul - Moi seul contre tout un monde qui ne savait pas même si j'étais prophète - j'ai montré que je n'avais pas peur et je t'ai gagné par l'audace que j'ai montrée. J'ai fait entendre ma voix contre tout un monde qui criait. J'ai fait entendre la voix de Dieu à un peuple qui l'avait oubliée. J'ai purifié la Maison de Dieu des souillures matérielles qui s'y trouvaient n'espérant pas la laver des souillures morales bien plus graves qui y ont leur nid. Je n'ignore pas en effet l'avenir des hommes mais c'était pour faire mon devoir par zèle pour la Maison du Seigneur Éternel devenue le séjour bruyant de changeurs malhonnêtes, d'usuriers, de voleurs, pour secouer de leur torpeur ceux que des siècles de négligence sacerdotale avaient fait tomber dans une léthargie spirituelle. C'était la sonnerie de rassemblement pour mon peuple pour l'amener à Dieu... Cette année, je suis revenu... et j'ai vu que le Temple est toujours le même... Qu'il est pire encore. Ce n'est plus un repaire de voleurs, mais l'endroit où l'on fait conjure et puis il deviendra le siège du Crime, et puis un lupanar et puis, finalement, il sera détruit par une force plus puissante que celle de Samson et l'on en chassera une caste indigne de s'appeler sainte. Inutile de parler en ce lieu où, tu t'en souviens il me fut interdit de parler. Peuple traître! Peuple empoisonné en ses chefs, qui ose interdire à la Parole de Dieu de parler dans sa Maison! Cela me fut interdit. Je me suis tu par amour pour les plus petits. Ce n'est pas encore l'heure de me tuer. Trop de gens ont besoin de Moi, et mes apôtres ne sont pas encore assez forts pour recevoir  dans leurs bras mes enfants: le Monde. Ne pleure pas, Mère, toi qui es bonne pardonne à ton Fils son besoin de dire, à qui veut ou peut s'illusionner, la vérité que je connais... Je me tais... Mais malheur à ceux par qui Dieu est réduit au silence!... Mère, Margziam, ne pleurez pas!... Je vous en prie que personne ne pleure.”
Mais, en réalité, tout le monde pleure, plus ou moins douloureusement.
Judas, pâle comme un mort, dans son vêtement jaune et rouge à rayures ose encore parler, d'une voix ridicule de pleurnicheur: “Crois bien, Maître, que je suis étonné et contristé... Je ne sais pas ce que tu veux dire... Je ne sais rien... C'est vrai que je n'ai vu personne du Temple. J'ai rompu les relations avec tous ... Mais, si tu le dis, ce sera vrai ... ”
“Judas!... Sadoc, aussi, tu ne l'as pas vu?”
Judas baisse la tête en bredouillant: “C'est un ami ... C'est comme tel que je l'ai vu, non pas comme appartenant au Temple ... ”
Jésus ne répond pas. Il se tourne vers Isaac et Jean d'Endor auxquels il fait des recommandations concernant leur travail.
Pendant ce temps, les femmes réconfortent Marie qui pleure et l'enfant qui pleure de voir pleurer Marie.
Lazare aussi et les apôtres sont attristés, mais Jésus vient à eux. Il a repris son doux sourire, et alors qu'il embrasse la Mère et caresse l'enfant, il dit: “Et maintenant, je vous salue, vous qui restez. Car demain, à l'aube, nous partirons. Adieu Lazare. Adieu Maximin. Joseph, je te remercie pour tous les services rendus à ma Mère et aux femmes disciples qui m'attendaient. Merci pour tout. Toi, Lazare, bénis encore Marthe en mon nom. Je reviendrai bientôt. Viens, Mère, te reposer. Vous aussi, Marie et Salomé, s'il est dans votre intention de venir vous aussi.”
“Bien sûr que nous venons!” disent les deux Marie.
“Alors au lit. La paix à tous. Que Dieu soit avec vous.” Il fait un geste de bénédiction et il sort, en tenant l'enfant par la main et la Mère embrassée...
Le séjour à Béthanie est terminé.
Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/